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Futur Du Travail : Anticipons La Robotisation

Getty Images

Un environnement de travail bruyant, un rythme de travail digne du film Les Temps Modernes et des tâches répétitives. L’usine traditionnelle cède peu à peu sa place à l’usine robotisée, où ces tâches pénibles seraient effectuées par des robots.

 

L’usine du futur, ou usine 4.0, dispose de nombreux avantages. Les systèmes de traitement de commandes et d’analyse des niveaux de production, l’efficacité énergétique permettent entre autres :

  • meilleure organisation de la production
  • utilisation plus efficace des ressources
  • diminution des rejets

Certaines usines, comme Rossignol, choisissent de relocaliser, notamment pour des raisons d’agilité. Répondre à un client français en temps réel, ce n’est possible que si toute la chaîne de valeur se trouve en France. On réduit ainsi les coûts environnementaux liés aux transports tout en améliorant l’expérience client.

Demain, les usines sans humains ?

L’avantage de la réduction des coûts de main d’œuvre est également souvent cité lorsque l’on parle de robotisation. Mais si les robots permettent une meilleure efficacité de la production et une flexibilité accrue, la qualité ne doit pas pour autant en pâtir. Les besoins des entreprises en matière de personnel changent. Les emplois à haute valeur ajoutée sont des profils de plus en plus recherchés. 

L’usine 4.0 a donc, concrètement, besoin de gestionnaires et de data analysts pour comprendre les retours des machines. Et tirer parti des informations reçues. Serge Nadreau, président du groupe robotique au Symop (syndicat des machines et technologies de production) et directeur d’activité robotique d’ABB France, confirme que « moins d’automatisation ne signifie pas plus d’ouvriers dans les usines, mais moins d’industrie ».

Les travailleurs seront requalifiés et changeront de métier

Plus précisément, dans le cas de la robotisation, les ouvriers seront requalifiés et changeront de métier. Ils n’entreront plus à la main le nombre de produits reçus selon le nombre de cartons – également dénombrés manuellement. Les cartons passeront par un scan automatique, les stocks seront directement modifiés. Le rôle des ouvriers sera alors de contrôler la bonne gestion de ces stocks et de proposer des améliorations.

Avec ses 127 robots pour 10 000 employés en moyenne, la France est très en retard sur l’Allemagne ou encore la Corée du Sud. Au niveau international, le Japon les dépasse largement avec 1276 robots pour 10 000 employés. Cependant, elle peut encore s’imposer et devenir compétitive sur le sujet. En relocalisant par exemple, comme nous l’évoquions plus haut. Et en assurant une logistique flexible et personnalisée.

« Vous recevez une notification sur votre téléphone. Votre livraison est arrivée. Le camion vous attend, en bas. Vous entrez un code sur le camion, le colis tombe. En cas de problème, vous avez accès au service client via le tchat sur votre mobile. » explique Serge Nadreau. 

 

Et l’ancien conducteur du camion se trouve… derrière la fenêtre de tchat.

En effet, les usines ne sont pas les seules structures à être impactées par la robotique. C’est d’ailleurs le secteur de l’automobile qui investit le plus dans l’installation de robots, selon le rapport d’International Federation of Robotics.

Un secteur qui suscite de nombreuses théories, fantasmes et oppositions virulentes. Les voitures autonomes remplaceront-elles bientôt les chauffeurs Uber – qui eux-mêmes viennent tout juste de remplacer les chauffeurs de taxi ? Seront-nous capables de confier notre volant à un robot ? Ou de laisser un camion rempli de millions d’euros de marchandises parcourir la France, seul ? Les lois sauront-elles encadrer le mouvement ?

Autant de questions qui laissent deviner l’angoisse sous-jacente à la robotisation – celle de perdre toute utilité de l’être humain dans le process. Et de mettre des millions d’humains au chômage. Rien qu’aux Etats-Unis, on recense plus de 5 millions de chauffeurs, tout confondu : taxis, bus, camions etc.

De nombreux métiers existants sont amenés à disparaître, cela ne fait aucun doute

Tout comme de nombreux métiers ont déjà disparu – ou ont, du moins, revu à la baisse les besoins en main d’œuvre. Pourtant, de plus en plus de femmes et d’hommes travaillent sur Terre. La disparition d’un métier n’est donc pas signe d’un chômage définitif, mais plutôt d’un changement. Le poinçonneur fut remplacé par les machines à composter les billets de train, tandis que le laitier s’est transformé en commerçant derrière son comptoir. Si vous êtes curieux, vous pouvez consulter les fiches métiers d’antan. Petit clin d’œil aux jeunes parents qui ne considèrent sûrement pas le métier de réveilleur comme disparu…

Mais d’autres métiers apparaîtront

De la même façon, Cathy Engelbert, CEO de Deloitte, nous propose plusieurs alternatives au métier de chauffeur : l’accompagnement aux personnes âgées dans l’utilisation des voitures autonomes, la gestion des flottes de véhicules par exemple. De plus, en même temps que se développe et s’améliorent les technologies de transport, se présentent de nouveaux défis : comment effectuer la transition vers l’électrique, améliorer l’autonomie des batteries ? Une nouvelle main d’œuvre sera nécessaire pour faire face à ces enjeux.

Le secteur du transport routier perdra donc certainement de son intérêt pour la société et pour les travailleurs. Mais le secteur de l’automobile dans sa globalité pourrait y gagner. Les experts parlent plutôt d’une mutation des emplois que d’une disparition liée à la robotique.

Le groupe Randstad reprend une étude de Metra Martech permettant de quantifier l’impact de la mise en service d’un million de robots industriels. Ceux-ci seraient « déjà directement responsables de la création de 3 millions d’emploi ».

L’OCDE confirme cette tendance à aller vers une modification des métiers plutôt qu’à une disparition. Non, la moitié des métiers existants ne vont pas disparaître, en revanche 50 à 70% sont amenés à changer radicalement. Les usines sans humains et les voitures autonomes existent déjà ou sont en test, le taux de chômage ne s’en trouvera pas radicalement modifié. L’avenir nous enseignera les conséquences de la robotisation, mais il s’agit pour l’instant d’une ère de transformation, non de destruction nette.

Le prochain enjeu ? La formation

Data scientists, Digital Brand Managers, UX designer… Des métiers très récents pour lesquels il n’est pas toujours aisé de trouver une formation. Tout comme le numérique, cela sera tout l’enjeu de la transition robotique. 50 millions de dollars ont ainsi été alloués par Google en 2017 pour aider à la reconversion professionnelle des personnes dont le travail sera bientôt détruit. Cet argent sera versé à des associations de formation et reconversion professionnelle.

Le Premier Ministre français Edouard Philippe évoque également la question dans son discours du 29 août. Les dépenses pour favoriser le retour à l’emploi seront majoritairement faites dans la formation et non dans les emplois-aidés. Les pays développés de manière générale « investissent massivement dans la formation continue » comme le déclare Jean Wemaëre, le président de la Fédération de la formation professionnelle (FFP). Le cabinet de conseil McKinsey prévoit un manque de 2,2 millions de diplômés d’ici 2020 si les investissements nécessaires ne sont pas réalisés pour l’éducation. En Allemagne, où le taux de robotisation est très élevé comme nous l’avons vu, les lycéens sont déjà beaucoup plus informés que les français sur leurs possibilités d’études supérieures ou bien d’apprentissage.

La robotisation chamboule le marché de l’emploi, détruit des métiers historiques. Mais apporte aussi de gigantesques défis et ouvre des secteurs encore inconnus aujourd’hui. Il est important d’anticiper les multiples opportunités qui vont voir le jour et non de subir le mouvement.

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