La montée en puissance du coronavirus est en train de bouleverser littéralement les organisations du travail, partout dans le monde. A l’exception des grandes manufactures ouvrières, le numérique permet aux DRH de produire une agilité du temps de travail toujours connu, mais jamais testé à un tel niveau de sollicitation.
En France, le niveau 3 s’annonce désormais clairement et, parmi les services mobilisés, on y trouve celui des Directions des Systèmes d’Information. Ce dernier se voit soudainement sollicité pour délivrer des accès VPN (Virtual Private Network ou réseau privé) et permettre au sédentaire administratif de travailler à domicile.
Si, en temps de grève, ce type de service s’applique à une certaine population, le coronavirus impose de laisser à domicile toute la population « non essentielle » sur un site, dans le but, unique, de limiter autant que possible, le brassage du personnel sur les lieux de travail et dans les transports en commun.
Mais cette mise à l’épreuve de la résilience des Directeurs informatiques ne sera pas sans difficulté. Il leur faudra gérer les licences de leur Firewall pour permettre aux collaborateurs de se connecter aux systèmes d’information de l’entreprise. C’est à ce moment-là que l’on découvre l’agilité des éditeurs de solution d’accès à distance dans leur faculté à délivrer, en un temps record, une offre commerciale et des licences. Ces dernières seront limitées au nombre d’ordinateurs portables dont dispose l’entreprise, probablement insuffisant dans une grande majorité des cas. Il est à parier que les prochains renouvellements d’ordinateurs de bureau profiteront au marché des équipements mobiles.
Cette action en entraine une autre : celle suspendue à la capacité du Firewall à gérer soudainement autant de connexions distantes.
Certains équipements ont été pensés et acquis pour délivrer un service occasionnel et seront vite saturés, si la moitié des collaborateurs de l’organisation utilisent soudainement un VPN. Et cette saturation ne sera pas sans conséquence sur la bande passante internet de l’entreprise. En effet, les salariés travaillant à distance utilisent internet pour se connecter, mais vont rebondir sur la sortie internet de l’entreprise pour ressortir. La bande passante sera donc soudainement doublement sollicitée. Et, pour les entreprises qui souhaiteraient augmenter le débit, elles seront confrontées à l’inertie naturelle des opérateurs télécoms qui n’ont pas la réputation d’être particulièrement agiles sur cette offre de service.
Nous avons donc une entreprise qui se voit délocaliser dans autant de bureaux distants qu’elle a de collaborateurs, avec son système d’information dont la sécurité reposera uniquement sur la rigueur d’un paramétrage subtil, entre les droits applicatifs de l’utilisateur et les autorisations des systèmes.
Le VPN est globalement fiable, car il est délivré avec parcimonie, et implique une attention toute particulière dans son paramétrage. Mais soudainement, c’est un usage de masse qui s’installe avec précipitation, et une pression interne énorme issue des utilisateurs en demande d’un accès immédiat pour travailler.
La Direction des Systèmes d’Information se voit alors solliciter sur une prestation de service, connue souvent d’un ou deux collaborateurs que l’on nomme Administrateur Réseau.
Nous avons donc des milliers d’entreprises qui ont et qui vont entreprendre de délocaliser l’accès de leurs systèmes d’information depuis n’importe où ! C’est une opération sensible et dangereuse.
Elle est sensible par son paramétrage qui fait qu’elle sollicite l’organe de sécurité essentiel à l’organisation. Elle est dangereuse, car elle implique que chaque utilisateur détienne un système d’exploitation à jour, vérifié et conforme aux usages.
Aucune dette technique ne serait supportable parce qu’elle engendrerait instantanément une attaque du système d’information avec les conséquences catastrophiques que cela pourrait engendrer.
Ainsi, parmi les milliers d’effets de bord que le coronavirus engendre dans notre économie et nos comportements, il y en a un qui fera date comme le passage de l’an 2000 : c’est la délocalisation de millions de travailleurs qui doivent aménager leur bureau à domicile. Et pour une direction informatique, c’est un défi tant elle est contrainte par de nombreux acteurs, plus ou moins agiles, et sans qu’aucun plan de ce type ne soit imaginé auparavant, tout en étant obligée de le réaliser en quelques semaines, voire quelques jours.
Les liaisons télécom vont saturer, car c’est sans compter sur le développement de la visioconférence laquelle, contrainte et forcée, va initier les utilisateurs à une nouvelle forme de réunion avec un impact carbone réduit.
Cet ensemble, en pleine transformation, aura pour conséquence d’externaliser la production de l’information de l’entreprise et de l’exposer ainsi au risque cyber, puisque n’étant pas en mesure de prendre le contrôle des systèmes extérieurs à l’organisation. Un secteur profitera pleinement de ce changement, c’est la cyber criminalité mafieuse et étatique qui pourra, plus que jamais, mieux intercepter les informations de l’entreprise et la menacer d’autant.
Ainsi, le Coronavirus 2020 va provoquer une rupture dans nos modèles d’échange et de travail qui ne pourrait être possible sans la technologie tant décriée par sa façon de modifier les rapports humains au travail. Cette fois, elle va contribuer à lier les femmes et les hommes pour assurer la continuité des opérations économiques essentielles, à la condition que nos antiviraux informatiques soient bien à jour.
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