PORTRAIT | L’une des plus grosses fortunes britanniques (7,2 milliards d’euros selon Forbes US). À 75 ans, James Dyson est toujours en quête perpétuelle d’innovation. Une volonté qui l’a habité tout au long de sa vie d’ingénieur entrepreneur. Après avoir révolutionné l’aspirateur et conquis l’électroménager, le pionnier à la source inépuisable se lance dans de nouveaux projets en lançant un casque audio futuriste avec purificateur d’air intégré. Rencontre avec l’ingénieur le plus connu d’Angleterre, au parcours des plus inspirants.
Né au nord du Norfolk, James Dyson s’illustre très tôt dans la création. Alors étudiant au Royal College of Art de Londres, il s’épanouit dans le dessin d’ameublement en concevant des projets pour les plus prestigieux édifices culturels de la capitale britannique. Entre l’auditorium de la Roundhouse ou encore le nouveau théâtre de Stratford, le jeune inventeur ne se laisse pas rattraper par son ambition. En 1970, il rejoint la société Rotork et y préside la nouvelle division spécialisée dans le matériel marin.
Il quitte de son plein gré l’entreprise l’année suivante pour développer un véhicule tout-terrain pouvant rouler sur l’eau et atteignant la vitesse de 64 km/h. Du jamais-vu à l’époque en termes de technologie ! Mais c’est par hasard que le jeune ingénieur, véritable précurseur dans son domaine, voit émerger le projet de sa vie. Alors qu’il rénove sa maison de campagne dans les Cotswolds, il remarque que lorsqu’il passe l’aspirateur, le sac se bouche et il perd en aspiration. Une idée prend forme chez James Dyson, celle d’un aspirateur sans sac. « À ce moment précis, je réalise que j’ai envie d’entrer dans l’univers de la maison. Car ce produit est une chance de toucher absolument tout le monde », affirme le créateur de Dyson. Pour répondre à ce problème universel, un travail de longue haleine démarre, durant lequel il passe cinq ans à développer le prototype Dual Cyclone. Un outil moderne qu’il cherche désespérément à faire breveter, mais les investisseurs sont réticents, parce que « l’aspirateur est un produit qui n’attire pas. Personne n’aime le sortir du placard pour l’utiliser. Les banques n’ont pas voulu m’aider et mon statut d’ingénieur les rebutait d’autant plus », raconte James Dyson.
Du potentiel dans les moteurs
C’est donc avec une résilience à l’épreuve des balles et un objectif inaltérable qu’il continue à chercher la solution viable. Le jeune ingénieur, alors seul dans son aventure, s’entoure d’une équipe dynamique et trouve finalement à qui parler en travaillant en collaboration avec une société japonaise. En 1986, il dépose une licence pour la technologie cyclonique de son aspirateur au Japon. L’entrepreneur anglais tente alors sa chance aux États-Unis en proposant une licence à Amway, mais la négociation échoue. S’ensuit une bataille légale lorsque le vendeur américain lance un produit similaire au Dual Cyclone. Au Japon, l’aspirateur, nommé G-Force, fait fureur et ce succès a un retentissement à l’échelle mondiale. En 1991, la technologie Dual Cyclone est lancée sous licence aux États-Unis et le produit est commercialisé sous le nom « Fantom ». L’année suivante, débutera la construction de la première usine de production de l’empire Dyson au Royaume-Uni. Son fondateur se sert des revenus de sa licence japonaise pour la financer car « si personne ne veut investir dans ma technologie, je la produirai moi-même. Et c’est ce que j’ai fait », affirme James Dyson avec aplomb.
Lorsqu’il se lance dans le marché des aspirateurs, James Dyson se rend compte de plusieurs problèmes. S’il trouve vite une solution liée au sac qui fait perdre de la puissance d’aspiration et coûte très cher en s’en débarrassant tout simplement, il reste à régler le problème du moteur. Après de multiples tentatives, il lance un moteur électrique plus petit, dix fois plus puissant, plus efficace. « J’ai alors réalisé qu’il existait un potentiel incroyable dans le domaine des moteurs. Quelque chose qui irait bien au-delà de l’aspirateur », explique l’entrepreneur britannique. James Dyson et ses équipes d’ingénieurs s’intéressent donc de près aux moteurs, perfectionnant constamment ceux de leurs aspirateurs et étendant la gamme de produits aux sèche-mains, sèche-cheveux, ventilateurs et même à la voiture, sans application immédiate pour cette dernière.
La société lance également des purificateurs d’air, en réponse à l’inquiétude grandissante de son fondateur sur la pollution. « La pollution de l’air m’a toujours alarmé, dit-il. Cela fait très longtemps que je cherchais à développer une machine qui filtrerait l’air pour éviter de polluer et qui permettrait de respirer de l’air sain. » Ce nouveau purificateur, connecté, permet de connaître les niveaux de pollution partout dans le monde, dans la rue comme à la maison. En Asie, où l’approche relative à la pollution de l’air est très rigoureuse, Dyson vient de lancer le Dyson Zone, un casque audio avec purificateur d’air intégré. « Avec cette innovation, les gens auront non seulement un son de très bonne qualité, une autonomie de 50 heures, mais ils seront en plus protégés de la poussière et de la pollution », explique fièrement James Dyson. Le casque, après son lancement en Chine, sera également commercialisé aux États-Unis puis en Europe.
Plus inventeur que manager
Si James Dyson est un entrepreneur aguerri, le management n’a jamais été sa tasse de thé. C’est seulement dix ans après la création de Dyson qu’il a endossé la casquette de CEO. « Je me sentais bien en tant que leader. J’ai toujours préféré de loin la recherche, la création et le développement du produit et des technologies. Et aujourd’hui, l’innovation est tellement palpitante ! », explique l’ingénieur de renom, qui a décidé sans regret de céder son poste de PDG pour occuper celui de directeur du département Recherche et Développement.
Depuis cinq ans, il tient les rênes de l’entreprise avec son fils, Jake, chief engineer de Dyson. « C’est simple et très intéressant de travailler en famille. Mon fils m’a rejoint après avoir tracé son propre chemin et il m’aide énormément aujourd’hui. » Si l’expérience a évidemment son importance dans une entreprise, comme le prouve Jake Dyson en rejoignant son père à l’âge de 45 ans, pour le fondateur de Dyson, il est essentiel d’attirer des profils jeunes. Lui-même recruté en sortie d’études, il a très vite endossé de grandes responsabilités. Sans expérience en entreprise, il a accédé au sommet. « Il est important pour moi de renvoyer l’ascenseur. Les jeunes n’ont peur de rien. Ils ont soif d’apprendre, d’être différents et d’apporter de nouvelles choses à l’entreprise. C’est un état d’esprit de pionnier qui est exactement celui de Dyson. » Là réside l’ADN de la société : faire la différence en se réinventant chaque jour.
James Dyson qui, à 75 ans, garde l’esprit vif du jeune ingénieur, entend bien donner leur chance aux jeunes talents, au-delà même de son entreprise, à travers le Dyson Institute of Engineering and Technology. Cette fondation, qui travaille main dans la main avec les écoles, a pour but de créer les ingénieurs de demain, et surtout, de pallier un cruel manque car le Royaume–Uni est en réelle pénurie de talents de l’ingénierie. « Les ingénieurs sont importants. Ils créent et inventent des choses qui peuvent résoudre les problèmes du monde », explique James Dyson, lui- même précurseur dans la recherche de solutions à des problèmes universels.
Cet article a été écrit par : DOMINIQUE BUSSO AVEC GAËLLE MÉNAGE
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