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Datacenters de proximité vs hyperscalers

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Server Data center room

Deux grandes familles de datacenters existent : les « hyperscalers » et les datacenters de proximité. Ils s’adressent à des marchés qui n’ont pas les mêmes attentes ni le même modèle économique. Mais quand le succès se présente, tous deux attirent l’intérêt de capitaux étrangers.

Une contribution de Damien Desanti, fondateur de PHOCEA DC

 

Les datacenters sont essentiels au fonctionnement des services numériques et des activités commerciales qui y sont liées. Les datacenters de proximité sont souvent 100 % souverains dans leur technologie et leur actionnariat, contrairement aux hyperscalers. De plus, ils s’adressent en priorité aux entreprises locales ou régionales. Ils contribuent en outre à renforcer la connectivité et la souveraineté des territoires qui les accueillent, participant ainsi à l’essor de services et de domaines d’activités liés aux transformations numériques.

Les hyperscalers quant à eux sont souvent des acteurs américains qui s’adressent à des entreprises internationales, au premier rang desquelles se trouvent les GAFAM (Google, Apple, Facebook/Meta, Amazon et Microsoft), mais aussi des sociétés telles qu’Oracle Cloud, Cloudflare ou des sites e-commerce majeurs, dont les besoins en capacités de puissance sont élevés. Leurs entreprises clientes ont généralement besoin d’un maillage mondial, avec des dizaines de points de présence répartis dans de très nombreux pays. Elles ont une ‘logique de gros’, achetant des dizaines de mégawatts partout dans le monde. De leur côté, les hyperscalers sont eux aussi dans une démarche d’économies d’échelle, proposant des prix toujours plus compétitifs au fur et à mesure que les volumes augmentent.

 

La souveraineté, le Graal des acteurs du marché

À l’inverse, les datacenters de proximité sont des acteurs généralement créés de façon souveraine. Leur technologie est le plus souvent française ou européenne, tout comme leur actionnariat. Leur taille est réduite, ne dépassant que très rarement les 10 MW de puissance, tandis que les hyperscalers visent au-delà des 20 ou 30 MW, certains d’entre eux montant même jusqu’à 100 MW de puissance.

La plupart du temps, les centres de données de proximité sont localisés près de villes de taille moyenne, alors que les hyperscalers se « pluguent » directement aux hubs de connectivité les plus puissants. Les datacenters de proximité ont pour clients des collectivités, des établissements de santé, des acteurs du numérique, des opérateurs télécoms, des fournisseurs de services d’infogérance et de jeunes entreprises régionales. Autant d’organisations qui souhaitent que leurs données soient stockées près d’elles et non à l’autre bout de laFrance ou de façon moins maîtrisée dans le cloud public.

Les centres de données de proximité s’implantent aussi parfois près de pépinières d’entreprises, proposant aux jeunes pousses qui sont présentes davantage de services qu’un hyperscaler. Cette implantation peut également intervenir dans le cadre d’une politique régionale de promotion des entreprises les plus innovantes, au cœur de quartiers dynamiques d’un point de vue économique et entrepreneurial.

 

L’enjeu de la rentabilité

Un des premiers défis que doivent relever les datacenters de proximité est de parvenir à la rentabilité. Alors qu’un hyperscaler aura de la facilité à trouver quelques très gros clients lui permettant de « remplir » rapidement ses salles, un centre de données de proximité devra convaincre une centaine d’entreprises de lui faire confiance.

Et quand un centre de données de proximité connaît la croissance et la réussite, il attire rapidement l’intérêt d’acteurs plus gros, aux capitaux étrangers. Le français Data4, propriété d’Axa IM depuis 2018, a été racheté par la multinationale canadienne Brookfield Infrastructure en 2023. Le montant global de la transaction était de près de 3,5 milliards d’euros, pour une trentaine de datacenters, ce qui valorise chaque centre de données à plus de 100 millions d’euros !

Autre exemple du rachat d’un fleuron du datacenter hexagonal par un acteur situé outre-Atlantique : l’acquisition par le fonds d’investissement américain nLighten du Français Euclyde et de ses six datacenters (Sophia Antipolis, Lyon, Strasbourg, Besançon et Paris) en 2023 pour un montant qui n’a pas été communiqué.

 

Plus de souplesse dans le pilotage de l’infrastructure

Enfin, il est important d’avoir en tête que les datacenters de proximité répondent à un besoin croissant des entreprises de réinternaliser une partie de leur infrastructure informatique. Les gros acteurs du cloud public tels que AWS, Microsoft Azure et Google Cloud Platform ont connu un énorme succès ces dernières années, mais beaucoup d’entreprises en reviennent désormais. Les raisons sont simples : le coût élevé de ces solutions et le verrouillage technologique qu’elles induisent. Les entreprises décident donc de plus en plus fréquemment de réintégrer une partie de leur IT en choisissant une configuration on-premise, soit au sein d’une salle serveurs hébergée chez elles, soit au sein d’un datacenter de proximité.

Les organisations peuvent ainsi jouer de façon intelligente sur les deux tableaux (cloud public et on-premise) et obtenir de meilleurs ratios économiques en fonction de leurs usages. En plaçant une partie de leur infrastructure on-premise, les DSI gardent la main sur leurs dépenses OPEX et leurs investissements CAPEX, tout en pilotant leurs indicateurs avec plus de finesse. Il y a aussi une logique qui vise à protéger les données sensibles de leur système d’information en les rapatriant dans un environnement on-premise souverain. Souveraineté, flexibilité, disponibilité pour les entreprises locales… Les datacenters de proximité offrent une alternative crédible aux hyperscalers.


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