Jean-Michel Jarre s’associe à Renault pour développer l’expérience sonore des futurs modèles électriques de la marque

L’artiste français mondialement connu vient de signer un partenariat de trois ans avec Renault pour créer leur nouvelle signature sonore. Un nouveau challenge pour l’ingénieur du son, qui y voit une occasion de lier l’innovation à l’écologie.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans cette collaboration ?

Jean-Michel Jarre : Tout d’abord la personnalité de Luca de Meo, le Directeur général de Renault, qui, dès son arrivée, a fait souffler un vent nouveau sur la marque. Pour lui, le son est un élément essentiel de l’automobile, qui s’inscrit dans cette vision pop, très « less is more » de l’automobile. Pour un créateur comme moi, passionné par le domaine du son, l’avènement de la voiture électrique est une disruption positive très intéressante, en ce sens qu’elle nous offre une formidable toile blanche à noircir comme on le souhaite.

Comment avez-vous abordé le challenge de faire de la voiture un espace privilégié pour y vivre des expériences sonores ?

Jean-Michel Jarre : Avec une réflexion globale sur ce que doit être le son d’une voiture électrique, tant d’un point de vue sécuritaire que culturel. Que souhaitons-nous offrir en alternative au bruit d’un moteur thermique ? C’est une question à laquelle nous essayons de répondre, en évitant de verser dans le côté caricatural de la voiture électrique, qui émettrait des sons dignes d’un vaisseau spatial ! Et puis, cette approche globale d’expérience sonore nous pousse à considérer la façon dont on peut utiliser ces temps de charge récurrents. Comment les combler de manière positive pour divertir ou informer le conducteur et ses passagers ? C’est là tout le challenge.

Pouvez-vous nous parler du projet « Sonic Roads » auquel vous participez ?

Jean-Michel Jarre : L’idée de ce service breveté Renault est de proposer une bande-son idéale du trajet en fonction des goûts musicaux du conducteur et des paramètres contextuels de la route tels que des lieux, des paysages, la météo et le moment de la journée. Grâce à la technologie immersive, l’intelligence artificielle, et la géolocalisation, la voiture électrique devient un espace de (re)connexion au monde extérieur. On est vraiment dans l’idée de personnalisation du trajet.

Vous avez signé une collaboration sur trois ans. A quel rythme vont être introduites les innovations ?

Jean-Michel Jarre : Les premières applications sont déjà actives puisque je suis intervenu avec mon équipe d’ingénieurs sur les équipements existants de la Mégane E-Tech (les systèmes audio Harman Kardon) pour concevoir une signature sonore Renault. Rapidement, nous allons enclencher des discussions pour adapter le hardware à notre besoin, et intégrer la dimension sonore en amont de la conception du véhicule, et non plus à la fin, comme c’est souvent le cas. Le biais à éviter lorsqu’on parle d’expérience sonore, est de se concentrer uniquement sur le haut de gamme pour ensuite dégrader l’équipement pour le rendre plus accessible aux autres segments de marché. C’est pour cela qu’il me semble important d’inverser la logique, de partir d’un équipement de base qui va être amélioré pour le rendre encore plus performant. Vous pouvez influer sur le son d’un véhicule rien qu’en modifiant les emplacements, et ce, sans budget supplémentaire. Cela serait dommage de s’en priver, non ?

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