L’annonce récente par le président français d’une enveloppe de 109 milliards d’euros pour financer le développement de l’intelligence artificielle en France est évidemment une excellente nouvelle. Car oui, il nous faut entre autres de la puissance financière pour rester dans la course. Mais il nous faudra surtout intelligemment orienter et répartir cette enveloppe vers des secteurs stratégiques, tant en termes d’usage que de souveraineté.
Une contribution de Christian Allouche, CEO de Gleamer
L’IA appliqué à la santé est non seulement l’un de ces secteurs stratégiques, mais aussi un domaine où la France brille, de par ses talents et ses startups. L’IA médicale représente une opportunité sans précédent d’améliorer la prise en charge et le parcours de soin des patients, et d’optimiser nos ressources médicales, pour le moins sous tension. Mais pour garantir que ces avancées bénéficient à tous, il est essentiel d’adopter des mesures concrètes en matière de financement et de remboursement.
Un cadre de remboursement pour accélérer l’adoption
L’intelligence artificielle a déjà fait ses preuves en médecine. En imagerie médicale, par exemple, elle améliore la précision des diagnostics, accélère la détection précoce des pathologies et optimise l’efficacité des professionnels de santé. Ces avancées ne sont plus de l’ordre de la recherche exploratoire, elles sont aujourd’hui cliniquement validées et prêtes à être déployées à grande échelle.
Pour que ces bénéfices profitent pleinement aux patients et aux professionnels de santé, un cadre structurant doit voir le jour, notamment en matière de financement et de remboursement. A défaut, l’adoption de ces technologies et leur impact resteront marginales, et notre souveraineté en la matière sera attaquée par des solutions étrangères.
L’un des principaux obstacles à l’IA médicale est son intégration effective dans la pratique clinique de routine. Pour y parvenir, il est impératif d’établir un cadre de remboursement clair et incitatif. Nous recommandons la mise en place de projets pilotes dans des domaines prioritaires comme l’oncologie et les maladies cardiovasculaires. Ces expérimentations permettraient d’évaluer l’impact concret de l’IA en matière de santé publique et d’optimiser les modèles de financement adaptés à cette nouvelle ère médicale.
L’enjeu est double : non seulement ces outils permettent une détection plus précoce et plus précise des pathologies, améliorant ainsi les taux de survie et réduisant les coûts liés aux traitements tardifs, mais ils favorisent également une meilleure allocation des ressources médicales dans un contexte de pénurie de professionnels de santé.
La mise en place de stratégies de remboursement adaptées est également cruciale pour soutenir les campagnes de dépistage. Si la détection précoce améliore significativement les taux de survie, ces campagnes à grande échelle reste un défi financier et logistique. L’IA peut en améliorer l’efficacité, en soutenant les cliniciens dans des programmes de dépistage de masse. Nous recommandons un financement et un remboursement ciblés pour permettre des campagnes de dépistage assistées par l’IA aux niveaux régional et national.
Enfin, les régions rurales et mal desservies font face à d’importants obstacles en matière d’accès aux soins, notamment une pénurie de spécialistes et des diagnostics retardés. Le remboursement des outils basés sur l’IA pourrait répondre à ces défis en garantissant un meilleur accès aux soins et en assurant la pérennité des systèmes de santé. Des indicateurs comme la réduction du temps jusqu’au diagnostic et l’amélioration des résultats de santé dans les zones rurales démontreraient le succès de ces initiatives.
Ces politiques publiques, si elles sont encouragées, joueront un rôle déterminant dans la structuration et le renforcement de l’écosystème de l’IA médicale. En favorisant l’usage de ces technologies au plus proche des patients, elles poseront les fondements d’un marché pérenne, elles stimuleront l’innovation de nos jeunes pousses et leur synergie avec le monde de la recherche, elles attireront les talents.
Cerveaux, expertise, startups prometteuses, monde académique reconnu et désormais levier financier… La France et l’Europe ont en main les atouts pour devenir des leaders mondiaux de l’IA appliqué à la santé. Veillons désormais à l’imbrication de ces atouts. Il en va de notre autonomie, de notre compétitivité et, surtout, de la santé des citoyens.
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