Initié par le think tank Digital New Deal Foundation, soutenu par l’Union francophone, et impliquant la Fondation Wikimedia, le projet « Stop aux Infox » a pour objectif d’apporter une réponse par le numérique et par la multitude au problème des infox – nouveau terme choisi par la Commission d’enrichissement de la langue française pour désigner les fake news.
Le gouvernement envisage la mise en place d’une instance de médiation de l’information pour faire face à la diffusion des infox sur Internet. Face à « la place de plus en plus importante des plateformes numériques dans l’information et la propagation des fausses nouvelles », la commission Hoog propose la mise en place d’un conseil de déontologie de la presse. Commandée par le Ministère de la Culture, cette mission démontre le volontarisme du pouvoir à protéger la démocratie de ce fléau.
Certes louable, cette démarche politique semble malheureusement anachronique. Penser qu’une instance officielle puisse éteindre le feu des infox, qui parfois attisent, souvent embrasent les discussions des internautes, c’est se méprendre sur la défiance de la population à l’égard des deux médiateurs institutionnels et médiatiques. Toute déclaration d’une institution cherchant à valider ou invalider une infox, quelle que soit sa forme, ne ferait qu’aviver les esprits complotistes, foyers de la viralisation.
Selon nous, deux freins majeurs sont à lever s’agissant de la lutte contre le phénomène de désinformation. D’une part, il s’agit d’appréhender la dimension technologique des infox, liée aux bulles algorithmiques ; d’autre part, il convient de répondre à la barrière psychologique existante, tant la foule des réseaux sociaux n’a plus confiance dans les médias, perçus comme tout ou partie de l’élite…
Pour répondre au défi posé par les infox, nous pensons qu’une évolution du logiciel politique est nécessaire, grâce notamment aux grands apports du numérique. Il s’agit ici de cesser de penser avec les règles de l’ancien monde, où la seule réponse réside dans les mains d’un pouvoir régulateur. Le think tank Digital New Deal Foundation soutient une solution différente : s’appuyer sur les communautés, et encadrer le bien le plus précieux à l’ère numérique, la confiance.
Cœur de la révolution numérique, l’effet de réseau fait de la gestion de la confiance le nouveau paradigme politique. Et si, pour ce faire nous entrions véritablement dans ce que Colin & Verdier nommaient l’âge de la multitude? Partie du problème, puisqu’il a amplifié le phénomène de désinformation, le digital ne doit-il pas faire partie de la réponse ? En s’appuyant par exemple sur les deux intelligences artificielle et surtout collective ?
C’est précisément ce que nous imaginons dans le cadre de l’opération « Stop aux infox », organisée par notre partenaire l’Union Francophone, en proposant le double-dispositif suivant:
· Temps 1 : l’intelligence artificielle (IA) repère d’abord les infox (les IA d’acteurs comme l’AFP, Facebook et Twitter pourront identifier les sujets qui émergent sur les réseaux sociaux et présumés à priori « fake »)
· Temps 2 : l’intelligence collective certifie ensuite les infox identifiées (la communauté des internautes modère a posteriori les contenus présélectionnés par l’IA).
Dans cette perspective, nous avons obtenu l’accord de Wikimedia France (wikipedia, wikidictionnaire, wikidata,…) qui nous aidera à créer une communauté d’internautes en ligne pour s’engager dans ce travail. Fort de sa communauté de 18 000 contributeurs francophones, Wikimedia France pourra mettre en place cette auto-régulation collaborative via leur savoir-faire de « réseau coopératif » composé d’académiques, journalistes, scientifiques, etc…mais aussi de nombreux internautes lambda constitutifs de l’opinion publique.
Une fois qualifiée d’infox par ces internautes, l’information fera l’objet d’une « Alerte #STOPINFOX », relayée par les médias partenaires de l’Union francophone via leurs réseaux sociaux. Notre think-tank Digital New Deal Foundation réfléchit également au prolongement juridique de ce dispositif, avec la possibilité après publication d’alerte aux infox, de contraindre les réseaux sociaux à retirer l’information de leurs plateformes, et d’offrir le cas échéant un recours juridique aux victimes.
Nous sommes convaincus qu’un tel système sera plus à même de combattre le phénomène de manipulation de l’information qu’une réponse institutionnelle verticale. Quelle meilleure réponse à un phénomène communautaire qu’une communauté ? Quelle meilleure garantie d’adhésion que celle de s’appuyer sur la plus universelle et plus populaire des communautés du monde ?
C’est à cette aventure que nous vous invitons tous à participer. Cette initiative est un point de départ, le commencement d’une nouvelle approche que nous souhaitons ouverte et itérative. Il dépend de nous tous que vérité et viralité ne soient plus antonymes !
Arno Pons, délégué général Digital New Deal Foundation, vice-président Herezie Group, enseignant à SciencesPo.
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