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Deepfakes et démocratie : à l’aube d’un nouveau défi pour les élections de 2024

deepfakeAn anonymous portrait of a human in an AI oxygen mask exploring virtual Universe and meta spaces, an utopian colonized planet. The futuristic digital world, built on big data and algorithms, deep learning technologies, and trained neural networks. In the near future, concepts of entering the artificial intelligence era will manifest the tandem of the human race and responsible AI technologies. Sensitive personal data, authenticity vs. deepfake detection. AI inclusion.

En 2024, alors que la moitié de la population mondiale est appelée aux urnes, nos démocraties sont confrontées à un nouveau défi : la menace des deepfakes. Cette technologie de manipulation numérique, autrefois l’apanage de la science-fiction, est désormais une réalité omniprésente, utilisée pour désinformer, semer la confusion et influencer les résultats électoraux. Mais comment, précisément, ces deepfakes impactent-ils notre paysage politique ? Quels mécanismes de défense pouvons-nous déployer pour protéger l’intégrité de nos élections ? Et quelles responsabilités incombent aux gouvernements, aux entreprises et aux citoyens ?

Une contribution de Martin Kraemer, Expert en sensibilisation à la cybersécurité chez Knowbe4

 

La politique à l’ére des deepfakes

Dernièrement, des deepfakes impliquant des prétendus membres de la famille Le Pen sur TikTok illustrent bien cette menace croissante. Des vidéos truquées peuvent non seulement diffamer des personnalités politiques, mais aussi influencer les opinions publiques et saper la confiance dans les processus électoraux. Cette manipulation numérique n’est pas une nouveauté en soi. Depuis l’élection présidentielle américaine de 2016, et les allégations d’ingérence russe, nous avons pris conscience de la puissance de la désinformation en ligne. Cependant, les deepfakes représentent une évolution plus insidieuse et sophistiquée de cette menace.

 

Les mécanismes de la désinformation

Les deepfakes exploitent les failles psychologiques des êtres humains plus que les vulnérabilités techniques des systèmes informatiques. Ils jouent sur notre tendance à croire ce que nous voyons, à accorder une confiance aveugle aux images et vidéos, même si elles sont générées par des intelligences artificielles.

Croissance des deepfakes : Une étude de Deeptrace a révélé que le nombre de deepfakes en ligne avait doublé en moins d’un an, atteignant plus de 14 000 vidéos en 2019 [1]. Une autre analyse prévoit que le marché des technologies deepfake pourrait atteindre 3,5 milliards de dollars d’ici 2025 .[2]

Impact sur les élections : Selon une étude de la University of Oxford, des campagnes de désinformation, y compris des deepfakes, ont été identifiées dans 70 pays en 2019, une augmentation par rapport aux 48 pays en 2018 [3]. Cette augmentation démontre l’ampleur croissante de l’utilisation de ces technologies pour influencer les opinions publiques.

Exposition régulière aux deepfakes : Selon un rapport de Gartner, depuis 2023, 20 % des individus dans les pays développés sont exposés régulièrement à des deepfakes. De plus, les experts estiment que d’ici 2025, 90 % des contenus en ligne pourraient être synthétiques, exacerbant ainsi le problème.[4]

 

Vers une réglementation plus stricte

Face à cette menace, la réponse ne peut pas être uniquement technologique. Les initiatives comme le Digital Services Act (DSA) et l’AI Act en Europe sont des étapes importantes, mais elles ne suffisent pas. Une coopération internationale est essentielle pour harmoniser les politiques, pénaliser l’utilisation des deepfakes et responsabiliser les plateformes de diffusion. Les agences comme l’ANSSI et l’ENISA travaillent déjà en ce sens, mais un effort collectif est nécessaire pour instaurer une régulation efficace.

Efforts réglementaires : La France, par exemple, a mis en place une législation visant à pénaliser la diffusion de fausses informations pendant les périodes électorales. Les contrevenants s’exposent à des amendes pouvant aller jusqu’à 75 000 euros et un an de prison .[5] L’Union européenne travaille également sur des réglementations plus strictes concernant l’utilisation de l’IA, avec le Digital Services Act (DSA) et l’AI Act, qui visent à responsabiliser les plateformes en ligne et à protéger les utilisateurs contre les contenus nocifs.

 

L’éducation et la vigilance : nos meilleurs boucliers

La législation seule ne suffira pas à protéger nos démocraties. Nous devons également investir dans l’éducation et la sensibilisation, sachant qu’il y a une différence entre les générations sur la perception des deepfakes entre les générations. Enseigner aux citoyens comment détecter les deepfakes et critiquer les sources d’information est crucial. Voici quelques astuces pratiques pour identifier les deepfakes :

  • Remettre en question la source et le moyen de transmission de l’information.
  • Demander à la personne de faire passer sa main devant son visage ou de tourner la tête lors d’un appel vidéo.
  • Vérifier l’affichage des noms en visioconférence, qui peuvent ne pas apparaître correctement pour les faux profils.
  • Envoyer un SMS à la personne en ligne pour vérifier son identité.
  • Poser une question spécifique que seul l’interlocuteur authentique pourrait connaître.
  • Privilégier un appel téléphonique en cas de demande urgente.

Efforts éducatifs : Plusieurs initiatives éducatives ont été lancées pour sensibiliser le public. Par exemple, la campagne « Don’t Trust, Verify » aux États-Unis vise à éduquer les citoyens sur les dangers des deepfakes et des informations falsifiées. [6]Des organisations comme la BBC et Reuters ont également mis en place des programmes de vérification des faits pour aider le public à identifier les fake news et les deepfakes .[7]

 

Restaurer et maintenir la confiance

Dans cette ère de désinformation, la confiance est notre bien le plus précieux. Pour la restaurer et la maintenir, nous devons communiquer de manière transparente et honnête. Admettre nos incertitudes et nos erreurs renforce notre crédibilité. Les gouvernements, les entreprises et les citoyens doivent tous prendre part à cette lutte pour préserver l’intégrité de nos démocraties.

Les deepfakes représentent une menace sérieuse pour nos processus électoraux et nos démocraties. Une combinaison de réglementation stricte, de coopération internationale, d’éducation et de vigilance peut nous aider à surmonter ce défi. À l’aube des élections Européennes de 2024, il est impératif que nous prenions des mesures concertées pour protéger notre droit fondamental à des élections libres et équitables.


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[1] https://medium.com/sensity/mapping-the-deepfake-landscape-27cb809e98bc

 

[2] https://www.marketsandmarkets.com/Market-Reports/deepfake-ai-market-256823035.html

[3] https://www.oii.ox.ac.uk/news-events/spread-of-disinformation-the-biggest-concern-for-internet-and-social-media-users-globally-finds-new-oxford-study/

[4] https://www.cnews.fr/vie-numerique/2022-09-19/internet-90-du-contenu-en-ligne-pourrait-etre-genere-artificiellement-dici

[5] https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000037847559/

[6] https://donttrustverify.org/

[7] https://www.bbc.com/news/technology-48957295

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