Chaque jour, des oracles nous annoncent à longueur d’éditoriaux ou de shows la disruption ou grand remplacement des humains par l’intelligence artificielle. Il faut savoir que cela n’est pas nouveau. Il suffit de se souvenir que déjà, au XIXe siècle, Andrew Ure affirmait que les usines parfaites seraient sans travailleurs et plus récemment, Jeremy Rifkin prophétisait « The end of work ».
Tout d’abord, d’où le cerveau puise-t-il son intelligence ?
Le cerveau, c’est un réseau de près de 100 kilomètres de vaisseaux sanguins, c’est aussi deux cents milliards de cellules, le tout pesant à peu près un kilo et demi. Dans le cerveau, tout commence toujours par deux cellules qui se contactent à un point donné et qui se diffusent ensuite en circuit qui, lui, sera renforcé si utile, ou s’effacera si peu utilisé. Savoir aussi qu’une cellule peut réaliser cinq mille contacts. Multipliez ce chiffre par les deux cents milliards de cellules et vous obtenez ce qui génère l’intelligence du cerveau soit environ un million de milliards d’interactions, en trois mots, une très belle machine.
Mais le cerveau c’est aussi :
Des sentiments, des émotions, et la mémorisation des interactions complexes de la vie sociale, familiale, spatiale et culturelle. En simplifiant, on pourrait nommer cela l’esprit ou complément d’âme qui est le résultat d’interactions entre l’espace, le corps et ledit cerveau. Un esprit qui n’est donc pas seulement mathématique, mais aussi polymathe et surtout critique. On imagine mal le codage et les algorithmes reproduisant une intelligence artificielle dotée de conscience analytique et critique substituable demain à celle de l’Homme.
Quels sont ses points forts ?
Tout d’abord le cerveau passe son temps à anticiper les situations possibles à partir des informations qu’il perçoit de nos sens. Il les met en perspective avec ce qu’il a déjà en mémoire. Grâce à cela, il tente en permanence de prévoir et d’anticiper ce qui va se passer.
Le cerveau est aussi occupé 24/24H car il analyse le taux de sucre, les besoins de dormir, de manger, de boire et les échanges émotionnels.
Le cerveau c’est une conscience corrélée aux choix qu’il doit faire entre les possibilités qui peuvent se présenter. Celui-ci saura aussi en cas de surprises déclencher des mesures d’urgence.
Savoir enfin, et c’est important, que le cerveau, après analyse instantanée, retient toujours l’hypothèse la plus plausible.
Et quels sont ses points faibles ?
Ce sont bien sûr les angles les plus étudiés par les agences de communication, dont celles de communication politique. Agences qui savent que le cerveau va toujours en priorité vers ce qui est le plus facile pour lui. Il adore coller aux croyances, d’où le succès des télé-réalités, des fake news et autres rumeurs. Lire sur la communication politique : https://bernard-jomard.com/2018/06/19/communication-politique-regles-d-or-tele-realite/
Si l’intelligence artificielle est truffée de biais, le cerveau, lui, n’en est pas exclu. Celui-ci, par économie d’énergie, n’aime pas trop vérifier les informations déjà mémorisées et fonctionne donc beaucoup à l’intuition. Son mode de fonctionnement étant toujours la rapidité et les émotions, ceci peut expliquer que beaucoup d’experts confirmés invités dans des débats assènent assez régulièrement des contrevérités dépassées depuis longtemps.
Il est enfin bien sûr plus facile de se fier à ce que l’on sait déjà même si cela est dépassé, et de le répéter ou d’adhérer à ce que les autres disent ou écrivent, que de dépenser une énergie précieuse pour analyser et contrecarrer leurs arguments. Cela, car la consommation d’énergie est le point faible et critique du cerveau. S’il ne pèse en moyenne que 1,5 % du poids du corps, il consomme en fait 25% de l’énergie.
Quels sont les points forts de l’intelligence artificielle ?
Bien sûr la puissance de calcul :
Le cerveau ne peut rivaliser avec la capacité de calcul mental des machines dotées, d’une part d’une capacité de stockage de données de plus en plus importante, et d’autre part d’une vitesse de traitement incomparable. Lire tout savoir sur l’intelligence artificielle et sur ses possibilités : ici
Quant à la mémoire
D’après l’institut Salk, notre cerveau pourrait stocker 1 pétaoctet de données. L’intelligence artificielle de chacun des GAFA stockerait, elle, mille fois plus de données (chiffres à vérifier)
Intelligence sensorielle
L’homme possède une multitude de capteurs. L’intelligence artificielle commence juste à acquérir les capacités visuelles de l’homme. Nous n’en sommes qu’au début de la reconnaissance faciale, les reconnaissances olfactives ne sont pas encore pour demain. Quant aux reconnaissances tactiles propres à l’homme, les recherches n’ont pas encore débuté.
Intelligence du langage
Cela devrait prendre encore de nombreuses années avant que l’intelligence artificielle interprète la signification des phrases, et tout simplement qu’elle reconnaisse tous les sens possibles d’un même mot prononcé avec des intonations différentes. Il suffit de choisir le mot « allez » qui peut être une interjection qui exprime l’encouragement, l’affection ou une menace, pour voir les difficultés. Pour le moment, les chatbots, ou agents conversationnels, répondent à des questions prédéfinies en suivant des schémas de dialogue. Ils ne sont pas encore capables de répondre à des questions ouvertes et sont très loin de nous duper lors de conversations ouvertes. Enfin, une conversation rationnelle sera encore longtemps le propre de l’homme qui, lui, est doté d’une conscience.
Enfin, quels sont les biais de l’intelligence artificielle ?
Avec l’humain, joueur de loto, jeu basé sur la théorie des probabilités, ou espérance mathématique d’une variable aléatoire réelle qui est, intuitivement, la valeur que l’on s’attend à trouver (soit gagner), en moyenne, si l’on répète un grand nombre de fois la même expérience aléatoire. Pour simplifier, si vous êtes une personne originaire de telle partie du monde, si vous résidez dans un quartier dit difficile, avant l’IA, si vous répétiez inlassablement vos candidatures, vous aviez des chances de réussir, c’est ce que l’on appelle « l’espérance mathématique ». Et bien sûr cette espérance mathématique disparaîtra avec l’Intelligence artificielle, cela est le biais le plus inquiétant. Lire sur les biais et discriminations de l’intelligence artificielle : https://bernard-jomard.com/2018/09/10/lintelligence-artificielle-est-elle-discriminante-et-misogyne/
Conclusion, Il y a 26,6 millions de salariés en France. D’après vous, parmi ceux que vous connaissez, combien pourront être remplacés demain ou après-demain par l’intelligence artificielle ? Vous avez la réponse. Néanmoins l’Intelligence artificielle va très fortement améliorer les performances de nombreux secteurs, à commencer par le médical.
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