Les entreprises sont de plus en plus conscientes qu’il devient difficile d’innover et de rester compétitif en persistant à travailler en interne, sans interaction externe, sur ses axes de développement stratégique. Certaines se sont donc engagées dans des processus d’open innovation en renforçant les partenariats avec des entités extérieures variées, avec plus ou moins de succès selon la maturité et la sincérité de la démarche.
Tel les super héros, il est plus efficace (pas nécessairement facile, certes) d’unir ses forces face à une menace que d’espérer l’affronter seul !
De nombreux efforts sont encore à faire en France pour que cette culture du partenariat et de l’ouverture devienne naturelle, en faisant davantage place à la coopération.
Sans même parler d’innovation, les filières d’activité montrent bien aussi l’interdépendance manifeste entre les entreprises dont les offres sont complémentaires. Le plus souvent, cela se traduit toutefois par des relations classiques client – fournisseur. De même, les entreprises comprennent de plus en plus que l’utilisateur ou client final doit être placé au centre de ses démarches d’innovation pour qu’elles aient une chance d’être couronnées de succès.
Nous assistons donc progressivement à la connexion d’électrons libres à tout un écosystème de façon plus ou moins ordonnée.
Une vision du futur qui fait réfléchir
De fait, si nous nous projetons dans le futur, nous voyons poindre l’émergence d’entreprises internationales super-puissantes, bien plus puissantes que des Etats, et parfois même avec une emprise sur l’évolution de la société bien plus importante qu’un Etat. Il n’y a qu’à constater la manière dont les gouvernements essaient de rattraper le train en marche en tentant de réformer la société sans réellement y parvenir, pour répondre aux enjeux de demain.
Toutefois, cette dynamique finira par s’essouffler d’elle-même (peut-être dans la douleur). En effet, même si une entreprise devenait toute puissante en vampirisant tous les pans de l’économie, il arriverait un moment où sa capacité à innover serait mise à mal, tel les Etats, par manque de moyens, de ressources motivées, d’émulation face à des concurrents ou même par manque d’envie. Cela engendrerait par ailleurs des déséquilibres et désordres géopolitiques non souhaitables, induisant l’instabilité des Etats.
Pour réagir face à cela, quel autre choix reste-t-il aux entreprises et organisations, publiques comme privées, que de s’unir intelligemment pour le bien commun local ? Quelle autre voie pourrait-il exister pour résister à l’ascension frénétique de ces groupes monstres ? L’avantage réside très probablement dans des réponses locales (ce qui n’empêche pas les visées internationales), intelligentes et cohérentes, qui répondent, de façon optimale et responsable, aux aspirations des êtres humains, des citoyens (plus que des consommateurs) que nous sommes.
Quelle sera alors la prochaine étape pour mieux innover ?
Il s’agirait probablement de rendre ces connexions inter-organisations plus intelligentes et optimales, de sorte à réfléchir de façon efficiente à des problématiques d’innovation qui seront de plus en plus transversales, impliquant des collaborations peu habituelles entre des filières qui jusque-là évoluaient de façon indépendante, subissant éventuellement quelques vagues d’innovation provenant d’ailleurs…
On le pressent avec des sujets comme l’industrie du futur, les smart cities, la domotique… Nombre d’entreprises vont devoir s’aligner avec le futur modèle dominant (dont on ignore encore à peu près tout) pour espérer rester compétitives. Il sera difficile si ce n’est impossible de réussir une telle prouesse en ne connectant pas entre elles les stratégies des filières concernées de près ou de loin dans ces futures mutations. Sans coopération plus poussée, sans partage d’une vision commune de la société du futur, les entreprises s’exposent à un scénario qui risque fort de ne pas les favoriser : voir venir de nouveaux acteurs sur le marché, qui eux, s’entendent sur une vision commune et désirée de tous (le fameux utilisateur final) et proposent des solutions intégrées, optimisées pour simplifier la vie de tous, diminuer l’impact écologique des activités.
Alors oui, je suis persuadée qu’à (très) long terme, nous arriverons à un modèle d’économies intégrées, réparti, partagé entre plusieurs entités. Ce ne seront probablement plus de grandes entreprises comme on les connaît aujourd’hui, mais peut-être un réseau d’ETI, PME et TPE qui s’accordent à œuvrer ensemble. Pourquoi pas ?
Nous pourrions appeler cela l’ « innovation partagée ».
En gardant cette option en tête, seul l’humain, à l’heure actuelle, est en mesure d’opter pour une vision souhaitable de son futur. Il s’agit bien d’un domaine ou l’intelligence artificielle devrait peiner à se substituer à nous ! En revanche elle pourra certainement nous aider à atteindre ce but.
Cela aurait aussi une incidence sur les compétences que nos enfants devraient acquérir. Ici, la vision systémique est primordiale : cette capacité à faire des liens entre des domaines différents, à coordonner ces liens et en faire émerger des idées constructives, désirables, promues par des actions fédératrices.
Alors pour ou contre une innovation, plus qu’ouverte, partagée ?
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