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Intelligence Artificielle : Sept Siècles D’Histoire

© Getty Images

Considérée comme un « ensemble de théories et de techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l’intelligence » – d’après l’Encyclopédie Larousse -, « l’IA », ou intelligence artificielle pour les moins chevronnés, a su, au fil du temps, surpasser ou sublimer sa condition initiale pour voguer vers des contrées inexploitées.  Un cheminement tortueux, pluridisciplinaire mais surtout multiséculaire.

En matière d’intelligence artificielle, nous sommes à l’aune d’une ère particulièrement faste en la matière ». La « prophétie » est signée du suédois Nick Bostrom, expert ès intelligence artificielle et philosophe de son état.  Une prédiction qui, sans faire injure au natif d’Helsingborg, si elle est à la portée de tout un chacun en 2017, enjoint néanmoins de s’interroger sur l’avènement de cette « nébuleuse » dans nos vies. Si la « hype » IA a davantage envahi notre quotidien au cours des dernières années, son « avènement » sur le devant de la scène se prépare depuis bien plus longtemps que cela… pour ne pas dire depuis plusieurs siècles.

Car, en effet, contrairement aux idées reçues, les travaux autour de l’intelligence artificielle, du moins ses prémices afin d’éviter l’écueil de l’anachronisme, remontent au début du XIVe siècle, des centaines d’années avant Alan Turing, considéré par moult experts comme le « père » de l’IA. Mais servons-nous, dès lors, des lueurs de ce lointain passé pour éclairer l’avenir. Premier à tenir le « flambeau » de ce qui n’est encore qu’un « premier jet » de l’intelligence artificielle, le poète et théologien catalan Raymond Lulle (Ramon Llull) qui, dans son « Art général ultime »  pose les jalons d’une méthode universelle d’investigation de la vérité fondée sur la théorie des dignités divines.  Objectif : disposer d’un « vade-mecum » pour défendre et propager ses convictions de la manière la plus efficace possible.

Les lauriers d’Alan Turing

Une volonté de modéliser la « réflexion humaine » en mettant notamment en branle une « machine logique » qui puisait sa source dans la civilisation arabe et largement inspiré des « Zairja », ces règles à calcul pivotaient des disques concentriques gravés de lettres et de symboles philosophiques. Une méthode baptisée « Ars Magna » ou grand art. Forts de ce premier éclair de génie et de cette base de réflexion résolument novatrice, pléthore de chercheurs ont porté sur les fonts baptismaux cette logique qui allait déboucher, des centaines d’années plus tard, sur l’intelligence artificielle dans sa plus pure acception.

De Thomas Baye en 1763 et son raisonnement sur la probabilité des événements, à Leornard Torres y Quevedos en 1914, avec sa machine à jouer aux échecs, en passant par Georges Boole en 1854 et son analogie entre le raisonnement logique et la résolution d’un système d’équations, tous ont œuvré à la théorisation de l’Intelligence artificielle. Mais le véritable tournant survient en 1950, année charnière et symbolique s’il en est pour tous les férus de l’IA, avec la publication de « Computing Machinery et Intelligence » (Informatique, Machine et Intelligence) par le mathématicien et cryptologue britannique, Alan Turing et père du « test » éponyme.

Confrontation à l’aveugle

Le modus operandi de ce test  est limpide : une mise en confrontation verbale – à « l’aveugle » –  entre trois protagonistes : un humain, un ordinateur et un autre humain. Si la personne A, celle qui engage à la confrontation, n’est pas en mesure de déceler qui de la personne B ou de l’ordinateur fait office d’interlocuteur, alors le test est passé avec succès.  Les échanges sont, pour préserver l’universalité du test, uniquement textuels.  Jusqu’à présent aucune machine n’a réussi à remporter ce « face-à-face » même si un programme informatique, mettant en scène un « garçon » de 13 ans et lancé à la Royal Society de Londres en juin 2014, aurait réussi le prodige de duper ses interlocuteurs et passé ce test avec succès. 

Une « première » très largement critiquée par les experts, arguant que ce programme, se faisant passer pour un jeune garçon, rend le test plus facile à appréhender car les « anicroches » et le manque de fluidité des échanges peuvent alors être mises sur le compte  de la jeunesse de l’’interlocuteur. Officiellement donc, à ce jour, personne n’a triomphé de Turing qui montre ainsi, plus de soixante ans après sa mort, que le chemin vers l’intelligence artificielle est loin d’une promenade de santé. 

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