L’intelligence artificielle fait régulièrement la une des journaux. IDC prévoit une multiplication par 4 du marché d’ici 2020, ce que confirme la volonté des GAFA d’amplifier leurs investissements dans le domaine, en France comme dans le monde. Mais, alors que l’emploi représente la principale préoccupation des Français, l’automatisation, la robotique et les technologies de l’information font figure d’épouvantails. Pourtant, la vérité est ailleurs.
L’intelligence artificielle est un concept relativement ancien remontant aux années 1950. Du fait de l’augmentation spectaculaire de la puissance de calcul des ordinateurs, ce qui a été imaginé il y a 50 ans, commence aujourd’hui à se traduire en applications concrètes et pratiques. Tous les secteurs sont concernés, depuis l’industrie jusqu’à la distribution, l’agriculture, la santé, la banque …
Gains d’efficacité à tous les étages
Les chatbots se multiplient dans les services clients ; nos smartphones sont équipés de capacités conversationnelles de plus en plus sophistiquées et d’assistants virtuels qui nous seront bientôt indispensables ; les sites de rencontre nous proposent des « assistants personnels de drague » ; sans compter le large éventail d’objets connectés – de la brosse à dent au réfrigérateur – qui embarquent des fonctions intelligentes, telles le réapprovisionnement automatique ou le coaching santé virtuel.
Si les premières applications ciblent le grand public, l’entreprise n’est pas en reste. Les RH s’approprient la technique de « matching » des sites de rencontre, pour optimiser le recrutement, tout en analysant le comportement et les émotions des candidats. L’IA permet aux entreprises d’anticiper leurs besoins en compétences via l’analyse prédictive. Et elle favorise l’engagement des collaborateurs, facilite les évolutions de carrière et au final améliore l’expérience collaborateur. Même la paie est impactée.
Dis-moi, que crains-tu?
Les êtres humains aiment à se faire peur. Du Loup Garou à Dark Vador, la peur est un élément qui confirme notre existence – entre angoisse réelle et jeu. La mode, encouragée par une abondante littérature d’anticipation et de science-fiction, est aux dystopies. Et pour les salariés, souvent mal informés, il est facile de fantasmer et de craindre le « grand remplacement ». Face à ces incertitudes, que faire pour assurer au mieux la transition vers les RH de demain et s’assurer que l’IA serve au mieux les intérêts de l’entreprise et des collaborateurs : d’un point de vue stratégique, technologique, organisationnel et humain ?
Tous les chefs d’entreprise doivent aujourd’hui se poser cette question. Plutôt que de se faire peur avec des questions qui n’existent pas encore, ne serait-il pas plus utile d’expérimenter la technologie ? C’est la démarche que j’ai choisi d’appliquer. Et les conclusions sont plutôt surprenantes.
Le grand remplacement n’est pas pour demain
Nous avons acheté un robot afin d’étudier ce qu’on pourrait lui confier. Mais après quelques semaines d’observation, le potentiel est énorme, mais beaucoup de chemin reste à parcourir. Certes, il sait danser ou siffler, afficher une présentation Power Point ou activer une recherche sur Internet. Mais, bien que son prix soit environ 50 fois moindre qu’un robot industriel, « l’intelligence » qu’il embarque est limitée. Enfin, tout ce qu’on peut imaginer lui faire faire passe par des développements informatiques et un investissement signicatif. Très peu de fonctions ou de bibliothèques techniques (reconnaissance faciale ou vocale par exemple) sont disponibles en open source. Siri, l’assistant vocal d’Apple capable de prendre en charge plus de 20 langues, est beaucoup plus intelligent et avancé. Mais la technologie reste propriétaire, ce qui interdit des développements à moindre coût.
Que cela soit pour assurer un accueil, apporter le café, réserver un taxi ou fournir des services de conciergerie d’entreprise, les développements véhiculent énormément de contraintes. Moralité, ce n’est pas demain la veille que les robots nous prendront nos emplois !
La balle est dans notre camp
Même si cette perspective est éloignée, ne mésestimons pas le rythme de l’innovation. Les chatbots par exemple progressent rapidement et sont capables de répondre à des demandes de plus en plus sophistiquées. L’automatisation simplifie des tâches particulièrement ardues pour les humains, cela va dans le sens de l’histoire. Partant du principe qu’il vaut mieux être acteur du changement que de le subir, nous avons tout intérêt à nous poser dès aujourd’hui la question de la place des robots dans l’entreprise. Comment faire pour qu’ils apportent de la valeur, sans que cela soit au détriment de la qualité de vie au travail et la qualité des relations dans l’entreprise ?
Notre propre expérience nous encourage à penser que dédier un robot à l’accueil ou à la gestion administrative ne représente qu’une première étape. De nombreux usages, porteurs d’une forte valeur ajoutée, restent à inventer. Mais arrêtons de nous faire peur. Si de nombreux dispositifs utilisent l’intelligence artificielle, on ne peut les qualifier pour autant d’intelligents. Mais alors que pour contrer la montée en puissance de l’IA certains scientifiques proposent de créer la « connerie artificielle », l’avenir des robots réside avant tout dans les usages que nous allons inventer.
Et vous, que feriez-vous d’un robot RH ?
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits