Elon Musk, génie fondateur de Tesla et de Space X, est l’un des pionniers en matière de technologies ayant recours à l’intelligence artificielle. Pour autant, il affiche un discours très critique sur le sujet, professant une confrontation entre humains et machines dans la prochaine décennie et qui consacrerait l’avènement de la robotique sur notre espèce. Le médiatique CEO a donc lancé une nouvelle entreprise, Neuralink, qui aura pour mission de fusionner nos neurones avec la machine avant que l’IA ne devienne beaucoup plus intelligente que nous. A la lumière de ce laïus, intéressons-nous à l’enjeu de l’éducation.
Il s’agit de doter nos cerveaux d’implants qui nous permettront de ne pas se faire distancer par l’IA forte à court terme. Le deep learning, qui est le mode d’apprentissage de l’IA, est très performant lorsque le problème à résoudre est bien identifié et qu’il bénéficie d’une grande quantité de données pour apprendre. Si l’IA est très loin de faire le poids face à nos formidables cerveaux, ce n’est qu’une question de temps avant que l’IA forte ne parvienne à nous surpasser dans une foultitude de domaines. Avant de nous transformer en cyborgs, nous pouvons commencer par faire évoluer nos systèmes éducatifs. Les nouvelles générations vont devoir réussir l’exploit de connecter nos cerveaux à la machine… Cela en dit long sur le niveau d’éducation que les nouvelles technologies requièrent.
Certes nous n’avons pas besoin que nos enfants deviennent tous des neurologues et des informaticiens spécialistes de l’IA. Mais si de nombreuses tâches basiques, jusqu’à présent gérées par des ouvriers dits peu qualifiés disparaissent du fait de l’automatisation, il restera forcément des métiers nécessitant des compétences plus compliquées à acquérir. Parmi les chantiers : s’affranchir du système classique de nos écoles et révolutionner l’assimilation de la connaissance pour augmenter le niveau de conscience général. Il semble évident qu’en l’absence de métiers facilement maîtrisables, nous devrons optimiser nos compétences pour devenir complémentaires de l’IA et des robots. Une société entièrement automatisée où l’IA serait omniprésente nécessitera plutôt des ingénieurs que des cols bleus.
Pour devenir complémentaire de l’IA, sous peine de devenir inutile, nous allons devoir changer drastiquement l’objet de nos formations. Non seulement parce que de nombreux métiers vont disparaître mais aussi pour gérer ce saut technologique qui arrive à grands pas. Il est crucial qu’un nombre croissant accède à de hautes études et que nous parvenions à démultiplier la productivité de la transmission de savoir.
Faire rentrer les innovations technologiques dans les mœurs éducatives
Lorsque l’on voit l’évolution inouïe de la technologie au cours des siècles passés, c’est un non-sens de constater que nos salles de classes sont encore rétrogrades. Nous sommes passés du charbon à la fusion nucléaire alors que nos temples de la connaissance en sont restés aux pupitres étroits et autres tableaux noirs qui n’inspirent à beaucoup de nos élèves que de l’ennui et le sentiment d’être en prison. Certains élèves seront assidus tout au long de leur scolarité et deviendront probablement de bons soldats sans être des conquérants. Mais nombreux sont ceux qui perdent à l’école le goût d’apprendre.
La manière dont l’apprentissage initial est dispensé doit profondément muter en utilisant les possibilités infinies qu’offrent les nouvelles technologies et par exemple la capacité d’apprendre en s’amusant. Nous devons en revenir à la façon naturelle d’apprendre. Comment le lionceau parvient-il à maîtriser l’art de la chasse, de surprendre et attraper ses proies ? En se bagarrant amicalement avec ses frères. C’est aussi par le jeu que nous parviendrons à révolutionner l’apprentissage et les outils sont déjà à notre disposition. Je veux parler notamment des lunettes à réalité augmentée.
Cette technologie offre de belles perspectives grâce aux applications ludiques et didactiques qui sont en plein boom. La pédagogie par le jeu démultiplie la motivation et par conséquent l’attention des étudiants. Étudier l’anatomie humaine, la mécanique, la physique, l’histoire, devient un véritable plaisir. Les études réalisées sur l’apprentissage grâce à la réalité augmentée montrent que le nombre d’informations mémorisées par les élèves est démultiplié. Mieux encore, ces informations seraient davantage stockées dans la mémoire à long terme ! La vitesse de compréhension est également fortement accélérée. La curiosité étant à son comble, elle stimule une telle interaction entre l’élève et la connaissance qu’aucun livre de cours, si bien illustré soit-il, ne pourra jamais plus l’égaler.
Un rendez-vous historique pour l’humanité
Le cours de mécanique délivré par des lunettes à réalité augmentée est un bon exemple d’automatisation. Le métier de professeur est clairement menacé à moins de développer d’autres compétences que l’IA peut difficilement obtenir. Les attributs de l’humain comme l’empathie, l’influence, le leadership, le support psychologique, la prise de décision, sont précisément ce que le professeur devra probablement développer. Il lui faudra augmenter son charisme et acquérir certaines compétences qui lui permettront de participer à l’élaboration des cours dispensés par les lunettes. Il devra trouver sa place aux côtés des machines.
La vitesse des changements profonds de nos modes de production va nécessiter des programmes de formation continue massifs pour améliorer nos aptitudes et nous adapter au nouvel environnement qui sera dominé par l’IA. Les départements de ressources humaines seront en première ligne pour la survie de leurs entreprises. Mais la bonne nouvelle est qu’il ne sera plus nécessaire de recruter quelqu’un en se basant seulement sur son expérience.
L’entreprise du futur sera plus compétitive de par sa capacité à apprendre plus rapidement que ses concurrents. C’est la capacité des candidats à apprendre, et ne pas devenir obsolètes face aux disruptions technologiques à venir, qui primera aux yeux des recruteurs. Si la puissance des nations va dépendre de leur maîtrise de l’IA comme certains le prédisent, la puissance des entreprises dépendra beaucoup de leur capacité à attirer les candidats ayant cette faculté d’évoluer en phase avec les disruptions technologiques.
Mais n’oublions pas que l’automatisation risque fort de faire disparaître de nombreux métiers existants. Si dans certains cas les métiers pourront être adaptés, comme pour les professeurs, il faut aussi s’attendre à ce que l’impact de l’IA détruise purement et simplement la plupart d’entre eux. Il nous faut donc aussi anticiper la popularisation de nombreux nouveaux métiers qui eux ne seront pas facilement copiés par l’IA. Alors que la société industrielle capitaliste a créé de nombreux jobs aliénants, il ne faut pas non plus manquer d’optimisme en occultant le fait que l’IA est aussi une chance pour que l’Homme renoue avec ce qui fait précisément de lui un humain.
Les activités humaines telles que l’assistance et beaucoup de services à la personne, le jardinage, la scène, l’art, la découverte, le sport, la protection de l’environnement qui impliquent les émotions, le contact humain, le partage, le bien être, sont en général plus gratifiants que de remplir des cases dans un logiciel. Demain nous pourrons programmer les ordinateurs comme l’on dresse un chien. L’IA nous simplifiera la vie et il ne serait pas idiot d’imaginer un monde où le temps libre et l’apprentissage continu deviendraient la norme.
Dans un monde peuplé de milliards d’habitants, si une seule usine dont la maintenance est assurée par 20 personnes permettait de produire des téléphones pour la planète entière, nous pouvons commencer à songer à ce temps libre qui pourrait émanciper une nouvelle fois l’espèce humaine.
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