Rupture avec l’administration Biden
Le 23 janvier, Donald Trump a annulé un décret de Joe Biden datant de 2023 qui imposait des normes strictes pour encadrer les risques liés à l’IA. Celui-ci obligeait les développeurs à partager les tests de sécurité avec le gouvernement avant le lancement de leurs systèmes, couvrant des domaines sensibles comme la cybersécurité et la santé publique.
Cette décision du président américain s’inscrit dans sa volonté de rupture qu’il a évoquée à mainte reprise avec l’administration Biden. Mais il s’agit aussi de lever des « obstacles à l’innovation », jugeant les restrictions de Biden trop contraignantes. Son décret donne six mois à son administration pour promouvoir une IA « exempte de préjugés idéologiques » et stimuler l’innovation. Cette mesure remet en question l’Institut américain de sécurité de l’IA, créé sous Biden.
Investissement massif dans l’infrastructure de l’IA
Dès son investiture, Donald Trump a signé un décret pour lancer Stargate, un projet d’investissement de 500 milliards de dollars dans l’infrastructure technologique pour soutenir le développement de l’intelligence artificielle (IA) qui paradoxalement fait suite une initiative de son prédécesseur. Ce projet qui a fait l’effet d’une bombe, en partenariat avec OpenAI, Oracle, et SoftBank, prévoit la construction de centres de données massifs au Texas, soutenus par des systèmes énergétiques innovants pour répondre aux besoins énergétiques de l’IA.
L’objectif principal est de fournir une puissance de calcul massive, essentielle pour former des modèles d’IA avancés, réduire les coûts de développement, et renforcer la position de leader stratégique des États-Unis dans la course mondiale à l’IA. Ce plan stratégique, également soutenu par Microsoft, NVIDIA et d’autres acteurs majeurs, vise à créer 100 000 emplois et à renforcer la souveraineté technologique américaine. Stargate incarne une réponse directe à la dépendance perçue envers la Chine et d’autres puissances étrangères, tout en promouvant une approche pro-développement dans un contexte « d’urgence énergétique déclarée ». Une réponse qui s’inscrit donc notamment dans sa stratégie de pousser l’Amérique sur le devant de la scène internationale en en faisant une puissance incontournable et indépendante à tous les niveaux.
Sursis pour Tik Tok / Seconde chance pour TikTok
Il s’est présenté comme le « défenseur » de la jeunesse américaine : une semaine après son investiture, Donald Trump a suspendu temporairement l’interdiction de TikTok aux États-Unis. Cette décision laisse à ByteDance, son propriétaire chinois, 75 jours pour trouver un acquéreur américain. Pour rappel, TikTok avait été banni par le Congrès et la Cour suprême pour des raisons de sécurité nationale, en raison de craintes sur l’utilisation des données des Américains par Pékin. La loi imposait sa vente sous peine d’interdiction, ce qui a entraîné une interruption temporaire de l’application pour ses 170 millions d’utilisateurs le 19 janvier.
Si Trump a retourné sa veste quant à sa position vis-à-vis du réseau social chinois, il a justifié sa volonté de maintenir TikTok aux États-Unis comme une tentative de concilier sécurité nationale et maintien de la plateforme, très populaire auprès des jeunes Américains, base de son électorat en novembre dernier. Ce retournement de position reflète l’intérêt stratégique et politique de Trump, qui voit dans TikTok un outil pour renforcer son lien avec une audience jeune, tout en freinant l’influence de son rival chinois.
Parmi les solutions envisagées, une co-entreprise où les États-Unis détiendraient 50 % des parts. Des discussions sont en cours avec des investisseurs qui ont fait des appels d’offre comme Oracle, Elon Musk, l’influenceur Mr Beast, Microsoft, le propriétaire de l’OM Frank McCourt, Perplexity AI, ou Steven Mnuchin, ancien secrétaire au trésor de Donald Trump. Oracle, qui héberge déjà les données de TikTok, jouerait un rôle clé pour rassurer sur la sécurité. Trump a aussi suggéré que l’acquéreur verse 50 % des bénéfices au gouvernement en échange d’une licence d’exploitation. Toutefois, l’accord reste flou et soulève des questions juridiques, notamment sur la possibilité pour un décret présidentiel de contourner une loi du Congrès.
Interdiction du dollar numérique
Au cours de sa première semaine de mandat, le milliardaire américai a signé un décret interdisant la création d’un dollar numérique contrôlé par la banque centrale (CBDC), invoquant la protection de la vie privée, de la stabilité financière et de la souveraineté nationale. Il veut faire des États-Unis la « capitale mondiale de la cryptographie », en promouvant les stablecoins adossés au dollaret l’exploitation libre des blockchains publiques. Un groupe de travail présidentiel, dirigé par David Sacks, devra proposer un cadre réglementaire en six mois et évaluer la création d’une réserve nationale d’actifs numériques, alimentée par les cryptos saisis par le gouvernement.
Cette mesure est controversée car elle s’oppose aux efforts de l’administration précédente qui soutenait la recherche sur les CBDC et prônait une régulation stricte des cryptos. L’absence de cadre législatif rend son application incertaine et pourrait entraîner des risques pour les investisseurs et le système financier, selon ses détracteurs.
Comité chargé d’établir des initiatives nationales
Lors de cette dernière semaine, Donald Trump a réorganisé le Comité présidentiel des conseillers en science et technologie (PCAST), un groupe de 24 experts, pour renforcer le leadership américain en science et technologie. Chaque administration dispose de ce comité, mais Trump en recentre les priorités sur une politique axée sur les résultats et le mérite, selon la Maison-Blanche.
Ce conseil pilotera des initiatives nationales et des recherches dans des secteurs clés comme l’IA, l’énergie quantique, les véhicules autonomes, les drones et la biotechnologie. Parmi ses membres, David Sacks, ex-dirigeant de PayPal, a été nommé « tsar » de Trump pour l’IA et les cryptos. En décembre, Sacks a expliqué sur Truth Social qu’il orienterait les politiques en IA et cryptographie, tout en défendant la liberté d’expression en ligne. Il vise aussi à contrer les préjugés et la censure des grandes entreprises technologiques.
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