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Future of Tech | Législatives : et maintenant ?

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Nous sommes tous préoccupés par le destin du pays au moment où la France se cherche un futur gouvernement. Je suis entrepreneur et je n’ai pas vocation à faire de la politique ni à donner des consignes de vote. Chacun est responsable. Néanmoins, les enjeux du moment si cruciaux soient-ils, ne doivent pas nous faire perdre de vue le fait que si le pays rate le virage de la Tech et de l’innovation, notre économie s’affaiblira et les fractures s’amplifieront.  Or, les formations politiques quelles qu’elles soient ne parlent absolument pas de ces sujets dans leur programme… Voilà donc, à mon sens, les mesures d’importances qu’il s’agirait de mettre en œuvre.     

 

Investir massivement dans l’intelligence artificielle, la robotique et la cybersécurité : Selon le Financial Times, les start-ups européennes (plus celles du Royaume-Uni et d’Israël) spécialisées dans l’IA n’ont levé que 4 milliards de dollars au premier semestre 2023 versus 25 milliards pour leur concurrentes américaines. Et les investissements publics consentis par la France sont dérisoires par rapport à ceux engagés par l’Etat américain et son homologue chinois. Il faut pourtant, à tout prix si je puis dire, injecter des sommes conséquentes dans le développement de ces technologies révolutionnaires et des nouveaux usages qui en découlent. Mettons enfin en commun nos forces et nos moyens à l’échelle européenne pour nous doter d’une force de frappe bien plus significative.

 

Rapatrier les données des internautes européens en Europe : 92 % de nos datas européennes sont actuellement hébergées aux États-Unis. Ce transfert de données doit cesser et les données des Européens stockées dans des data centers situés outre-Atlantique doivent être rapatriées sur le sol européen. L’Irlande a infligé en mai 2023 une amende de 1,2 milliard de dollars à Meta pour avoir enfreint les règles européennes de protection des données (RGPD) et lui a donné l’ordre de cesser le transfert des données et de les rapatrier. La France doit en faire autant, avec chaque GAFAM. Il en va de notre souveraineté numérique, économique et même politique.  

 

Créer une DARPA européenne : L’Etat américain finance depuis plusieurs décennies, et à coups de dizaines de milliards de dollars, des innovations technologiques de rupture dans des domaines considérés comme stratégiques, à la fois pour garantir sa supériorité militaire et sa stratégie économique, via une agence baptisée DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency). Nous devons faire la même chose ! Je suis convaincu que ce modèle est transposable à l’UE. En finançant des projets d’innovation de rupture de la défense européenne et la deeptech, une agence de ce genre permettrait au continent européen de retrouver une forme de leadership technologique.

 

Fonder un MIT européen : Je défends de longue date l’idée d’un Institut européen de technologie qui comblerait notre retard en matière de recherche et d’innovation par rapport aux Etats-Unis, à la Corée, au Japon et à la Chine. Ce « MIT européen », en référence au Massachusetts Institute of Technology américain, serait à la fois un lieu d’apprentissage pour les diplômés et les doctorants, un lieu de recherche et une plateforme d’innovation dans certaines matières stratégiques. Des jeunes -et des moins jeunes !- de toute l’Europe y travailleraient ensemble dans une émulation collective. Ainsi ils seraient moins tentés de partir aux Etats-Unis, les crédits alloués à l’enseignement et à la recherche seraient concentrés et un nombre plus important de projets atteindrait une masse critique.   

 

Renforcer la protection des mineurs sur les réseaux sociaux : Plus d’éducation (des enfants comme de leurs parents), plus de contrôle et plus de sanctions : voilà en substance les leviers à actionner pour protéger davantage nos jeunes des contenus inappropriés, choquants ou abrutissants ainsi que des cyberharceleurs et des prédateurs en ligne. Les mineurs ont des droits numériques, ils doivent pouvoir les connaître et surtout ils doivent être accompagnés pour les exercer. Leurs parents aussi d’ailleurs car ils ont un rôle important à jouer dans l’éducation au numérique de leurs rejetons.Les dispositifs de contrôle parental doivent en outre être améliorés pour ne pas donner à l’enfant le sentiment d’une surveillance permanente et donc l’envie de les contourner.La règle de la « majorité numérique », désormais fixée en France à 15 ans, doit être appliquée avec fermeté par les plateformes et les réseaux sociaux. Si elle ne l’est pas, ces derniers doivent être sanctionnés lourdement. 

 

Créer une identité numérique : Ce sera un sésame pour mieux nous protéger du piratage des données d’identité. Ainsi elles ne pourront plus être usurpées ni falsifiées ou commercialisées. Cela protègera aussi les mineurs qui n’auront plus accès à certains contenus interdits à leur âge. Enfin cette identité numérique permettra également de réduire l’ampleur de la haine anonyme qui se déverse sur les réseaux sociaux.

 

Réserver l’accès aux marchés publics européens aux entreprises du continent : Les Américains le font, les Japonais également, sans parler des Chinois. Et ils ont bien raison. Nous, entrepreneurs d’Europe, devons bénéficier d’un accès privilégié aux marchés publics européens sans quoi de juteux contrats susceptibles de créer de la richesse et des emplois sur le sol européen nous passent souvent sous le nez. Il faut mettre en place une préférence européenne en matière de marchés publics. Il en va de l’avenir économique de notre continent, de la survie de nombre de nos entreprises et de notre souveraineté. J’ajouterais même que cela relève du bon sens.  

 

Un grand plan robot pour lutter contre le déficit démographique et gagner en productivité : Nous devons robotiser davantage notre industrie afin de réindustrialiser le pays et produire davantage en local. 163 robots pour 10 000 employés dans nos usines, ce n’est pas assez ! Eux seuls peuvent doper notre productivité et donc assurer la survie de nos entreprises. Ils ne tuent pas nos emplois, ils les sauvent. Face au déclin de la natalité qui menace l’économie française, les robots de tous types, évidemment dotés d’intelligence artificielle, ont un rôle crucial à jouer dans tous les pans de notre économie.Sans eux, nous serons bientôt paralysés par les pénuries de main-d’œuvre.

 

Vous le voyez, ces mesures pourraient facilement faire consensus même dans la période difficile que traverse notre pays. Il est urgent de prendre conscience de l’importance des technologies de rupture dans l’avenir de nos sociétés, urgent d’investir dans leur développement, urgent d’en débattre afin de les mettre au cœur de nos politiques économiques et sociétales.

 


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