Facebook : Les Hommes Sont Deux Fois Plus Présents Que Les Femmes Sur Les Images D’Actualité

Une nouvelle étude du Pew Research Center a révélé que les hommes sont deux fois plus présents que les femmes sur les photographies qui accompagnent les articles partagés sur Facebook. Parmi tous les réseaux sociaux, Facebook est de loin le site plus populaire pour suivre les actualités : on estime que 43 % des adultes américains s’informent via celui-ci. Cela représente donc un grand nombre de personnes à qui l’on répète que les hommes sont les principaux acteurs de l’information, et cela pose problème. Cette omniprésence des hommes dans notre fil d’actualité reflète non seulement les préjugés sexistes de notre culture, mais elle y contribue également.

Les chercheurs se sont penchés sur des images d’actualité issues de publications Facebook de 17 organes de presses nationaux, entre le 1^er avril et le 30 juin 2018.  Grâce à la visionique, ils ont pu étudier un total de 22 342 publications Facebook comprenant des photographies de visages humains identifiables. Seuls des hommes apparaissaient sur plus de la moitié de celles-ci (53 %),  alors que moins d’un quart des photographies (22 %) montraient seulement des femmes.

Plus surprenants encore, les résultats de l’étude pour la rubrique loisirs. Dans ce domaine, où les vêtements féminins, la coiffure, le maquillage et l’apparence générale sont évoqués sans relâche, il semblerait logique que les femmes éclipsent les hommes. Pourtant, là encore, 27  % des photographies de presse représentaient uniquement des femmes, contre 42 % qui ne représentaient que des hommes.

L’étude a également conclu que les hommes disposaient de plus d’espace sur les images : leur tête est plus mise en avant que celles des femmes sur les photographies. Plus précisément, un visage masculin serait en moyenne 10 % plus grand qu’un visage féminin sur les clichés de presse. Pour les publications portant sur l’économie, le visage des femmes est 19 % plus petit que le visage masculin en moyenne.

Les chercheurs n’ont pas tenté d’évaluer si leurs conclusions représentaient l’ensemble des actualités. Autrement dit, l’étude ne nous indique pas si les préjugés sexistes sont propres aux seuls articles partagés sur Facebook, ou s’ils concernent tous les articles de presse. Joe Osborne, porte-parole de Facebook, note : « L’étude reflète très probablement les inégalités hommes-femmes dans les domaines du business, de la politique, du sport et d’autres rubriques couvertes par les médias. En définitive, les rédacteurs en chef choisissent quelles images ils veulent ajouter et quels articles ils veulent partager sur Facebook ».  Une étude plus ancienne démontre sans équivoque que les femmes sont sous-représentées dans l’actualité par rapport aux hommes.

En ce qui concerne le sport, une autre étude révélait que 95 % du temps d’antenne alloué au sport pendant les informations et dans l’émission SportsCenter de la chaîne américaine ESPN était consacré aux sports masculins exclusivement. Seuls 3 % du temps d’antenne était dédié aux sports féminins uniquement. Les femmes s’en sortent légèrement mieux dans l’étude du Pew Research Center, qui considère que 26 % des personnes présentes sur les photos illustrant l’actualité sportive étaient des femmes.

Ce n’est pas tout : une étude précédente indiquait que les femmes avaient plus de chance d’être présentes sur des clichés d’actualité plutôt que d’être mentionnées dans un article. Ainsi, dans la presse, si les femmes ne sont pas beaucoup représentées sur les photographies, elles le sont encore moins dans les articles.

Pourquoi nous intéressons-nous à la représentation des femmes sur les clichés d’actualité ? Des psychologues sociaux ont constaté que les images que nous regardons ont des répercussions sur nos préjugés. Lorsque l’on navigue sur Facebook, ce que l’on y voit conditionne notre vision du monde. À cause de l’omniprésence des hommes dans l’actualité, nous les considérons comme des leaders et les acteurs du changement. Ces préjugés nous rendent alors plus susceptibles de promouvoir les hommes à des postes de cadres supérieurs ou de les élire au pouvoir. La question est semblable à celle de la monnaie : l’unique présence des hommes sur les pièces et les billets ne renvoie pas vraiment de message encourageant quant à la capacité des femmes à diriger.

Malheureusement, l’omniprésence masculine sur les images d’actualité Facebook est à la fois l’artisan et le produit des inégalités sociales. La situation semble inextricable. Pour avoir plus de femmes leaders, nous devons effacer les préjugés inconscients, notamment en laissant plus de place aux femmes dans nos fils d’actualité. Mais pour ce faire, nous devons d’abord accroître les effectifs de femmes leaders, afin que plus de femmes fassent la une. En d’autres termes, nous avons besoin de femmes leaders pour créer des femmes leaders. Pourtant, tout n’est pas perdu : si nous faisons un effort et partageons plus d’articles illustrés par des photographies de femmes, il y a fort à parier que nous pouvons commencer à faire évoluer les visions de la femme, notamment de la femme leader.