Elon Musk vient de lancer un projet ambitieux : Colossus AI et Grok, son agent conversationnel. Bien que ce projet reste relativement discret pour l’instant, il pourrait redéfinir l’ordre mondial, et Donald Trump semble en avoir pleinement conscience. L’objectif est de révolutionner l’intelligence artificielle grâce à des clusters de calculs massifs, avec 100 000 cartes Nvidia H100 déjà intégrées et la possibilité d’ajouter à terme d’autres cartes de nouvelle génération comme les H200.
Ainsi, Nvidia continue de repousser les limites avec des GPU[1] toujours plus performants (graphic process unit, des processeurs graphiques synonymes de supercalculateurs). Le point fascinant de ce projet réside dans l’utilisation possible des batteries Tesla pour alimenter ces clusters, réduisant la dépendance au réseau électrique traditionnel, souvent plus lent et sujet à des risques de surcharge. L’objectif final serait d’installer cette IA monumentale derrière la plateforme X, connectée en temps réel aux millions d’utilisateurs de Grok.
La puissance de calcul ainsi obtenue pourrait représenter un atout stratégique de premier plan. Si ce projet atteint ses objectifs, Colossus pourrait rivaliser, voire surpasser, OpenAI et Microsoft car Elon Musk pourrait, en théorie, exploiter des stratégies de contrôle partiel du marché des approvisionnements notamment des GPU même si à l’heure d’aujourd’hui Nvidia reste une entreprise indépendante qui sert une multitude d’acteurs.
OpenAI et ChatGPT sont-ils en danger ?
Il est vrai qu’OpenAI dépend fortement des infrastructures Azure de Microsoft, ce qui pourrait limiter sa flexibilité. À l’inverse, Elon Musk semble vouloir contrôler toute la chaîne de valeur : de l’approvisionnement en matériel informatique (avec Nvidia) à l’énergie (via Tesla), en passant par les plateformes de test et de déploiement (avec X). Cela donnerait un avantage stratégique considérable à son projet.
De plus, l’architecture de Grok et sa capacité à apprendre rapidement pourraient offrir des performances inégalées pour les utilisateurs finaux. L’idée d’une concentration industrielle, de barrières à l’entrée et de goulots d’étranglement dans l’approvisionnement en matériel est aujourd’hui tout à fait possible. On peut cependant nuancer : même si Musk parvenait à obtenir des priorités dans l’achat de cartes Nvidia, d’autres acteurs, comme Google ou Amazon, disposent également de ressources colossales pour sécuriser leurs propres chaînes d’approvisionnement. Et c’est là qu’interviennent Donald Trump et Taiwan.
Une hégémonie technologique américaine en vue ?
Les avancées technologiques américaines, couplées au soutien de figures politiques influentes comme Donald Trump, pourraient renforcer la position dominante des États-Unis. Aujourd’hui, la Chine reste aussi un acteur clé dans la course à l’IA grâce à sa capacité d’investissement et à ses ambitions géopolitiques. La rivalité entre les États-Unis et la Chine s’intensifie déjà autour des technologies de pointe, notamment dans la fabrication des semi-conducteurs.
C’est ici que Taïwan joue un rôle crucial. TSMC, le leader mondial des semi-conducteurs, est au cœur de cet affrontement. Le contrôle de Taïwan garantirait l’accès à ces intrants stratégiques pour l’IA. La Chine, tout comme les États-Unis, comprend l’importance géopolitique de cette île. Ainsi, le futur de la domination technologique pourrait dépendre de la stabilité de cette région. La comparaison avec la guerre froide des années 1980 est bien réelle pour illustrer la rivalité actuelle, même si aujourd’hui, cette « guerre froide numérique » se joue davantage sur des terrains économiques et technologiques que militaires. En tout cas aujourd’hui…
L’IA, opportunité ou menace pour l’humanité ?
L’IA pourrait devenir le cerveau collectif le plus avancé jamais conçu par l’humanité. Cependant, comme pour le développement de l’énergie nucléaire au XXe siècle, elle pose des questions éthiques et géopolitiques fondamentales. Comment s’assurer que cette puissance reste un atout pour l’humanité ? La concentration de ressources et de capacités entre les mains de quelques grandes entreprises ou États pourrait engendrer des déséquilibres majeurs.
La montée en puissance des « neurones artificiels » rappelle celle de l’énergie nucléaire, même si l’IA repose sur des infrastructures plus accessibles et décentralisées. Néanmoins, des blocs géopolitiques commencent à émerger, comme USA/Europe et Chine/Russie/Corée du Nord. La vraie question est de savoir si les géants technologiques, comme OpenAI ou les GAFAM, dépasseront un jour le rôle des États pour devenir des entités supranationales.
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[1] Si le CPU (processeur principal) est le cerveau de l’ordinateur, le GPU est un spécialiste des visuels et des calculs massivement parallèles.
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