Qu’est-ce qu’une voiture autonome ? Il s’agit de voitures capables de rouler automatiquement et surtout en pleine autonomie dans le Traffic, c’est-à-dire sans intervention humaine. On pense aux premiers modèles qui devraient être commercialisés en 2020. Selon une étude de McKinsey les véhicules 100% autonomes devraient représenter en 2030 15% des véhicules vendus.
Un peu d’histoire : dès 1970, des chercheurs s’intéressent à la possibilité de créer une voiture capable de se déplacer toute seule. En 1977, le laboratoire robotique de Tusukaba au Japon parvient à faire rouler une voiture à 30 km/h de manière totalement autonome sur un circuit. Sept ans plus tard, en 1984, une fourgonnette autonome de Mercedes Benz atteint 100 km/h sur une route sans trafic. En 1994 : le constructeur allemand Daimler-Benz dévoile, en situation réelle, deux véhicules autonomes capables de rouler sur une autoroute avec d’autres voitures. La conduite en file et dépassement semblent maîtrisés et ce véhicule autonome atteint une vitesse de 130 km/h. L’année suivante, ce même véhicule effectue un aller-retour entre Munich et Copenhague pendant que la Navlab, une voiture autonome imaginée aux Etats-Unis, parcourt la distance Washington – San Diego. Google est un acteur incontournable du secteur des voitures autonomes. La firme américaine avait annoncé en 2010 de la mise en place d’un système de pilotage automatique. La Google car fonctionne grâce à une caméra, un radar, à la télédétection par lasers (LIDAR), des récepteurs GPS et des capteurs sur les roues motrices. Ce système qui était auparavant équipé sur des véhicules d’autres marques est désormais intégré à des voitures électriques made in Google qui ressemblent à des petits œufs.
Les voitures autonomes représentent une priorité stratégique pour les constructeurs automobiles qui investissent depuis plus de 15 ans dans la recherche liée à l’autonomisation. En 2015, 55 % des Européens se disaient intéressés par l’utilisation d’une voiture autonome, selon l’Observatoire Cetelem de l’automobile. Un score en hausse mais sans que l’on puisse parler d’engouement. Début 2016 : « 50 % des automobilistes font confiance au véhicule autonome ».
On assiste à un développement progressif, avec des modèles partiellement autonomes (freinage d’urgence, changement de voie automatisée…). Les voitures autonomes pourraient changer notre quotidien. Cependant, cette technologie fait face à plusieurs challenges : technologique, réglementaire, infrastructures, ou encore de l’adhésion des consommateurs. Ainsi, il semble intéressant de s’interroger afin de savoir s’il faut craindre ou pas le développement de ce type de véhicules.
I) Les voitures autonomes présentent de nombreux avantages…
1) Meilleur temps de réaction qui doit permettre de limiter le nombre d’accidents de la route. C’est un véritable enjeu puisque : 28% des français reconnaissent ne pas respecter les limitations de vitesse. (Source Economie Matin, 2015). Selon le bilan provisoire de Observatoire national interministériel de sécurité routière, 3 464 personnes ont perdu la vie en 2015 sur les routes de France métropolitaine, soit 80 de plus que l’année précédente (+2,4%). Les amendes pour circulation attribuées aux automobilistes en France se montent à 12,56 millions de PV par an, soit environ une amende toutes les deux secondes ou plus de 34 000 par jour.
2) La communication entre les différents véhicules permettra une réduction des embouteillages.
Une équipe internationale de chercheurs du MIT, de l’Institut Suisse de Technologie et du Conseil National Italien de la Recherche a développé Light Traffic : un système dédié aux voitures autonomes qui leur permet de circuler de manière fluide à travers des intersections, et ce sans avoir besoin de feu de signalisation. Les véhicules se connectent à un système central positionné au niveau du carrefour qui établit les priorités de passage. Fluidifie la circulation, disparition / limitation de l’attente, réduction de la pollution. Quid cependant des motos, des vélos et des piétons ?
3) Diminution de la pollution permise par une plus grande fluidité
4) Hausse possible des limitations de vitesse qui permettrait de réduire le temps de transport…
5) Utiliser différemment son temps : 48% des sondés imaginent la voiture autonome comme un «lieu de divertissement » (sondage 2015).
En mars 2016, Ford a déposé auprès du bureau américain des brevets et des marques de commerce un brevet de système de loisir pour véhicule autonome. Il s’agirait de regarder des films pendant le déplacement du véhicule. Pas un simple petit écran embarqué mais un véritable grand écran sur lequel seraient projeté des films grâce à un vidéoprojecteur intégré à l’arrière du véhicule. Enjeu toutefois de sécurité et de confiance des passagers.
6) Gain de mobilité, notamment pour les personnes âgées, les personnes handicapées et les mineurs.
7) Disparition des contrôles de police
8) Réduction du nombre de parkings dans les villes puisque les voitures autonomes sont capables de déposer les passagers et de repartir se garer pourquoi pas en périphérie…
II) Cependant le développement de ce type de véhicule présente certains risques.
1) Accidents : mai 2015, Chris Urmson, patron du programme de voitures autonomes de Google dresse un bilan après six ans d’expérimentation : 2,7 millions de kilomètres parcourus et seulement 11 accidents sans gravité dans lesquels aucune voiture Google n’était fautive. Or, le 14 février 2016 : une Lexus équipée du système de conduite autonome de Google, a provoqué un accident. Alors qu’elle était bloquée par des sacs de sable déposés autour d’une bouche d’évacuation d’eau fluviale, le véhicule s’est inséré sur la voie centrale alors qu’un bus circulait sur la voie. Collision : bus 24km/h, Google car : 3km/h. Dégâts matériels mineurs.
Questionnement : « Sur quel critère l’intelligence artificielle de la voiture s’est-elle basée pour déterminer qu’elle pouvait s’engager malgré le bus en approche ? Comment a-t-elle évalué la probabilité d’une collision ? »
Les humains arrivent assez facilement à deviner / anticiper les actions des autres usagers. Mais ce n’est pas le cas pour les voitures autonomes. « Les humains possèdent une expertise intuitive sur ce genre de négociation sociale ».
Google voudrait supprimer les pédales ainsi que le volant or cela permet de palier aux défaillances de l’intelligence artificielle, dans le cas de l’accident cité auparavant, cela aurait permis au conducteur de freiner pour empêcher l’accident avec le bus.
2) Risque de piratage (pas seulement pour les voitures autonomes puisque de manière générale les voitures comportent de plus en plus d’électronique et deviennent de plus en plus connectées)
En juillet 2015 : le FBI a publié une annonce officielle le 17 mars 2016 alertant sur les menaces de piratage et de prise de contrôle malveillante des véhicules. Cette annonce liste différents accès possibles pour les pirates : ports USB, WiFi, port diagnostic, liaisons Bluetooth. Plusieurs éléments peuvent être contrôlés à distance : les freins, le volant, le moteur, les essuie-glace, le GPS, les clignotants, le verrouillage des portières et la radio.
Conseils du FBI : « ne pas connecter n’importe quoi », se renseigner sur les mises à jour, « éviter de bidouiller eux même » ou encore de contacter le concessionnaire ainsi que l’agence chargée de la sécurité routière (National Highway Traffic Safety Administration) et le FBI en cas d’anomalie.
III) Des barrières devront être surmontées afin de permettre une généralisation de ces véhicules.
1) Frein législatif. Convention de Vienne, 1968 qui régit la conduite routière et impose d’avoir les deux mains sur le volant. Cependant, ce frein est progressivement levé : un amendement a été adopté en mars 2016 : autorisation des véhicules autonomes à condition qu’ils respectent la réglementation des Nations Unies ou que le pilotage automatique puisse être désactivé par le passager à bord du véhicule.
2) Problématique de la responsabilité en cas d’accident. Volvo : endossera l’entière responsabilité d’un accident si son système de conduite Autopilot en est à l’origine.
3) Cohabitation avec des voitures classiques, qui paiera en cas d’accident notamment lors de la période de transition avec cohabitation des voitures autonomes et classiques.
4) La police devra trouver de nouveaux signaux pour communiquer (les véhicules ne répondent pas aux signaux classiques)
5) Défi de la reconversion avec une demande de chauffeurs qui va être réduite.
6) Convaincre les consommateurs.
Sondage Forbes 2015 : 85% de la population indienne est plus susceptible de tester une voiture autonome, Chine : 75%, France : 58%, Etats-Unis : 52%
7) Avantage si l’on considère la voiture comme un moyen de transport : mais problématique si celle-ci est considérée comme un loisir. Google car : apparence peu flatteuse, ressemble à un œuf, quel est l’intérêt d’une Ferrari autonome ?
8) Continuer le progrès technologique.
La Corée du Sud développe actuellement un GPS ultra précis destiné aux voitures autonomes. Il pourrait être développé en 2018.
9) Fiabilité de l’électronique et des caméras.
10) Coût.
Les voitures autopilotées pourraient coûter d’ici à dix ans de 5 000 à 10 000 euros de plus qu’un véhicule classique. En 2012, une enquête de JD Power assurait que seulement 20 % des conducteurs seraient prêts à acheter un tel véhicule s’il représentait un surcoût de 2 000 euros.
11) Changement dans notre façon de consommer la voiture.
Avec la hausse du coût passer d’un système de propriétaires à un système de service où les voitures seraient partagées.
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