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Chez Google Et Facebook, Loi Du Silence et « Chasseurs De Taupes »

Getty Images

Google et Facebook, les deux géants du web qui inspirent les startuppers et aspirent les jeunes talents, ne seraient pas si « cool » qu’ils voudraient le laisser paraître. Derrière une utilisation planétaire, des innovations et des employés choyés, les deux entreprises nourrissent « des mentalités tribales » et une loi du silence poussée à l’extrême, au point que si des informations fuitent, les salariés sont prévenus : « ils vous écraseront comme un insecte ».

« Ils vous écraseront comme un insecte : comment la Silicon Valley pose un couvercle sur les fuites. » L’enquête menée par le journal Britannique The Guardian, et publiée vendredi 16 mars, fait froid dans le dos. Chez Facebook, des « chasseurs de taupes » traquent les employés « leakers », captures d’écrans et liste de liens cliqués ou survolés à l’appui. Une équipe est décrite comme la « police secrète de Mark Zuckerberg », selon le responsable de fuites qualifiées « d’anodines » dans la presse. « C’est terrifiant de voir tout ce qu’ils savent sur toi », poursuit l’ancien employé.

The Guardian révèle ainsi que derrière l’image cool des entreprises de la Silicon Valley « constituée de vélos colorés, de tables de ping-pong, de poufs et de nourriture gratuite », se cache une réalité bien plus inquiétante : « surveillance numérique et physique, menaces juridiques et d’unités d’actions restreintes pour prévenir et détecter les vols de propriété intellectuelle et autres activités criminelles ». Rien de nouveau, les entreprises ont toujours tenté d’éviter au maximum la fuite des idées et des innovations.

Mais chez Google et Facebook, la surveillance s’étend bien au-delà du secret industriel. « Ces mêmes outils sont également utilisés pour attraper les employés et les entrepreneurs qui parlent publiquement, même s’il s’agit de leurs conditions de travail », souligne le Guardian. Cool et transparence de façade, et surveillance à tous les étages.

Depuis quelques mois, le vernis craque dans la Silicon Valley, et plus largement dans le monde des start-up. Si l’engouement pour les jeunes pousses – et leurs grandes sœurs les licornes – reste incontestable, certaines voix commencent, non sans peine, à se faire entendre ici ou là. En France, la brèche est ouverte par les révélations de Mathilde Ramadier dans son témoignage Bienvenue dans le nouveau monde (Ed. Premier Parallèle) qui décriait la pseudo « coolitude » des start-up », et par l’essai Start-up arrêtons la mascarade (Ed. Dunod) de Nicolas Menet et Benjamin Zimmer.

Dans la Silicon Valley, berceau des start-up, les critiques d’anciens employés des grandes firmes telles que Facebook et Google se multiplient ces derniers mois. « Je crois que nous avons créé des outils qui déchirent le tissu social de la société », déclarait en décembre dernier Chamath Palihapitiya, ancien vice-président de Facebook, avant de rejoindre le mouvement Center for humane technology composé d’ex cadres de Google et Facebook qui dénoncent « le piratage de notre société » par les nouvelles technologies, et notamment les réseaux sociaux.

Si chez Facebook les bavards ont été virés, chez Google, le risque est de ne pas se comporter de manière assez « googley », indique un ex employé Justin Maxwell. Une note de 2016 intitulée « interne seulement. Vraiment » rappelait que parler à un journaliste pourrait « vous coûter votre travail », mais aussi « cela trahit également les valeurs qui font de nous une communauté ». Ainsi, le salarié est pris par les sentiments et par la norme sociale. De quoi faire le rapprochement avec The Circle, roman de David Eggers adapté l’an passé au cinéma.

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