Des études, a priori sérieuses, font régulièrement état de l’impact de la digitalisation des entreprises – et notoirement la robotisation de certaines fonctions – sur l’emploi. Un débat d’économistes ? Pas seulement. Car beaucoup s’interrogent aussi sur la vraie valeur de certaines entreprises, comme les « licornes ».
Dans l’actuelle campagne des élections américaines, un leitmotiv se répète assez souvent : la réussite des « rocket start-ups » que sont Airbnb et Uber ne cache-t-elle pas la disparition de pans entiers du monde du travail « brick & mortar » [les entreprises traditionnelles embauchant des travailleurs manuels] ?
Fin 2015, une étude du JPMorgan Chase Institute révélait que 70% des jeunes américains, âgés de 18 à 24 ans et 74% de ceux qui réalisent 20% de leurs revenus, non réguliers, grâce aux plateformes digitales (telles que Uber et Airbnb) ont enregistré un changement de plus de 30% de leur rétribution mensuelle. Mais l’étude constate qu’il s’agit de jobs apportant un « supplément de revenus » plutôt que de remplacements de postes à plein temps.
Une autre étude récente, initiée par Intuit Software, a chiffré à 3,2 millions le nombre d’américains activement engagés dans un genre de job de la ‘gig economy‘, au moins à temps partiel.
Ces chiffres sont rapprochés de ceux publiés en 2013, toujours aux Etats-Unis, par deux économistes réputés crédibles, Frey et Osborne. Ils avaient jeté un pavé dans la mare en déclarant qu’au cours des deux prochaines décennies près de la moitié des emplois américains seraient remplacés par des machines numérisées.
En France aussi
On s’affronte également en France autour d’arguments contradictoires. D’ici à 2025, 3 millions d’emplois des classes moyennes, d’encadrement et des professions libérales ainsi que des métiers manuels pourraient disparaître, estimait, en 2014, une étude du cabinet Roland Berger, pilotée par Hakim El Karoui pour le JDD. Autre formulation: un tiers des emplois pourraient être occupés par des machines, des robots ou des logiciels dotés d’intelligence artificielle et capables d’apprendre par eux-mêmes. Le numérique serait donc créateur d’emplois mais faiblement. Un autre rapport récent, pour le Grand Paris, confirme la création d’emplois mais avec de fortes inégalités territoriales. Sur 58.000 emplois numériques créés entre 2007 et 2014, plus de 80% l’ont été dans un nombre restreint de villes (15 seulement), et, pour 10.000 d’entre eux, à Paris.
Le rapport de Philippe Lemoine (président du Forum d’Actions Modernités sur la transformation numérique de l’économie), de novembre 2014, soutenait que le numérique serait l’une des solutions pour combattre la dégradation de l’économie française.
A l’inverse, dans son ouvrage « La société automatique -1-L’Avenir du travail » (2015, chez Fayard), Bernard Stiegler voit le risque d’une « nouvelle explosion d’insolvabilité généralisée, bien pire que celle de 2008 ».
Trois catégories de travailleurs En réalité, on assiste à une remise en question du travail salarié classique. Trois grands catégories se dessineraient: 1- des salariés sous contrat, 2 -des salariés que certains disent « mercenaires » – des travailleurs indépendants, œuvrant en réseau auprès de plusieurs entreprises, avec des missions successives, 3 -des salariés précaires.
L’automatisation des tâches, la désintermédiation des services contribueraient à une contraction de l’emploi, surtout non qualifié et à une progression des emplois indépendants ou autoentrepreneurs /freelance, ce qu’atteste la prolifération des espaces de ‘coworking‘.
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits