Des imitations de Nike aux reproductions de Rolex, en passant par les faux sacs à main Fendi, les contrefaçons sont devenues un énorme business. Il ne s’agit toutefois pas seulement de biens de consommation de luxe. L’ère de la production de masse à bas prix et du commerce mondial a encouragé les fraudeurs à tout imiter, des aliments aux médicaments, en passant par les pièces de rechange industrielles et les produits chimiques. Les médicaments contrefaits causeraient des centaines de milliers de décès par an.
Selon un rapport publié plus tôt cette année par l’OCDE et l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle, le commerce international de produits piratés pourrait représenter 3,3% du commerce mondial, soit environ 509 milliards de dollars. En 2013, ils l’avaient évalué à 2,5% du commerce mondial, soit 461 milliards de dollars.
La technologie peut encore venir en aide aux propriétaires de marques, aux détaillants et aux autorités répressives. Des sociétés telles que Blockverify, Cypheme et Red Points ont toutes mis au point des méthodes pour détecter les contrefaçons et les empêcher d’arriver aux consommateurs. Entrupy, une société basée à New York, affirme avoir mis au point un système permettant de déterminer si un produit est authentique en moins d’une minute, avec une précision de plus de 99%.
L’année dernière, Entrupy a contrôlé environ 50 millions de dollars de produits de luxe, et a découvert 5,9 millions de dollars de faux potentiels parmi les divers produits Balenciaga, Burberry, Chanel et d’autres marques encore, qu’elle a testés. Cela suggère que plus de 10% des articles haut de gamme en vente pourraient ne pas être ce qu’ils paraissent. C’est une petite partie du marché global de la vente au détail, mais cela laisse deviner l’ampleur du problème.
« Le problème est que la contrefaçon est une économie souterraine. Cela pose d’énormes problèmes sociaux, économiques et politiques », a déclaré Vidyuth Srinivasan, directeur général et cofondateur d’Entrupy.
« C’est un problème qui existe partout. Même la nourriture est contrefaite. Vous pouvez trouver des œufs factices, du faux lait en poudre, du riz artificiel – les gens fabriquent du riz à partir de plastique et le vendent comme du vrai riz. Vous vous en rendez compte quand vous le faîtes bouillir et qu’il fond ».
Le système d’Entrupy utilise l’intelligence artificielle et une base de données d’images microscopiques, associée à des données supplémentaires provenant des propriétaires de marques. Les inspecteurs utilisent un iPhone spécialement configuré pour prendre des photos de marchandises suspectes et les comparer à une base de données de quelques 200 000 articles uniques. « C’est presque comme une analyse médico-légale, mais à un rythme accéléré », ajoute Srinivasan.
Le Département du développement économique de Dubaï (DED) est un nouveau client du système. Il l’utilisera pour vérifier l’authenticité des produits en vente dans la ville. Le mois dernier, le DED a signé un protocole d’entente avec Entrupy pour utiliser sa technologie. Mohammad Ali Lootah, directeur général du secteur de la conformité commerciale et de la protection des consommateurs au DED, a déclaré qu’il envisageait de commencer à utiliser le système cette année et de le déployer plus largement l’année prochaine.
« Le DED utilisera le système d’Entrupy comme l’un des outils de vérification des produits contrefaits, afin d’assurer une meilleure précision », déclare-t-il. « Tous les inspecteurs du DED sont formés par les propriétaires de marques sur la manière de différencier les produits authentiques des produits contrefaits ».
Le problème des produits contrefaits peut être une question sensible dans un endroit comme Dubaï, qui prend sa propre réputation au sérieux. Selon Lootah, « la contrefaçon n’est pas un problème majeur à Dubaï, mais nous visons toujours à faire de Dubaï un lieu [où] les droits de propriété intellectuelle sont protégés ».
Toutefois, des éléments de preuve provenant d’autres sources suggèrent qu’il pourrait s’agir d’un problème plus grave que celui que les autorités sont disposées à reconnaître. Le rapport de l’OCDE publié au début de l’année indiquait que « les produits contrefaits et piratés continuent de suivre une voie commerciale complexe, abusant ainsi d’un ensemble de points de transit intermédiaires. Un grand nombre de ces économies de transit hébergent d’importantes zones de libre-échange, qui constituent des pôles importants du commerce international ».
Cette description convient très bien à Dubaï, qui joue un rôle de pôle commercial dans la région du Golfe, ainsi que dans d’autres zones proches comme l’Afrique de l’Est, l’Asie du Sud et ses nombreuses zones de libre-échange.
En fait, le rapport de l’OCDE a également noté que les Émirats arabes unis (dont Dubaï fait partie), avec Hong Kong et Singapour, comptaient parmi les principaux points de transit pour les produits contrefaits, les marchandises arrivant en grande quantité dans des conteneurs avant d’être distribuées en petits colis, par trafic postal ou par service de livraison. Les Émirats arabes unis étaient mentionnés dans le rapport, aux côtés de l’Arabie saoudite et du Yémen, désignés comme d’importants points de transit pour l’envoi de fausses marchandises en Afrique.
De grandes quantités de contrefaçons ont été saisies dans le pays ces dernières années. En 2014, 2015 et 2016, les Émirats arabes unis figuraient parmi les dix premiers pays au monde en ce qui concerne la saisie de marchandises contrefaites et piratées, loin derrière les principaux acteurs, la Chine continentale et Hong Kong. Rien qu’en 2016, les Émirats arabes unis auraient été à l’origine de 15,5 milliards de dollars en exportations de produits contrefaits, soit 3% du total mondial (47% en Chine continentale).
Certaines technologies intelligentes pourraient révéler encore plus de faux dans les années à venir. Un test plus important sera de savoir si cela contribue à affaiblir et même à réduire le commerce, à Dubaï et ailleurs dans le monde.
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