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IA : la révolution culturelle que les DRH ne voient pas venir

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touching optical fiber

L’accélération sans précédent qu’ont connu les technologies d’intelligence artificielle au cours des dernières années remet en question les modèles économiques d’innombrables entreprises. C’est ce que montre une étude menée par OpenAI selon laquelle plus de 80% des emplois des économies développées verront leurs tâches profondément transformées. Si de nombreux dirigeants se montrent conscients du risque que représente cette nouvelle révolution industrielle, peu de grands groupes semblent prêts à intégrer la révolution culturelle qui l’accompagne dans leurs politiques RH. Pourtant, un effort inédit de formation et d’acculturation sera nécessaire pour y faire face et faire de l’IA une chance pour nos industries.

Une contribution de Francis Lelong, CEO et co-fondateur d’Alegria.group

 

Un enjeu existentiel

Les transformations technologiques comparables à l’IA sont rares dans l’histoire. C’est pourquoi il est facile de sous-estimer l’importance de leurs conséquences économiques. L’arrivée de la machine à vapeur, de l’électricité ou encore d’internet ont entraîné la transformation rapide de pans entiers de l’économie et la disparition d’entreprises colossales. Le web a ainsi profondément remis en question les modèles de l’industrie musicale, de la télévision ou encore des agences de voyage. Les modèles d’intelligence artificielle et en particulier d’IA générative auront quant à eux un impact sur l’ensemble des métiers intellectuels et de service : ingénieurs, avocats, médecins, commerciaux, consultants, etc. Dans les économies développées comme l’économie française, c’est donc la quasi-totalité des activités qui seront touchées. C’est ce qu’ont compris une grande partie des PDG selon une enquête menée par PwC : en 2024, 45% affirmaient craindre que leur entreprise ne soit pas viable dans une décennie sans réinvention, contre 39% l’an dernier. Face à un défi d’une telle ampleur, une réflexion collective s’impose.

 

Accompagner pour ne pas subir

Les conséquences de l’IA se manifestent aujourd’hui par des suppressions de poste massives : 8000 chez SAP, 78000 chez IBM, jusqu’à 30 000 chez Google suite à l’intégration d’un outil de gestion de la publicité basé sur l’IA. Selon une étude menée par Goldman Sachs, ce sont 300 millions d’emplois qui seraient menacés à court terme dans le monde. Certains pays sont d’ores et déjà tentés de réguler son usage pour protéger leurs industries. Mais ils seront rapidement contraints d’accepter cette nouvelle donne technologique face aux avantages concurrentiels offerts par l’IA aux entreprises étrangères qui sauront accompagner son usage. Puisque les algorithmes s’apprêtent à transformer les fiches de poste de millions de personnes, cette tâche d’adaptation revient en premier lieu aux DRH. L’IA n’est ainsi pas une simple évolution technologique mais bien une transformation profonde des modes de collaboration impliquant de nouvelles compétences et de nouvelles valeurs. Pour ne pas être subie mais bien accompagnée, elle doit donc être au cœur de tous les débats sur le Future of work.

 

Un besoin urgent de formation des DRH

Les dirigeants et en particulier les responsables des ressources humaines doivent être les catalyseurs de cette révolution culturelle et auront la responsabilité de faire évoluer les pratiques de recrutement et de formation de leur entreprise avant que celle-ci n’ait à subir les transformations de son marché. Une tâche qui nécessite d’établir des plans d’action basés sur une connaissance fine des enjeux technologiques et stratégiques de l’IA. Un véritable défi culturel pour des dirigeants souvent éloignés de ces questions qui ont l’habitude de déléguer entièrement les questions technologiques à la DSI. Pour comprendre les évolutions qui vont toucher leur entreprise et mettre en place des stratégies de transition, les DRH doivent donc se former eux aussi dès aujourd’hui de façon à pouvoir assurer à leur tour l’acculturation de leurs dirigeants.

 

Démocratiser l’innovation

L’une des tâches fondamentales de ces nouveaux DRH chargés de porter la révolution culturelle de l’IA consistera à accompagner la démocratisation de l’innovation. L’intelligence artificielle rend en effet l’innovation technologique accessible à tous. Facilement réplicables et automatisables, de nombreuses compétences techniques perdront de la valeur au profit de compétences comme l’esprit d’entreprise, le travail en équipe ou encore l’agilité permettant de passer facilement d’un outil à un autre et à jongler entre les environnements applicatifs. Il s’agira alors de réconcilier la culture traditionnelle des DSI et des profils techniques centrés sur le code et la sécurité informatique avec celle des digital natives exigeant des outils digitaux intelligents, souples et modulables.

 

Loin d’être une simple évolution technique, l’intelligence artificielle est ainsi une révolution culturelle qui remettra l’humain au cœur de l’innovation. La capacité à créer de nouveaux produits et services ne sera plus seulement dépendante d’un budget dédié au développement mais bien d’une politique RH tournée vers l’innovation et l’adaptation à cette nouvelle donne stratégique. Parce que l’IA dessine notre futur commun, il est de notre responsabilité de réunir les conditions pour la mettre au service de tous et d’en faire une chance pour l’innovation et le partage de la valeur.

 


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