Comment fonctionne la biométrie vocale ? La biométrie est-elle fiable et peut-elle supplanter le mot de passe en terme de sécurité ? Joël Drakes, expert en biométrie vocale nous répond. Il est responsable solutions chez Nuance communications Inc. Cette entreprise américaine de 14 000 employés, dont 2000 en Europe est notamment à l’origine de l’assistant virtuel de Numéricable et de l’assistant vocal embarqué dans la BMW série 7. Leader sur les marchés des solutions vocales, de compréhension du langage et d’imagerie numérique, Nuance a pour objectif de réintroduire le dialogue entre l’homme et la technologie.
L’utilisation de l’empreinte vocale pour déverrouiller un téléphone ou comme mot de passe pour effectuer des transactions bancaires depuis son smartphone commence à se développer. Avec son lot d’inquiétudes quant à la confidentialité et la sécurité des données. Peut-on faire confiance à la biométrie vocale ?
« La biométrie vocale est déjà bien implantée en Angleterre, en Chine, Israël et Canada. Elle commence à arriver doucement en France, par effet d’entraînement et avec les exigences supplémentaires de la CNIL en terme de sécurité et de confidentialité des données. Avec l’entrée en vigueur l’an prochain (en mai 2018, ndlr) de la directive européenne (sur la protection des données, ndlr), les établissements bancaires devront utiliser deux systèmes de sécurisation indépendants, par exemple : chiffrement et empreinte vocale.
Aujourd’hui, l’état de l’art en terme de sécurité reste le mot de passe. Même le 3D secure est jugé de moins en moins sécurisé car il peut être intercepté. La biométrie de son côté est de plus en plus fiable, car l’information n’est pas réplicable. La biométrie est de plus en plus fiable, notamment grâce à l’algorithme biométrique qui s’entraîne, avec le machine learning, à reconnaitre les voix. Pour faire de son empreinte vocale son mot de passe, il suffit d’enregistrer trois fois une même phrase sur son téléphone portable. La voix comporte des caractéristiques physionomiques et comportementales qui sont extraites, chiffrées, anonymisées, et qui constituent l’empreinte vocale. Au total, 1000 points caractéristiques servent à comparer la voix, lors de la prononciation de la phrase sur le smartphone, et la phrase enregistrée au préalable pour constituer l’empreinte vocale. Nous sommes même en mesure de distinguer les empreintes vocales de vrais jumeaux. Chez Nuance, nous enregistrons déjà 150 millions d’empreintes vocales dans le monde, un chiffre qui a doublé en deux ans.
Ce n’est donc pas la phrase qui constitue le mot de passe, mais la voix ?
Exactement ! Et pour que cela fonctionne, il faut que la phrase soit courte, facile à prononcer, mais qu’elle comporte suffisamment de variations de sons pour faciliter la reconnaissance vocale. Par exemple, « ma voix est mon mot de passe », remplis tous ces critères.
Mais attention, aucune méthode n’est fiable à 100% et c’est pour cela que de plus en plus, deux couches de sécurité seront demandées à l’utilisateur : une biométrique (empreinte digitale ou vocale, ou visage) accompagnée d’un mot de passe ou d’un chiffrement.
Que peut apporter l’intelligence artificielle aux entreprises et aux particuliers ?
Raymond Kurzweil, à l’origine de Nuance (ingénieur, futurologue, spécialiste de l’IA, ndlr), avait prédit qu’en 2039, la machine serait plus intelligente que l’homme. C’est demain. Nuance a 180 chercheurs qui travaillent sur l’intelligence artificielle, dont la grande majorité cherche des solutions pour les entreprises. Aujourd’hui, les techniques d’intelligence artificielle permettent aux machines de comprendre la demande et déterminer quelles sont les meilleures personnes à contacter dans l’entreprise. C’est un gain de temps quand on sait que les entreprises ont de plus en plus de difficultés à trier les mails et les appels. Des solutions telles que NINA (Nuance Interactive Natural Assistant) permettent de sécuriser les demandes et authentifier les clients.
Numéricable, par exemple, avait un service client pas vraiment au top : les process ne fonctionnaient pas, les délais d’attente étaient trop longs… Ils ont fermé leurs mails et lancé à la place deux chat, un virtuel et un humain. Les questions sont toujours les mêmes : débloquer la carte SIM, récupérer un code. Pour tout cela, l’assistant virtuel répond directement ou renvoie vers la FAQ. Il y a parfois une « escalade », si la question nécessite l’intervention d’un humain. Le chat trie en amont, et si besoin, fait remonter vers le service adequat. Le taux de résolution est de 80% par le robot. Grâce à cela, les demandes aux humains sont plus pointues. Les assistants virtuels vont nous permettre de gagner du temps et de nous concentrer sur ce qui est intéressant et important.
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