Éthique et avancées technologiques : un futur à co-construire pour le journalisme et les métiers de la communication

L’avènement de l’intelligence artificielle dans les métiers de l’information marque un tournant crucial pour l’avenir des médias. Alors que la frontière entre éthique, plagiat et innovation s’amenuise sous l’effet de l’IA générative, des interrogations majeures émergent : quel avenir attend nos médias dans ce paysage technologique évolutif ? Comment l’intelligence artificielle peut-elle puiser dans les œuvres de référence, sans outrepasser les bornes de l’éthique ?

Une contribution de Natacha Favry, Fondatrice & CEO de Kalamari Agency

En 2023, McKinsey a constaté que 55 % des entreprises – tous secteurs – ont embrassé l’IA générative, soulignant ainsi une adoption massive qui suscite à la fois enthousiasme, scepticisme et prudence. Cette évolution met en lumière une dualité : d’un côté, une crainte quant à l’authenticité et l’intégrité journalistique ; de l’autre, une reconnaissance de son potentiel à révolutionner la production de contenu, malgré les risques inhérents.

Le journalisme, pilier de notre société, repose sur trois principes fondamentaux : recueillir, vérifier, commenter, le tout dans le respect de l’éthique et de l’objectivité. Face à l’IA générative, des préoccupations émergent, notamment la crainte d’une déshumanisation, des risques de biais algorithmiques, de bulles de filtres et de deepfakes. Pourtant, une lueur d’espoir subsiste : l’indispensable contribution humaine. La technologie, bien qu’avancée, requiert notre intervention pour conserver sa pertinence et sa richesse, incarnant le principe du Human in the Loop (HITL). L’IA peut difficilement s’entraîner seule sans courir le risque de se cannibaliser, c’est la créativité et le libre arbitre humain qui lui donnent sa richesse. Il est aujourd’hui impératif de favoriser une collaboration étroite entre humains et IA. En assumant la charge du traitement de données volumineuses et l’automatisation des tâches, l’IA permet aux journalistes de consacrer leur temps à l’analyse critique et à la vérification des faits. Cette synergie promet d’enrichir le journalisme, en alliant l’efficacité technologique avec l’esprit critique humain.

Parallèlement, il est crucial de proposer aux journalistes une formation éthique et pertinente. L’intégration de modules spécialisés dans les cursus universitaires et les formations continues prépare les professionnels à naviguer dans ce nouvel écosystème médiatique, évitant ainsi une utilisation inappropriée qui pourrait nuire à la collaboration entre l’homme et la machine.

Du côté du droit et des réglementations, la nécessité d’une collaboration internationale pour établir des normes et régulations encadrant l’utilisation éthique de l’IA dans le journalisme est plus urgente que jamais. Il s’agit de s’inspirer d’exemples comme le RGPD pour la protection des données. Ces mesures visent à garantir que le progrès technologique est en adéquation avec les valeurs journalistiques fondamentales, à l’image de l’AI Act Européen qui permet de donner un cadre, plus ou moins souple, à l’utilisation des intelligences artificielles.

L’enjeu de la transparence dans l’utilisation de l’IA, de la responsabilité éditoriale et de la classification claire des usages selon leur niveau de risque est crucial pour préserver la confiance du public. Il est impératif que l’IA serve à enrichir le journalisme sans en compromettre l’intégrité.

L’avenir du journalisme à l’ère de l’IA générative repose sur un équilibre subtil entre exploiter les avantages technologiques et préserver l’éthique journalistique. En combinant une formation adaptée, une collaboration étroite, une régulation maîtrisée et une innovation constante, les médias peuvent aborder avec confiance cette nouvelle ère, assurant ainsi la pérennité du journalisme, de la création de contenu et de la communication. Longue vie au journalisme, aux développeurs de contenus et aux communicants !

À lire également : Journalisme, erreur et AMF