Cette année encore, le CES sera prolifique, massif, inouï, parfois bling-bling, à l’image de sa ville hôte. Et cette année encore, nous aurons droit à une bonne dose de bashing de ce rendez-vous sans pareil, sans commune mesure : « foire aux gadgets, essoufflement, saturation, inutilité, la tech pour la tech, etc… ».
Mais plus encore que les années précédentes, le CES 2017 verra se succéder à Vegas le gotha de la planète, tant le numérique s’est immiscé au cœur de toute stratégie d’organisation humaine, à la base de toute souveraineté moderne. Initialement porté par le hardware, ce rassemblement suit la courbe vertigineuse de sa transformation en intégrant désormais les autres dimensions du numérique que sont le software (machine et deep learning, réalité virtuelle, sécurité) et la communication. Et puisque la « commoditisation » de notre économie s’accélère et que les pays émergents – au premier rang desquels la Chine – ont émergé, ils viendront tous – industriels, business women & men, géants et futurs acteurs clefs du monde issu de la révolution internet, politiques et acteurs institutionnels et associatifs – prendre le pouls de l’économie de l’innovation, celle qui prend aujourd’hui le relais de la création de valeur, avec des effets de leviers souvent planétaires.
Comme l’explique Guillaume Villon de Benveniste, adepte de la méthode « jobs to be done », l’innovation qui rencontre un marché est avant tout une innovation « utile », qui « simplifie nos vies quotidiennes ». De ce point de vue, le CES 2017 défie l’imagination, et souvent, c’est vrai, la raison. Mais si les innovateurs étaient totalement raisonnables, ils ne se lanceraient probablement pas avec fougue et conviction dans leurs entreprises. Cette édition concentre ses bataillons remarquables sur la simplification de nos modes de vie, et explore dans la continuité des précédentes sessions, un arsenal de solutions pour atténuer les déficiences physiques ou mentales, améliorer le suivi santé de chacun, aider les plus jeunes à appréhender les règles de ce nouveau monde numérique, vous plonger dans des réalités virtuelles ou augmentées saisissantes et souvent ludiques, statiques ou en mouvement, à votre initiative ou autonomes et à votre service. Le monde qui se dessine par touches impressionnistes à travers cette visite peut inquiéter par certaines de ses dimensions ; il inspire également une confiance renouvelée dans la capacité des entrepreneurs à fournir à l’humanité les moyens de son émancipation, les solutions aux crises majeures identifiées, tant économiques, que sociales, politiques ou environnementales.
Que retenir du menu gargantuesque de CES 2017 ?
1. Les technos numériques pour atténuer certains handicaps ou déficiences
Commençons, une fois n’est pas coutume, par ceux qui ressemblent a priori aux premières victimes de ce nouveau monde multi-augmenté, toujours plus rapide et potentiellement source de fractures sociales profondes : les publics handicapés ou déficients. J’ai adoré les meilleures promesses 2017 !
A commencer par Leka, ce jouet pour enfants autistes en forme de sphère qui se déplace sur le sol, interagit oralement et par changement de couleur et de physionomie : il n’est qu’à constater l’attention générée auprès des enfants pour comprendre qu’une nouvelle source de communication et de progrès se manifeste. J’ai également en tête le sourire de ces aveugles testant le prototype de Blitab, cet Ipad tactile, véritable interprète du surf sur le bout des doigts. Dans ces deux cas, la qualité de l’expérience se lit par la transformation du visage des utilisateurs, instantanée… Rien de gadget là-dedans. Pour les aveugles toujours, je retiens Aipoly et Imagry, deux logiciels d’intelligence artificielle permettant la reconnaissance vidéo temps réel des objets via un smartphone. Orcam associe quant à lui sa caméra à son logiciel d’IA (Orcam MyEye) pour proposer un assistant personnel aux malvoyants, capable encore une fois de lire les textes et de reconnaître des objets.
La société Aryballe a pour sa part investigué le sens olfactif et propose un nez artificiel permettant de détecter et interpréter les odeurs.
Enfin, côté auditif, Resound annonce des prothèses auditives connectées intelligentes et adaptables de façon très fine en fonction de l’environnement, de l’usage et de l’utilisateur. Là encore, un sourire vaut tous les feedbacks.
2. Nos enfants, les futurs architectes du nouveau monde
Si ce monde d’innovations numériques, rapide et changeant, peut s’apparenter à un fluide, les enfants y évoluent-ils tous comme des poissons ? Probablement, à condition d’avoir appris à nager dès le plus jeune âge. C’est ce que se propose de faciliter Ozobot et Samlabs, sous la protection de Xooloo. Pour avoir fait l’acquisition d’une série d’Ozobots, je peux témoigner du caractère magnétique de ce robot jouet programmable auprès des tout petits. Ces jolis micro modules mobiles changent de couleur selon celle des traits dessinés sur une feuille, peuvent voir leur comportement modifié, et tout cela de façon extrêmement simple. Mais si Ozobot s’apparente plus à un jeu, Samlabs permet de passer à l’étape suivante grâce à des kits IoT connectés et une application pour apprendre la programmation. 15 briques différentes telles que des lumières, des moteurs ou des boutons à assembler avec une connexion sans fil constituent une bonne base pour agiter l’imagination et personnaliser ses projets.
Et comme nos enfants et ados méritent qu’on les protège, Xooloo présente un coach digital qui contribue à l’indépendance des enfants dans leur vie digitale responsable ainsi qu’à la compréhension et à la contribution de leurs parents.
3. Réalité virtuelle ou augmentée, encore besoin d’un pilote dans le drone
Quelle transition plus naturelle que celle de la Réalité Virtuelle (RV) et des jeux, pour personnes adultes cette fois ? Ne sommes-nous pas tous restés de grands enfants ? Force est de constater que la pédagogie passe aussi souvent pour nous par une plus grande « gamification » des parcours. Rien ne manque en 2017, avec une finesse accrue de l’expérience virtuelle qui avait déjà été sérieusement mise en scène l’an dernier par le casque HTC Vive (le système de réalité virtuelle de HTC basé sur un casque et deux joysticks localisés au millimètre par deux lasers dans une pièce et un lien filaire du casque à un ordinateur véloce ; la précision du laser et la puissance de calcul qui assure une mise à jour vidéo temps réel vous immergent dans un monde ultra fluide et attrayant : plus de nausée en reposant le casque et l’impression d’une demi-heure passée trop vite, en cinq minutes…). Les applications de serious game, de formation, mise en situation, promotion et jeux semblent immenses et disponibles dès maintenant comme par exemple avec Tilt brush de Google qui vous installe au centre d’un espace de peinture en 3D. Pourtant, le virtuel ne remplace pas complètement les sensations réelles. Aussi, Hypersuit vient cette année ajouter un simulateur de vol en RV avec sensation de vitesse du vent, le battement des ailes ou des bras, vibrations et rotation.
A l’opposé de ce système très sympa mais lourd et couteux, j’ai été frappé par le drone sur base d’avion en papier de Poweruptoys qui allie donc une feuille de papier rigide, un petit moteur de drone avec caméra et une application de pilotage via un casque retransmettant les images du drone dans un sens et les mouvements de votre tête de l’autre. Conception très design et « jugaad » s’il en est : « minimum is maximum! ».
Toujours sans bouger et si vous préférez la commande aux pieds, 3Drudder met à votre disposition sous forme d’un plateau circulaire, encore optimisé par rapport à la version de l’an dernier, une véritable alternative au joystick. Au-delà des applications ludiques, l’architecture ainsi que d’autres domaines B2B pourraient profiter de cette technologie.
Idem pour Xenoma qui imagine grâce à son Tshirt connecté un usage quotidien dans un contexte bien-être et santé.
Pour les grands sportifs, ou adeptes d’exploits solitaires, Gethover a tout prévu pour vous immortaliser : ce drone appareil photo et vidéo suit son sujet en hauteur avec une caméra 4K et 13MP embarquée ainsi qu’un algorithme d’intelligence artificielle. Côté GDU-Tech, le drone est pliable, logeable dans un petit sac à dos et pour autant non moins d’excellente qualité. Si une caméra vous suffit, optez pour la française Giroptic avec sa captation 360° diffusable live ou sa concurrente Insta360 pour android.
4. Se simplifier la vie, un point c’est tout !
Dans le registre de la vie quotidienne, imaginez Budee, le caddie autonome de 5ElementsRobotics, vous suivre alors que vous faites vos courses et rentrer seul depuis la voiture sur le parking. Votre bracelet Uconekt d’authentification multi facteurs (biométrie, reconnaissance vocale et éléments sécurisés) vous aura précédemment permis de payer et de déclencher toute une série de services en totale sécurité, dont par exemple la préparation de vos courses de frais, alimentées par votre caméra pour frigo Smarter.
Sur un autre domaine de corvée, une fois votre linge sec, la machine robotisée Foldimate, faute de vous le laver et de vous le sécher, le pliera et éventuellement le parfumera, vous le rendant prêt à être rangé dans les armoires. Vous pourrez alors vous remettre de vos efforts sur un Sleep Number’s 360, lit intelligent qui suivra dans ses moindres détails de mouvement et de respiration votre sommeil afin de l’optimiser dynamiquement via un algorithme d’IA. De futurs développements sont attendus en lien avec vos traqueurs d’activité physique, d’alimentation, et probablement avec Sleephones, ce bandeau qui vous fait dormir en musique et qui rappelle en plus basique le casque souple de sommeil du français Dreem.
5. Du wellness à la santé, il n’y a qu’une appréciation
Comment qualifier l’amélioration du sommeil mentionnée précédemment ? A vous de juger, mais dans le registre du bien-être, il devient perceptible qu’entre une santé parfaite et une santé dégradée, la prévention et le coaching deviennent une tendance de fond, à même d’adapter les comportements, de façon précise au cours du temps. L’accessoire pour smartphone Eyeque a par exemple été designé pour que chacun puisse tester la qualité de sa vue à tout moment, à coût nul au-delà de l’investissement initial. Dans le même registre, mais dentaire cette fois, la brosse à dent électrique Getprophix intègre une caméra vidéo et enregistre l’évolution apparente de vos dents. Himirror analyse de son côté votre peau et apparence générale pour vous conseiller sur les traitements appropriés en fonction de l’évolution de la météo et de la pollution à venir.
Philips ne s’y trompe pas en lançant Avent uGrow, un système connecté pour suivre bébé, ses évolutions de santé sur une plateforme data et recevoir des conseils.
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