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Blockchains : Pourquoi Les GAFA Ne Se Sentent Pas Concernés

Voilà qui a tout l’air d’un baptême du feu pour les blockchains.

Au dernier congrès du NASSCOM, le grand rendez-vous des entreprises d’informatique d’Inde, il a été demandé à Kishore Biyani, PDG de Future Group, ce qui l’empêchait de dormir la nuit. Il a répondu que c’était « la peur de rater une nouvelle tendance ». On peut se dire que tous les dirigeants de grandes entreprises technologiques sont également aux aguets : la dernière chose qu’ils veulent, c’est bien qu’un petit nouveau viennent chambouler leur business model.

Sur les 20 dernières années, on aurait du mal à trouver une seule technologie révolutionnaire que Amazon, Google, Apple ou Facebook n’ait pas essayé. Le cloud, l’intelligence artificielle, le big data, les assistants vocaux, la réalité augmentée, les voitures autonomes, le machine learning et le deep learning… Elles ont toutes été adoptées, voire inventées, par ces entreprises. Mais dès qu’il s’agit de blockchains, elles n’ont pas l’air ni emballées ni inquiétées.

Je ne crois pas en l’argument qui veut que les blockchains ne soient pas utiles pour ces entreprises : ce n’est pas bien difficile d’imaginer des scénarios où elles pourraient leur servir Cet article en cite quelques-uns.

« Oui, on peut tout à fait imaginer que Amazon soit décentralisé, distribué, explique Joseph Lubin, fondateur de ConsenSys. On en voit les différents composants. Ils ne sont pas tous connectés les uns aux autres. Ils ne sont pas tous prêts, mais je pourrais imaginer une plateforme ouverte avec beaucoup d’acteurs différents et différents rôles ».

On pourrait faire la même chose avec Facebook, estime M. Lubin, dont l’entreprise, installée à Brooklyn, développe des projets construits sur l’Ethereum. « Nous pourrions construire une plateforme décentralisée qui propose les mêmes services ».

Le silence de ces entreprises sur la question des blockchains est donc pour le moins suspect.

La nature presque ésotérique des cryptomonnaie et de la technologie de blockchain complique pour beaucoup de monde la séparation du bon grain de l’ivraie. Mais les GAFA ont toujours su attirer les meilleurs ingénieurs et chercheurs des plus grandes universités du monde. Ces gens-là comprennent l’informatique mieux que personne, et si les blockchains avaient effectivement toutes les qualités techniques que tout le monde leurs attribue, il est probable que ces experts s’en seraient déjà préoccupés à l’heure qu’il est.

Si on fait attention aux cinq dernières années, on peut diviser la plupart des promoteurs des blockchains en deux groupes :

  1. Ceux qui y ont des intérêts : ils dirigent ou ont investi dans des startups qui y sont liées, sont directeurs informatiques, etc. Ce groupe mène des expériences avec les blockchains publiques.
  2. Les grandes institutions financières : on peut comprendre leur réaction, qui consiste à mesurer si elles sont menacées et à s’assurer qu’elles ne restent pas en arrière. Ce groupe promeut ce qu’on appelle les blockchains privées ou fédérées.

En examinant de plus près ces blockchains privées, on se rend compte qu’elles n’ont pas grand-chose de nouveau. Arvind Narayanan, professeur à Princeton, propose ce qui est peut-être le seul MOOC fiable sur cette question, et a publié un article de blog qui va jusqu’à affirmer que les « blockchains privées » sont juste un nouveau nom pour les bases de données partagées.

Même la décentralisation promise par les blockchains publiques, un peu utopique en théorie, n’est pas dénuée de problèmes. Il y a d’abord le problème de leurs performances. Le Bitcoin, qui utilise de pures blockchains, a un débit terriblement lent de 3 à 7 transactions par seconde. Un système traditionnel comme Visa peut facilement traiter 25 000 transactions par secondes. Ensuite, la technologie de blockchain reste pour l’instant une solution qui ne résout aucun problème. Il n’y a pour l’instant aucune application qui ait à la fois pu être réellement développée et dont il est indiscutablement prouvé qu’elle est meilleure que la technologie actuelle.

Par conséquent, vu que Facebook, Amazon, Google et Apple ne font pas grand-chose des blockchains, même au sein de la fièvre actuelle qui entoure cette technologie, on ne peut reprocher à personne de douter de leur potentiel révolutionnaire.

Gaurav Mokhasi, Responsable des produits technologiques chez Visa, sur Quora 

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