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Jeff Seaton, directeur des systèmes d’information de la NASA, s’exprime sur la gestion des technologies de l’information dans le contexte actuel

Jeff Seaton
Jeff Seaton, DSI de la NASA. | Source : capture d'écran vidéo

Membre de la NASA depuis 33 ans, Jeff Seaton veille à ce que la Tette reste connectée aux étoiles.

Article d’Alex Knapp pour Forbes US

 

Peu d’organisations aux États-Unis gèrent un éventail aussi vaste d’informations et de communications que la NASA. Avec les données reçues des sondes Voyager en dehors du système solaire, les images des rovers martiens, la messagerie et les données scientifiques de la Station spatiale internationale et des dix centres de la NASA répartis dans tout le pays, l’agence gère quelque 113 pétaoctets de données, soit cinq fois la quantité stockée dans la bibliothèque du Congrès. Jeff Seaton, directeur des systèmes d’information (DSI) de la NASA, est chargé de contrôler toutes ces données. Il supervise un budget d’un milliard de dollars et 700 employés dans l’ensemble de l’organisation.

Jeff Seaton travaille pour l’agence spatiale depuis 1991, lorsqu’il a débuté en tant qu’ingénieur en robotique. En 2004, il a assumé le rôle de directeur des technologies au centre de recherche de Langley, en Virginie, avant de devenir le DSI de ce centre. En 2021, il est devenu DSI de l’ensemble de la NASA. Depuis sa prise de fonction, Jeff Seaton s’est concentré sur la modernisation de l’infrastructure numérique de la NASA, ce qui lui a valu de figurer sur la liste Forbes « CIO Next 2024 ».

Récemment, Jeff Seaton s’est entretenu avec Forbes pour évoquer certains des défis liés à la gestion des technologies de l’information au sein de l’agence spatiale. Voici quelques-uns des points saillants de cette conversation, qui ont été édités et condensés pour plus de clarté.

 

Protéger des engins spatiaux vieux de plusieurs dizaines d’années

« Nos sondes Voyager sont plus éloignés de notre planète que n’importe quel autre enfin spatial créé par l’homme. Il n’est pas question de mettre à jour les ordinateurs de ces sondes. […] Nous devons faire de notre mieux pour atténuer les menaces potentielles, car les engins conçus il y a 30 ans n’auraient jamais pu anticiper l’environnement dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle nous avons beaucoup de personnes créatives dans notre espace de mission qui y réfléchissent en permanence. »

 

Protéger les données de mission de la NASA

« Nous savons aujourd’hui que certaines menaces passent par des vulnérabilités de base. C’est la raison pour laquelle nous avons encouragé certaines pratiques comme l’authentification multifactorielle, la mise en œuvre du cryptage lorsque c’est possible et le patchage de nos systèmes. Une partie de mon travail consiste en fait à souligner l’importance des principes de base dans le cadre de nos efforts pour mener à bien nos missions et à les intégrer dans notre mode de fonctionnement. […] Si nous recueillons des données, nos scientifiques et nos chercheurs veulent être en mesure de garantir que ces données ont été validées et qu’elles sont fiables. La protection des données et des systèmes qui les génèrent est donc d’une importance capitale pour l’ensemble de notre communauté. »

 

Les efforts constants pour moderniser la présence de la NASA sur internet

« Nous avions des milliers de sites internet. […] Alors, à partir de 2019 environ, nous avons examiné l’empreinte globale d’internet et nous nous sommes concentrés sur les domaines qui suscitaient le plus d’intérêt. Et nous avons pu, après plusieurs années d’efforts, déployer une présence sur internet plus moderne et plus axée sur le public. Cela nous a vraiment permis de concentrer le message de la NASA de manière à ce que le grand public puisse l’apprécier et le comprendre. »

 

Pourquoi la NASA a mis en place un service de streaming

« La NASA a toujours fourni du contenu par l’intermédiaire de la télévision traditionnelle. Nous avions donc NASA TV, mais le monde évolue au-delà des médias télévisuels traditionnels. C’est dans les médias en streaming que se trouvent le véritable contenu et la priorité. L’année dernière, nous avons donc lancé NASA Plus, une plateforme de streaming qui permet à toute personne disposant d’une connexion réseau d’accéder au contenu vidéo et à la programmation de la NASA, et non plus seulement à ceux qui disposent d’un fournisseur de télévision par câble. La modernisation du mécanisme de distribution et l’accès à un plus grand nombre de personnes à travers le monde ont constitué un autre changement important. »

 

À propos de la relation de la NASA avec l’IA

« Nous utilisons l’IA depuis des années. J’ai commencé ma carrière au début des années 1990 et mon premier collègue de travail […] utilisait des réseaux neuronaux pour essayer de déterminer la trajectoire optimale des appareils robotiques. L’IA est utilisée dans les missions de la NASA depuis des années. Dans notre campagne Artemis, nous prévoyons d’utiliser l’IA pour explorer la surface lunaire. Nous avons aujourd’hui des rovers sur Mars qui utilisent l’IA pour naviguer dans l’attente de commandes en provenance de la Terre. Enfin, nous utilisons l’IA pour analyser les données et les images collectées par les engins spatiaux, pour observer l’espace et la Terre. Cette IA axée sur la mission est intégrée dans le cycle de vie global du projet. »

 

Comment la NASA utilise l’IA générative

« Nous devons nous préoccuper de l’IA générative : c’est une sorte de boîte noire. C’est la raison pour laquelle nous considérons que les humains seront toujours importants. Nous pouvons utiliser l’IA générative pour accélérer certains de nos travaux, mais il nous faut toujours cette étape de validation à la fin. La NASA est douée pour l’expérimentation, et nous prévoyons donc qu’au cours des 12 à 18 prochains mois, nous continuerons à expérimenter ces capacités d’IA générative au fur et à mesure de leur déploiement. Bien sûr, le gouvernement pourrait être un peu plus lent à adopter certaines technologies, car nous devons avoir l’assurance que la technologie protège correctement les données américaines. Il se peut donc que nous soyons un peu plus lents que certaines entreprises, mais je ne vois pas cela comme une mauvaise chose, car nous pouvons aussi apprendre des autres au fur et à mesure que nous avançons. »

 

Mise en place de capacités informatiques pour Artemis, le programme de la NASA visant à ramener des humains sur la Lune

« Nous avons de nombreux partenaires. Il y a donc le travail interne de la NASA et celui d’un secteur spatial commercial en pleine évolution. Tous deux s’efforcent de déterminer comment assurer une présence durable sur un autre corps du système solaire. Il y a toutes sortes de défis à relever. Il suffit de penser aux communications et à la mise en réseau des technologies de l’information. […] Nous collaborons donc avec un grand nombre de nos partenaires pour répondre à certaines de nos questions et pour identifier celles qui n’ont pas encore été soulevées. Cela ne peut que nous aider à poursuivre notre exploration au-delà de la Lune jusqu’à Mars. Et c’est vraiment passionnant. Nous sommes des explorateurs, et l’une des choses les plus passionnantes à propos du programme Artemis, c’est qu’il perpétue notre héritage d’exploration. »

 

Une traduction de Flora Lucas

 


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