Dévoilée ce jeudi, la start-up Ataraxis a mis au point un modèle capable de prédire avec une précision jusqu’à 30 % supérieure aux tests actuels la gravité du risque de cancer du sein.
Un article de Alex Knapp pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
L’un des défis majeurs du traitement des cancers réside dans leur diversité : certains sont rapides et agressifs, tandis que d’autres progressent lentement et posent moins de risques. Les distinguer clairement est souvent difficile, ce qui complique le choix du traitement et peut conduire à des thérapies où les risques dépassent les dangers réels du cancer. Bien que certains tests de laboratoire puissent aider, ils prennent parfois des jours, voire des semaines, pour fournir des résultats et sont souvent utiles uniquement pour les patients présentant des mutations génétiques spécifiques.
Jan Witowski souhaite changer la donne. Sa start-up, Ataraxis, a développé Ataraxis Breast, un test de diagnostic alimenté par l’IA capable de déterminer avec précision si un cancer du sein présente un risque élevé ou faible, aidant ainsi les médecins à décider si un traitement agressif est nécessaire. Selon une étude récente, ce système pourrait être jusqu’à 30 % plus précis que les méthodes actuellement utilisées dans de nombreux hôpitaux. « Si la chimiothérapie ne vous est pas bénéfique, vous voulez l’éviter », a déclaré le PDG, Jan Witowski. « Cette étude, et nos travaux en général, montrent que nous sommes capables d’épargner chaque année à des dizaines de milliers de patientes atteintes de cancer du sein une chimiothérapie inutile. »
Ataraxis est officiellement sortie de l’ombre après avoir levé 4 millions de dollars lors d’un tour de table codirigé par Giant Ventures et Obvious Ventures, réalisé peu après sa création en 2023. Rohan Ganesh, partenaire chez Obvious Ventures, a confié à Forbes : « L’IA offre aux systèmes de santé la capacité d’adapter les traitements de manière plus efficace que jamais ». Ataraxis se positionne à la pointe de cette révolution, exploitant l’IA pour optimiser la prise de décision clinique.
M. Witowski a cofondé Ataraxis en 2023 avec le directeur scientifique Krzysztof Geras. Tous deux originaires de Pologne, ils se sont rencontrés il y a plusieurs années alors que Witowski était encore en école de médecine et que Geras enseignait l’IA en tant que professeur assistant à l’université de New York. Parmi les collègues de Geras figure Yann LeCun, responsable scientifique de l’IA chez Meta, la société mère de Facebook. Conseiller d’Ataraxis, LeCun a contribué à l’élaboration de l’approche technique de la start-up, en particulier de son modèle de base, Kestrel, conçu pour extraire des caractéristiques d’images de pathologie médicale.
Ataraxis a collaboré avec plusieurs hôpitaux pour entraîner ses modèles sur des images historiques de tumeurs provenant de plus de 4 500 patientes atteintes d’un cancer du sein, capturées tout au long de l’évolution de leur maladie. Pour développer Ataraxis Breast, l’entreprise a combiné différents modèles de prédiction, en prenant la moyenne des prédictions de chaque modèle, ce qui permet de compenser les erreurs individuelles. En intégrant d’autres méthodes, comme l’apprentissage auto-supervisé, ces techniques ont permis d’atteindre une grande précision avec « un ordre de grandeur de moins de données et de calculs » que d’autres approches, explique M. Witowski, permettant ainsi un développement à moindre coût. « J’ai encore plus de 2 millions de dollars en banque », ajoute-t-il. « Nous avons géré notre capital de façon très économe. »
Pour évaluer les résultats de son test, Ataraxis l’a soumis à l’analyse d’images historiques de près de 3 500 patientes atteintes d’un cancer du sein à un stade précoce, des données sur lesquelles le modèle n’avait pas été formé. Ataraxis Breast a ensuite évalué le risque pour chaque patiente et comparé ses prévisions aux antécédents réels. Les résultats de l’étude, publiés cette semaine sur le serveur de préimpression Arxiv et en attente de revue par des pairs, révèlent une précision jusqu’à 30 % supérieure aux tests de laboratoire les plus récents.
Ataraxis prévoit de conduire de nouvelles études pour valider son modèle et développer des outils basés sur l’IA visant à assister les médecins dans le traitement des patientes atteintes de cancer du sein. L’entreprise envisage également de former de nouveaux modèles dédiés à d’autres types de cancers afin d’élargir sa gamme de solutions. M. Witowski a indiqué que le logiciel de l’entreprise pourrait commencer à être utilisé par les médecins dès le début de l’année 2025. « La mission de notre entreprise est avant tout d’apporter des informations et des réponses là où il n’existait auparavant aucune alternative », a-t-il déclaré. « C’est ce qui compte le plus pour nous. »
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