Intelligence Artificielle : Microsoft Prend Ses Quartiers À Station F

Le géant américain de l’informatique a annoncé ce matin, via son président en France, Vaé Torossian, son arrivée prochaine dans les travées de Station F, la grande pépinière de start-up à Paris qui ouvrira ses portes au début de l’été. Microsoft sera notamment en charge d’un programme sur l’intelligence artificielle.

« Notre ambition est de démocratiser l’intelligence artificielle. L’idée est de rendre l’IA accessible au plus grand nombre. Nous sommes convaincus que les interfaces naturelles vont se multiplier pour interagir avec les ordinateurs et, en ce sens, l’intelligence artificielle est l’un de nos principaux défis de l’année ». Dès la fin du mois de mars dernier, Laurence Lafont, directrice marketing et opérations, de Microsoft France mettait en exergue, dans nos colonnes, l’importance de l’intelligence artificielle qui constituait l’un des principaux challenges du groupe. Une volonté matérialisée par l’annonce, ce matin, de l’arrivée de Microsoft au sein de la pépinière Station F où le géant américain pilotera un programme sur l’IA. « Quand on a vu l’opportunité d’un site à Paris d’une telle envergure, pour nous, c’était une évidence, bien entendu, d’être présent », raconte le président de Microsoft France, Vaé Torossian, cité par l’AFP. Et de dérouler la feuille de route du groupe informatique dans les coursives de l’ancienne Halle Freyssinet, futur siège de l’incubateur géant.

« Microsoft va continuer l’accompagnement des start-up d’un point de vue technologique et d’un point de vue business, comme il le fait déjà dans treize incubateurs en France », a souligné le dirigeant. Et de poursuivre sur la partie « logistique ». « Les start-up auront accès à 900 logiciels et un « chief technical officer » (responsable technique) sera détaché sur place, tandis que 200 événements sont déjà prévus la première année », souligne Vaé Torossian. Pour en revenir plus spécifiquement au programme « IA » stricto sensu, Microsoft a pour ambition « de faire un catalyseur d’une communauté de start-up autour de l’intelligence artificielle, avant d’arriver, à terme, à peu près à une centaine de start-up dans ce domaine », développe le président de Microsoft France. Ce programme sera mené en partenariat avec l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria). Mais avant d’arriver à la « centaine de jeunes pousses promises » par le dirigeant, Microsoft va débuter plus raisonnablement, avec seulement cinq start-up triées sur le volet. « On va démarrer petit ! « Microsoft va héberger ces start-up au sein de Station F et compte leur donner vraiment accès à tout ce qu’on peut imaginer », annonce Vaé Torossian.

Station F, une pépinière pharaonique

Prévu initialement au printemps dernier, le pharaonique projet Station F n’ouvrira finalement ses portes « qu’au début de l’été », selon les dernières indications. Financé à hauteur de 250 millions d’euros par Xavier Niel, PDG et fondateur de Free, l’espace de 34 000 mètres carrés, niché au cœur du 13^e arrondissement dans l’ancien bâtiment ferroviaire de la Halle Freyssinet, abritera en son sein un millier de start-up, des investisseurs de tous horizons comme Daphni, Ventech ou Kima Ventures, le fonds de Xavier Niel, ou encore des émanations des grandes écoles. C’est ainsi qu’HEC devrait y délocaliser son propre incubateur de start-up, tandis que Facebook est d’ores et déjà partenaire du lieu. Le site de e-commerce Vente-privée, dirigé par Jacques-Antoine Granjon, proche de Xavier Niel, devrait également y dispenser son premier programme destiné aux jeunes pousses.

« Station F » a ainsi pour ambition de faire de Paris la capitale européenne de la Tech et vise essentiellement à fédérer un écosystème encore trop éclaté. « On essaie de créer tout un écosystème sous le même toit », souligne l’ancienne responsable de l’accélérateur de start-up de… Microsoft, Roxanne Varza, bombardée directrice de Station F par Xavier Niel, citée par Reuters. Le campus, qui sera également pourvu de salles de réunions, d’un laboratoire de fabrication de maquettes ou de prototypes, d’un auditorium de 360 places et de restaurants-bars ouverts au grand public 24h/24, espère atteindre l’équilibre financier d’ici trois ans. Si la France peut se targuer d’avoir signé une année 2016 record en termes de levées de fonds pour ses start-up, avec comme figure de proue Sigfox et son tour de table de 150 millions d’euros, force est de constater que la Paris ne se hisse qu’à la troisième place du podium en la matière, derrière Londres et Berlin. Et l’ensemble des tickets d’investissements peine à dépasser les 20 millions d’euros.

Démystifier l’Intelligence artificielle

Fort de tous ses éléments de contexte, Microsoft espère, comme évoqué en préambule, réussir à démocratiser l’usage de l’intelligence artificielle qui a encore tendance à susciter la défiance. « L’objectif pour nous, ici, c’est d’avoir un grand nombre de start-up qui puissent exploiter, utiliser, bénéficier de nos technologies pour pouvoir arriver à leurs fins et, dans le domaine de l’intelligence artificielle, c’est finalement arriver à démocratiser cette thématique qui fait peur, qu’il faut démystifier ». Dès lors, quels outils pour œuvrer à cette démystification ? « Avec des applications qui vont être vraiment opérationnelles, qui auront du sens, qui vont résoudre des problématiques que le grand public va mieux comprendre », continue le dirigeant, sans davantage de précisions.

Une chose est sure, Microsoft a énormément investi pour « muscler » son volet IA. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la première acquisition de l’année 2017 de Microsoft, la start-up canadienne Maluuba, spécialisée dans l’apprentissage automatique appliqué au traitement du langage naturel, obéit à cette volonté d’enrichir et de développer encore davantage le département Intelligence artificielle du groupe.