Il y a mois se tenait la conférence Cloud Next 2019, le rendez-vous annuel de Google dédié au cloud. Retour sur cet événement avec Eric Haddad, directeur général de Google Cloud France.
Quelques semaines avant l’événement cloud annuel de Google, lors du salon Big Data Paris 2019, j’ai pu croiser Eric Haddad, directeur général de Google Cloud France. Cette rencontre était l’occasion de faire le point sur la division cloud de Google et ses ambitions en France. De retour du Google Cloud Next ’19, j’ai retrouvé Eric Haddad pour évoquer cet événement important et les nombreuses annonces qui ont été faites.
Vous revenez de Google Cloud Next, votre conférence annuelle. Pouvez-vous nous présenter l’événement ?
Eric Haddad : Google Cloud Next’19 s’est effectivement tenue du 9 au 11 avril à San Francisco, avec plus de 30 000 personnes, 5 500 clients et partenaires, 500 sessions… Si l’on compare avec les 250 participants de notre tout premier rendez-vous annuel en 2014, il y a eu une évolution certaine. Nous avons cependant souhaité conserver la convivialité malgré le nombre : la conférence utilisateurs est devenue et est toujours un vrai lieu d’échanges et de discussions à la fois d’un point de vue business et d’un point de vue technologique. C’était enfin la première édition pour notre nouveau PDG, Thomas Kurian, qui vient de prendre la direction de Google Cloud, et donc l’occasion parfaite pour présenter notre stratégie.
Y a-t-il eu des annonces faites à cette occasion ?
C’est effectivement traditionnellement une formidable plateforme pour des annonces à la fois stratégiques, technologiques, de partenariats et de nouveaux clients. Cette année, sur le plan technologique il y a eu plus de 30 annonces autour des systèmes ouverts et de l’hybride, la sécurité et l’intelligence artificielle. Il est intéressant de noter que toutes ces annonces sont faites en intégrant et élargissant l’écosystème de partenaires technologiques ou intégrateurs.
Prenons-les dans l’ordre : quelle est la stratégie présentée pour Google Cloud en 2019 ?
Thomas Kurian a effectivement présenté sa stratégie pour l’entreprise, qui repose à la fois sur de fortes ambitions commerciales, une offre de solutions structurée pour répondre aux besoins des entreprises, et une verticalisation de notre approche vers les entreprises. Premier point : nous allons étoffer de façon significative nos équipes en contact avec nos clients et partenaires. Nous avons noté un besoin important d’accompagnement et d’assistance des entreprises dans leur transformation digitale et le développement du cloud. Nous avons démarré un recrutement intensif, notamment en France. De plus, nous avons clarifié notre portefeuille de solutions autour de 5 axes : modernisation de l’infrastructure, la gestion des données, le développement d’applications, l’analyse de données et la collaboration. Enfin, nous avons décidé d’investir sur une spécialisation de nos offres pour un certain nombre de secteurs verticaux notamment le secteur bancaire, la distribution, les médias, l’énergie et l’industrie, sans oublier bien sûr les organisations du secteur public.
Quels paris technologiques avez-vous annoncé ?
Plutôt que des paris, il s’agit de mettre en pratique une philosophie singulière d’ouverture et d’accompagnement opérationnel des entreprises vers le cloud. Nous avons notamment présenté Anthos, une nouvelle plateforme qui permet aux entreprises de développer leurs applications une seule fois, et de pouvoir les utiliser sur d’autres clouds ou/et sur ses propres serveurs. Cela fonctionne même dans les clouds de nos concurrents. C’est totalement ouvert, complètement flexible et bien sûr sécurisé. Cette offre est accompagnée d’outils pour faciliter la mise en oeuvre opérationnelle.
C’est très international comme événement. Les Français étaient-ils présents, et en quoi était-ce pertinent pour eux ?
Next’19 a rassemblé plus de 100 nationalités, c’est donc effectivement très international, mais nos partenaires et clients français étaient au rendez-vous. Qu’ils soient cités dès la conférence d’ouverture comme Renault, Veolia ou Carrefour, qu’ils soient sur scène comme Mailjet ou Zenconnect, qu’ils se soient distingués en tant que partenaires comme Atos, la France était très représentée. Atos vient d’annoncer son lab d’IA à leur siège de Bezons en s’appuyant sur nos technologies, Mailjet gère l’envoi chaque mois 1,5 milliard d’e-mails marketing et transactionnels sécurisés grâce à Google Cloud Platform, Zenconnect se développe à l’international avec nos solutions, Amadeus vient de migrer son application principale de recherche tarifaire sur notre cloud : pour toutes ces sociétés, les sessions et discussions sur l’open source, sur notre nouvelle technologie de cloud hybride Anthos, sur le machine learning et l’intelligence artificielle, avec leurs pairs ainsi qu’avec nos experts, sont clés pour envisager de nouvelles possibilités. On a donc beaucoup entendu parler anglais avec un accent français dans les allées, et il faut du reste noter que les entreprises françaises entreprennent des projets cloud toujours très innovants.
D’habitude pour ce type d’événements, on reste beaucoup plus au niveau mondial et assez peu au niveau local. Comment articulez-vous ces deux dimensions ?
Les annonces sont présentées pour une disponibilité globale et donc accessibles aux clients européens et Français. La France est l’un des 7 marchés stratégiques et une des priorités en termes d’investissement et de recrutements pour Google Cloud. Il y a une volonté d’augmenter notre présence proportionnelle dans les 3 grands pays européens dont fait partie la France. Nos clients et partenaires français ont toujours été des pionniers en ce qui concerne l’innovation en termes d’usages de la technologie Google et leur présence est très remarquée lors des rendez-vous comme Google Cloud Next.
Il y a pourtant toujours une réticence à aller dans le cloud pour les entreprises françaises. N’ont-elles pas peur pour la sécurité et la protection de leurs données ?
Vous avez raison, il y a toujours une certaine méfiance, notamment en France, mais elle est davantage liée à l’appréhension qu’ont les entreprises à externaliser leurs données qu’à un vrai sujet de sécurité. La sécurité est pour nous la première des préoccupations : sans sécurité, nulle confiance et donc nulle activité pour l’industrie du cloud comme pour Google Cloud. Thomas Kurian l’a encore répété sur scène lors de Next’19 : les données de nos clients appartiennent à nos clients et uniquement à eux. Google Cloud ne possède pas ces données, ne les lit pas, ne les vend pas, ne laisse aucune institution y accéder par des moyens détournés. Nos pratiques de confidentialité sont en outre auditées selon les différents standards internationaux. Et nous avons également profité de l’occasion de Next pour présenter de nouvelle approches et solutions de sécurité et de renforcement de la confidentialité des données pour nos clients, que nous mettons en pratique nous-mêmes en tant qu’entreprise.
Cette sécurité ne va-t-elle pas à l’encontre de plus d’ouverture vers l’extérieur et de collaboration en interne ?
Les outils de productivité personnelles ont été historiquement organisés pour répondre aux besoins des employés travaillant à leur bureaux. La révolution mobile et la démocratisation des usages de communication inter personnelle ou groupe ont bouleversé les besoins de collaboration. Les besoins des entreprises d’aujourd’hui qui se veulent agiles et mobiles amènent une circulation de l’information à l’échelle de la planète. Il ne faut pas opposer sécurité et localisation de l’information, nous avons développé des solutions de double authentification et de chiffrement des échanges qui garantissent le niveau de sécurité exigé pour les entreprises. L’une des annonces sur la sécurité à Next concerne d’ailleurs la possibilité de transformer un téléphone Android en clé de sécurité !
On parle beaucoup ces derniers temps d’intelligence artificielle… Êtes-vous positionnés sur ces technologies ?
Nous sommes probablement à l’origine des méthodes d’application de l’intelligence artificielle, bien sûr dans le cadre de nos propres services pour le grand public et plus récemment leur mise à disposition auprès des entreprises. Depuis le début, notre objectif a été de rendre l’IA ou le Machine Learning accessible au plus grand nombre d’entreprises. En fonction de leur niveau d’expertise sur l’IA, nous offrons des solutions qui s’adaptent à leur stade d’avancement. Sur le plan de l’approche, nous accompagnons les entreprises avec nos partenaires certifiés complétés éventuellement de nos propres experts consultants. Nous pouvons aussi aller plus loin en participant au développement d’un lab dédié où nos équipes travaillent main dans la main avec les datascientists de l’entreprise comme avec Carrefour ou Total, ou au sein d’un lab comme celui d’Atos destiné à ses propres clients.
Quels champs d’application de l’IA voyez-vous émerger dans un avenir proche ?
L’IA se vit déjà pour chacun d’entre nous au quotidien, comme lors de la suggestion automatique de réponse dans les emails par exemple ou la recherche d’information. Je crois que tous les secteurs ont un potentiel d’amélioration grâce à l’adoption de l’IA. Des secteurs comme la santé pour la détection et les diagnostics plus précis et plus anticipé de certaines maladies via la comparaison d’images ou le décodage de génome par exemple. La distribution est un autre secteur très en pointe, l’IA permettant une meilleure expérience client. L’environnement est un autre secteur qui bénéficie de l’IA et qui présente de nombreuses opportunités : elle nous permet déjà de réduire la consommation énergétique de nos data centers de 40%. Il y a de nombreuses applications développées par le secteur bancaire pour une meilleure détection des fraudes ou le secteur industriel pour quasiment éliminer les erreurs de fabrication. Quelle que soit l’application ou le secteur, une chose est sûre : l’IA est l’intelligence et l’humanité augmentées.
Dernière question, en franglais: what’s next après Next’19 ?
Nos équipes, nos clients et partenaires ne cessent d’innover et donc des nouvelles solutions ainsi que de belles annonces de partenariats sont à prévoir en France et dans le monde. Nous pensons également que l’ouverture est un sujet d’avenir et de croissance. On en reparlera forcément prochainement. Nous allons donc continuer à innover et à recruter pour nos clients. Et à noter dans votre agenda, le Google Cloud Summit de Paris qui aura lieu le 18 juin prochain avec la présence de nombreux speakers dont Thomas Kurian en personne.
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