Il y a deux ans, SAP France, grand nom de l’édition de logiciels, avait promis deux milliards d’euros d’investissement au Président de la République. Forbes France a fait le point avec Gérald Karsenti, président de SAP France.
Forbes France : En 2018, SAP avait promis 2 milliards d’investissements en France. Où en est cette promesse ?
Gérald Karsenti : C’était effectivement une annonce majeure de la part de SAP pour montrer l’intérêt que le groupe porte à la France. Au début de l’année 2018, nous avions en fait promis 2 milliards d’investissements et de dépenses sur le territoire national sur les 5 ans suivantes. Nous suivons de près ce projet avec le gouvernement. Nous avons d’ailleurs fait le choix de miser sur des activités de R&D en France plutôt que de les voir se réaliser d’un autre pays. Ce point est clairement un facteur différenciant sur le marché. Dans notre effectif global en France, nous avons plus de 1 200 personnes en France à la R&D dont près de 900 personnes à Paris. Nous avons en outre créé un accélérateur de start-ups à dans le centre de Paris. 30 start-ups ont déjà été accélérées en moins de deux ans. Certaines ont d’ailleurs connu de très beaux succès et complètent parfaitement notre offre pour répondre au mieux au besoin de nos clients. Revers.iO, par exemple, est devenue très en vogue dans le secteur du retail en simplifiant l’expérience après-vente des distributeurs et des consommateurs.
Les start-up que vous « accélérez », vous les avez rachetées ?
Ce n’est pas l’objectif premier mais cela peut arriver. L’accélérateur SAP.iO Foundry Paris a été créé avant tout pour développer nos pépites nationales, les coacher et soutenir leur développement d’un point de vue technologique et commercial. Mais chez SAP, nous avons aussi notre propre fonds d’investissement qui s’appelle SAP.iO Fund, grâce auquel nous rachetons des sociétés implantées localement. Nous prenons aussi des participations.
L’intégration justement, est un enjeu majeur pour vous ?
La question de l’intégration, et aussi de la parité, est un vrai sujet pour nous. Lorsque je suis arrivé à la tête de SAP, j’ai lancé le programme SAP4ALL qui regroupe un ensemble de programmes internes sur les enjeux de formation, de bien-être au travail, de la diversité, etc. Nous sommes également probablement le seul éditeur de logiciel au monde à avoir des solutions pour accompagner nos clients dans la création d’une économie circulaire. Là encore c’est un réel différenciateur sur le marché, reconnu d’ailleurs de nos clients.
Y a-t-il eu de tels investissements dans d’autres pays que la France récemment ?
SAP est un champion européen de dimension mondiale. L’entreprise investit par conséquent partout où cela fait sens, et notamment sur les marchés les plus importants. Les investissements prennent d’ailleurs des formes très différentes d’un pays à l’autre, ce qui les rend difficiles à comparer. En termes de marché, la France est parmi les 5 pays les plus importants pour SAP avec l’Allemagne, les Etats-Unis, le Japon, et l’Angleterre. D’ailleurs, la décision prise en 2018 est le reflet que SAP a une claire conscience des atouts de la France, à commencer par son écosystème numérique, qui la rendent très attractive.
Pour vous les enjeux à moyen long terme pour SAP, ce sont plus des enjeux technologiques ou ceux liés à l’usage de technologies déjà existantes ?
Les deux, car la technologie change les entreprises, la société, et notre capacité d’évolution et d’intéraction. Et avec la crise que nous sommes en train de traverser, nous en avons l’un des meilleures exemples. L’IA par exemple est en train de changer radicalement les choses et tous les secteurs vont être impactés. Notre société doit comprendre les opportunités offertes par l’IA. Dans nos logiciels RH, l’IA permet de lutter contre les biais dans un processus de recrutement par exemple. Je reste également convaincu qu’il faudra créer une valeur ajoutée avec une collaboration entre l’humain et la machine. Le meilleur des deux mondes idéalement.
En revanche, entre l’usage et la tech, le plus important est l’usage. Ce qui fait la différence dans notre métier c’est de comprendre les enjeux business de nos clients puis de mettre la technologie au service de la création de valeur pour nos clients finaux.
Plus globalement sur SAP, dans la tech en général à l’échelle internationale c’est le seul acteur européen qui soit vraiment au niveau des géants asiatiques et américains. Comment peut-on expliquer déjà cette particularité de SAP et pourquoi selon vous qu’il n’y ai pas d’autres acteurs de la tech de ce niveau-là en Europe ?
SAP est effectivement la première société de technologie européenne d’envergure mondiale. Avec 150 milliards de capitalisation en bourse, SAP est la première marque en Allemagne et la 16ème marque mondiale. L’un des différenciateurs de SAP est le côté à la fois très solide et innovant. Nous restons le leader mondial de l’ERP, avec plus de 45 ans d’expérience, et de meilleures pratiques développées dans 27 industries. De plus, quand il s’agit de répondre à des réglementations européennes, qui sont bien souvent plus strictes qu’ailleurs et préfigurent les débats juridiques dans d’autres pays, il est apprécié et reconnu par nos clients que nos solutions font la différence car nous développons nos solutions en Europe, avec cet ADN européen.
Pour la question de la parité, quels sont les enjeux dans une entreprise de tech où il y a peu de femmes donc cela doit être un enjeu complexe ?
Comme dans beaucoup d’autres secteurs, le capital humain fait toute la différence. La question de la parité est évidemment une question très importante et de nombreuses études ont montré qu’avoir des équipes mixtes amène plus de créativité et plus de performance. Dans le domaine de l’IT, plus qu’ailleurs, ce challenge est très important. Chez SAP France, au comité de direction, la parité est respectée. Puis nous avons mis en place de nombreux programmes visant à promouvoir la diversité. En matière de recrutement par exemple, nous veillons à avoir un équilibre de candidatures le plus diversifié possible et en évitant toutes formes de biais. Nos solutions vont dans ce sens …
C’est pourquoi SAP participe à Tech for Good, une initiative lancée par la France en 2018 pour que le numérique et les technologies innovantes soient mis en œuvre par des entreprises pour répondre aux enjeux clé de notre société, dans le but d’apporter sa vision d’une utilisation socialement responsable du numérique. Dans ce cadre, avec L’Oréal, nous co-dirigeons le groupe de travail dédié à l’inclusion et à la diversité. Ces dernières années notre groupe de travail a beaucoup travaillé sur les questions d’égalité entre les femmes et les hommes. Nous avions d’ailleurs réussi à faire adopter l’engagement d’avoir 30% de femmes dans les positions de management par près de 46 entreprises signataires. Nos travaux portent sur un nouvel engagement possible, celui d’accueillir 30% de femmes dans les fonctions tech.
Propos recueillis par Maurice Midena, avec Charlotte Mauduit
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