L’International Business Machine corporation sort son premier token reposant sur une blockchain publique. Développé en partenariat avec la start-up Veridium Labs Ltd, spécialisée dans l’échange de crédits carbone, le token « verde » sera émis sur la blockchain publique Stellar. Il a été conçu pour donner aux entreprises polluantes un moyen de se rattraper en soutenant financièrement une parcelle de la forêt tropicale indonésienne.
Bien que les crédits carbone ne soient pas une nouveauté, le processus de suivi des dommages causés par la pollution d’une entreprise et l’assurance que l’argent a bien été utilisé pour la conservation de l’environnement prend du temps et reste assez mystérieux.
En transférant ce procédé sur une blockchain facilement contrôlable et en tokenisant les crédits de la même manière que le bitcoin tokenise une valeur monétaire, le nouveau manager de blockchain d’IBM, Jared Klee, pense qu’un marché en bonne santé pourrait éventuellement s’ouvrir à un plus large public : « Nous travaillons actuellement à la création d’un actif virtuel fongible, un token dont le but est en partie de créer un marché où les gens peuvent acheter, vendre, échanger, puis utiliser les crédits sous-jacents », explique Jared Klee, chargé des initiatives concernant le token chez IBM depuis cette année. « Le monde des possibles s’offre à vous lorsque vous disposez d’un marché liquide ».
Les tokens de crédits carbone « verde » reposent sur la blockchain publique Stellar et un ensemble de contrats intelligents suivent le processus de gestion des émissions de CO2 d’une entreprise et de compensation de la pollution.
« Notre association avec Veridium représente le premier engagement d’IBM dans l’émission de tokens sur un réseau public », précise Jared Klee. Mais grâce à une astuce de plus en plus appréciée des développeurs de blockchains, il existe également une composante autorisée via la propre technologie de blockchain d’IBM.
Jared Klee affirme que ce modèle « public autorisé » est précisément l’élément qui permet à IBM et à Veridium de créer un marché pour l’achat et la vente de crédits carbone tokenisés dont le nombre par participants sera limité, selon les contraintes réglementaires. Afin de faciliter cette autorisation tout en capitalisant sur la blockchain publique Stellar, IBM en gère cinq nœuds.
« En plus d’aider à stabiliser le réseau Stellar, explique Jared Klee, cela nous permet de travailler avec Veridium en tant qu’émetteur et de créer un point de vérification de flux de transactions avant qu’elles ne soient inscrites au registre ». Mais avec le temps, cela pourrait s’ouvrir davantage, car Jared Klee ajoute qu’il voudrait également, à terme, pourvoir compenser sa propre empreinte carbone grâce à cet échange.
En plus d’une bonne démonstration de faisabilité, les tokens Veridium seront soutenus par les crédits Triple Gold REDD+ d’InfiniteEarth, l’entreprise sœur de Veridium, fondée en 2008 afin d’aider les entreprises à contrebalancer leur impact environnemental de plusieurs manières. Alors que Veridium n’a pas encore révélé le nom de ses clients potentiels, InfiniteEarth compte parmi les siens PwC, une entreprise des Big Four, SAP et Microsoft, qui disposent tous de leurs propres projets de blockchain.
La décision de s’allier à IBM et d’utiliser Stellar marque un tournant dans les projets de l’entreprise, qui initialement consistaient à s’associer avec ConsenSys, l’incubateur d’Ethereum et d’utiliser sa blockchain. Une annonce précédente décrivait en détails le token du projet, appelé TGR. Or, ce projet a été abandonné, selon le fondateur de Veridium, Todd Lemons. Mais il précise que davantage d’informations portant sur la création de « verde » ne devraient pas tarder à arriver.
Alors que Todd Lemons n’a pas détaillé les raisons qui ont motivé ce revirement, un certain nombre d’entreprises ont exploré le changement de la cryptomonnaies native de Stellar, qui est dotée d’une capitalisation boursière (6,8 milliards de dollars) considérablement inférieure à celle de l’Ethereum (72,7 milliards de dollars), mais elle a l’avantage de bénéficier de frais et de délais de transaction moins importants.
Cependant, ces deux blockchains ont un point commun qui a permis d’opérer ce changement aussi facilement. Stellar et Ethereum détiennent toutes les deux leur propre cryptomonnaie, et un nombre illimité de fonctionnalités peuvent être ajoutées à de nouveaux tokens montés sur la blockchain.
Pour donner une idée de la taille possible du marché des crédits carbone tokenisés, une étude récente menée auprès de 139 entreprises par Ecosystem Marketplace, a découvert que 63,4 millions de tonnes de dioxyde de carbone équivalaient à 191,3 millions de dollars de crédits carbone.
« Nous espérons attirer des acteurs du marché et des entreprises qui vendent ou achètent. Nous voulons qu’il s’agisse d’un actif boursier en libre circulation sur l’échange distribué Stellar, explique Jared Klee. Afin que le prix soit déterminé par le marché ».
Bien que Veridium n’ait été fondée qu’en octobre 2017, l’entreprise a été capable de croître rapidement grâce au grand nombre de relations commerciales qui lui ont permis de se positionner devant un grand nombre de rivaux du domaine de la technologie de la blockchain.
Veridium et InfiniteEarth font tous deux partie des projets du portefeuille d’Envision Corporation, un incubateur de technologies durables basé à Hong-Kong. Jusqu’à maintenant, l’écosystème des contributeurs de Veridium comprend notamment Brian Kelly Capital Management, qui se renseigne sur la manière de mettre en place un marché liquide, et la société de recherche EcoSmart Labs, qui a aidé à développer les protocoles qui sont codés dans le token.
Au final, toute cette technologie permet aux crédits carbone REDD+ d’InfiniteEarth à soutenir financièrement la conservation de la réserve de biodiversité Rimba Raya de l’île de Bornéo en Indonésie. Cette réserve est une forêt tropicale de 650 km², ressource de plusieurs communautés humaines et animales. Au cours des trente années d’engagement, les crédits devraient être récupérés afin de protéger la forêt tropicale et d’aider les communautés environnantes tout en préservant leurs ressources naturelles.
Collectivement, ces crédits devraient compenser une moyenne annuelle de 4,4 millions de tonnes de pollution, et assurer la survie de la forêt tropicale. InfiniteEarth bénéficie en réalité d’une licence de 60 ans pour aider à protéger ces terres, et si ce nouveau type d’actifs marche, Todd Lemons espère vendre des « verdes » supplémentaires à l’avenir pour couvrir les trente années suivantes de la concession.
« Nous avons non seulement choisi cet actif environnemental, le crédit, qui est difficile à quantifier et à classifier sur le bilan, explique Todd Lemons. Mais nous avons également automatisé le processus de mesure, de sélection et d’équilibre en vertu de l’intégration de tokens dans la transaction ».
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