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Huawei : Un Nouveau Paris Qui Peut Coûter

Huawei
Getty Images

Huawei, le géant chinois en technologie va donc de l’avant, et met en jeu l’avenir de ses ventes de smartphones à l’international, un coup risqué qui pourrait coûter à la société la perte de millions d’utilisateurs. La date et lieu de lancement du Mate 30, son smartphone phare, ont été annoncés : le 19 septembre, à Munich, Allemagne. Mais c’est une annonce qui suscite davantage de questions que de réponses.

 

« Repenser les possibilités », c’est le slogan mis en avant pour ce lancement. Mais, la seule « possibilité » débattue par les analystes techniques est un smartphone Huawei ciblant le marché international mais sans inclure dans son système les logiciels et services Android de Google.

 

Dans l’immédiat, l’entreprise a laissé le marché et ses millions d’utilisateurs avec une contradiction flagrante. Et personne ne sait ce que cela signifie concrètement. Il semblerait que le 19 septembre soit la date d’une révélation fatidique.

 

Voici le dilemme de Huawei en cinq parties.

 

Premièrement, Huawei a lancé son propre système d’exploitation. Baptisée HarmonyOS, la plateforme est conçue pour faire fonctionner une gamme d’appareils IdO connectés, à savoir des téléviseurs, montres, systèmes automobiles. Mais Ren Zhengfei, PDG de Huawei, a dit que l’OS « n’est pas conçu pour les téléphones comme tout le monde le pense ». Et Catherine Chen, membre du conseil d’administration de Huawei, a déclaré aux journalistes que le système d’exploitation n’est « pas pour les smartphones et la société a l’intention de continuer à utiliser le système d’exploitation Android de Google pour ses smartphones ». Et bien que les dirigeants de l’entreprise prétendent que la transition peut se faire rapidement, les experts techniques du secteur n’y croient pas. Le logiciel lui-même peut clairement être adapté à n’importe quel petit appareil ‘intelligent’ à écran. Mais il s’agit d’une plateforme IdO à faible latence et non d’une plateforme smartphone, avec une structure de code sous-jacente différente et beaucoup moins complexe. C’est ce que les cadres de Huawei veulent dire quand ils disent qu’il n’est pas conçu pour les smartphones.

 

Deuxièmement, Huawei a reconnu que le moteur de sa vente internationale de smartphones repose sur l’écosystème Android d’applications et de développeurs. C’est un écosystème qui, selon le PDG de l’entreprise, demanderait de lourdes années à la Chine pour le recréer. Et ils sont loin d’avoir commencé. N’oublions pas qu’Apple et Google ont tous les deux une décennie d’avance.

 

Troisièmement, les dirigeants de Huawei ont eu beaucoup de difficultés à confirmer que les smartphones de la société seront équipés du système Android pour le moment et qu’il n’y a pas d’autre solution prévue. L’OS, reconnaît Chen, « est destiné à un usage industriel – Huawei a l’intention de continuer à utiliser Android [sur smartphones] ».

 

Quatrièmement, Google a annoncé au géant chinois que le Mate 30 ne sera pas concerné par la période de grâce que le gouvernement américain avait octroyé aux « nouveaux » appareils, grâce qui leur permettait de passer en travers des mailles de la liste noire. En somme, l’appareil est trop récent pour avoir été enregistré auprès de Google avant l’arrivée de la liste noire, et Google a donc stipulé qu’il devait être livré sans leur technologie à bord.

 

Et, finalement, Huawei va de l’avant quoi qu’il en soit. À l’heure actuelle, ils ont un lancement de smartphone sans aucune certitude sur le marché quant au logiciel qui le pilotera. Et même si le nouvel appareil sera sans aucun doute doté de fonctions et d’avancées de haute technologie, la question demeure : qui à l’extérieur de la Chine achètera le Mate 30 et acceptera de se couper de l’écosystème dont il a l’habitude de profiter ?

 

La question de la Chine est cruciale. Huawei détient une part énorme du marché chinois des smartphones, soit près de 40 %. Et ses téléphones en Chine sont déjà délivrés avec seulement la version open source de base d’Android étant donnée que la version plus complète de la plateforme est interdite dans le pays. Il y a donc un marché pour l’appareil en l’état, mais pas celui qu’il veut ou dont il a besoin pour poursuivre sa croissance internationale.

 

Il se peut que les ventes internationales soient retardées et que l’accent soit mis sur la Chine en premier lieu. A moins que Huawei n’ait trouvé une faille majeure dans la liste noire ou n’ait développé une version améliorée d’Android open source pour ses appareils.

 

De ce fait, tous les regards sont tournés vers le lancement prévu à Munich, dans quelques semaines. À quelle date les appareils seront-ils réellement mis en vente et expédiés, et sur quels marchés dans le monde ? Il y a déjà beaucoup d’enthousiasme de la part des analystes à propos de l’appareil. Mais Huawei sait très bien que, pour traduire l’enthousiasme en ventes, une réponse quant au logiciel qui ira de paire avec le smartphone est nécessaire.

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