Des publicités en ligne la semaine dernière prétendaient à tort que les démocrates envisagaient de repousser l’élection américaine et insinuaient que la vice-présidente Kamala Harris pourrait se retirer de la course.
Un article de Emily Baker-White pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
À moins d’une semaine de l’élection présidentielle américaine de 2024, Facebook a diffusé des centaines de publicités affirmant à tort que le scrutin pourrait être truqué ou reporté. Selon la bibliothèque publicitaire de Meta, la société mère de Facebook, les pages à l’origine de ces annonces ont dépensé plus d’un million de dollars pour leur diffusion, dont plus de 350 000 dollars au cours de la dernière semaine. Cette situation soulève des questions sur l’efficacité des mesures de modération de Facebook concernant la désinformation électorale. Des enquêtes récentes ont révélé que des plateformes comme Facebook et TikTok ont approuvé des publicités contenant des informations trompeuses sur les élections américaines, malgré des politiques censées interdire de tels contenus.
L’une des publicités montre une image stylisée de la vice-présidente Kamala Harris avec des cornes de diable, et un drapeau américain en flammes en arrière-plan. D’autres présentent des images de Kamala Harris et du candidat à la vice-présidence Tim Walz, insérées dans des scènes post-apocalyptiques, ainsi que des photos de M. Walz et du président américain Joe Biden associées à des images de médicaments renversés. L’une des publicités, apparemment générée par IA, montre Harris souriante dans une chambre d’hôpital, prête à administrer une injection à un enfant terrifié. Certaines publicités remettent en question la candidature de Kamala Harris et suggèrent que l’Amérique est « au bord d’une nouvelle guerre civile ».
Les règles électorales de Meta interdisent les messages contenant « des informations erronées sur les dates, lieux, heures et modalités de vote », ainsi que toute fausse affirmation concernant la participation d’un candidat. Par ailleurs, ses directives publicitaires proscrivent les annonces qui « remettent en question la légitimité d’une élection à venir ou en cours ».
Un grand nombre de ces publicités redirigent les spectateurs vers une page proposant d’acheter des écrits de Jim Rickards, un économiste controversé devenu partisan de théories conspirationnistes sur le nouvel ordre mondial. D’autres mènent à une page affirmant, de façon mensongère, qu’un « Uniparti » remportera les élections au profit de Big Pharma. Ryan Daniels, porte-parole de Meta, a déclaré la semaine dernière : « Nous examinons actuellement ces publicités et retirerons celles qui enfreignent nos règles ». M. Rickards n’a pas répondu à notre demande de commentaire au moment de la publication de cet article.
Forbes a identifié ces publicités mensongères grâce à l’Ad Library de Meta, un répertoire en temps réel des publicités diffusées sur ses plateformes, qui révèle des informations sur les annonceurs politiques et leurs dépenses. Forbes n’a pas trouvé de publicités similaires dans la bibliothèque publicitaire de Google. TikTok et X disposent de bibliothèques publicitaires en Europe, où la législation l’exige, mais gardent leurs annonceurs et dépenses publicitaires américains confidentiels. (Dans une précédente expérience professionnelle, j’ai occupé des postes liés à la politique de contenu chez Facebook et Spotify).
Meta porte un historique chargé en matière de gestion de la désinformation électorale. En 2016, l’Internet Research Agency, un organisme russe, a exploité des publicités et des contenus « organiques » sur Facebook pour manipuler et polariser les électeurs américains, orientant leur soutien vers Donald Trump. En 2020, Facebook et WhatsApp ont été massivement utilisés par des partisans mécontents de l’ancien président Trump pour propager des théories du complot telles que « arrêtez le vol » et pour coordonner l’attaque du Capitole des États-Unis le 6 janvier 2021.
Depuis 2021, Meta a considérablement réduit le nombre de publications politiques affichées aux utilisateurs, ce qui pourrait renforcer l’influence des publicités politiques payantes pour transmettre le message d’un candidat ou d’un parti aux utilisateurs de Facebook. Cette année, la vice-présidente Kamala Harris a largement surpassé l’ancien président Donald Trump en dépenses publicitaires sur Facebook.
En 2020, Mark Zuckerberg, propriétaire de Facebook, et son épouse Priscilla Chan ont fait don de plus de 400 millions de dollars à des organisations non partisanes engagées dans la protection de l’intégrité des élections, telles que le Center for Election Innovation and Research et le Center for Tech and Civic Life. Ces organisations se consacrent à l’amélioration des infrastructures électorales et ne soutiennent aucun candidat.
En 2024, une maison d’édition cofondée par Donald Trump Jr. et l’influenceur Sergio Gor, qui soutient le mouvement MAGA, a publié un livre signé par Donald Trump, dans lequel ce dernier accuse Mark Zuckerberg d’avoir conspiré contre lui en 2020. Le livre contient une mise en garde à l’encontre de Zuckerberg : « Nous le surveillons de près, et s’il fait quoi que ce soit d’illégal cette fois-ci, il passera le reste de sa vie en prison. » Trump a également qualifié Zuckerberg d’« ennemi du peuple » et affirmé que sa récente opposition à l’interdiction de TikTok (qu’il avait lui-même envisagée en 2020) visait à empêcher Meta de gagner en puissance.
Zuckerberg ne semble pas avoir poursuivi son action en faveur de l’intégrité des élections en 2024. Toutefois, après que l’ancien président Trump a survécu à une tentative d’assassinat en juillet, Zuckerberg l’a décrit comme un « dur à cuire ». Trump affirme que Zuckerberg l’a contacté pour lui confier qu’il « ne pourrait pas voter pour un démocrate » aux prochaines élections. Meta n’a pas démenti l’appel, mais a précisé que Zuckerberg n’a fait aucun commentaire sur son choix de vote.
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