La télémédecine, et en particulier la télésurveillance des patients malades chroniques, n’est plus une option. L’actualité sanitaire de la Covid-19 en a fait la démonstration : elle a mis en lumière le besoin crucial de dispositifs connectés permettant non seulement une surveillance à distance des paramètres physiologiques mais également la nécessité d’un lien direct entre patients et professionnels du soin. Outre le fait de maintenir l’état de santé sous contrôle, ces outils innovants sécurisent patients comme soignants. Ils sont déjà en mesure d’accroître l’autonomie des malades chroniques, tout en allégeant la charge mentale liée au fardeau de la pathologie.
Nous sommes entrés dans l’ère de la e-santé, de la télémédecine. Dans ce cadre, la télésurveillance représente l’avenir dans la manière de suivre les malades chroniques. A cette fin, il est nécessaire de colliger un maximum de données médicales en vie réelle. Et en la matière, nous avons la chance en France de posséder une pépite : la start-up Biosency créée en 2017 et lauréate 2018 du concours I-Lab. Cette année, elle a été distinguée par le concours i-Nov, géré par Bpifrance, et par la Coalition Innovation Santé, mise en place dans le cadre de la crise sanitaire de la Covid-19.
Je teste actuellement leur dispositif médical, Bora Connect (certifié dispositif médical et produit en France), un bracelet connecté à une plateforme sécurisée accessible aux professionnels de santé et aux patients. Un outil de télésuivi en lequel je crois intimement pour plusieurs raisons.
Mis à disposition des patients sur prescription du pneumologue, sa spécificité première est de mesurer au poignet, en continu, et donc sans aucune intervention de la part du patient/malade chronique, plusieurs paramètres cardio-respiratoires vitaux : saturation en oxygène SpO2, fréquence respiratoire, rythme cardiaque et la température. En plus de constituer une aide au diagnostic, l’objectif est que le spécialiste – en l’occurrence le pneumologue – adapte en conséquence la prise en charge médicale. Cette première brique « télésuivi » dans le champ respiratoire pourrait d’ailleurs potentiellement s’étendre au système cardiovasculaire, par exemple.
La seconde brique de l’outil Bora Connect, que je nommerais « prévention », requiert une supervision humaine des paramètres physiologiques sensibles. On peut imaginer un environnement médical, la création de nouveaux métiers, et une alerte générée auprès du pneumologue uniquement en cas de difficulté. Il s’agit là de relier valeurs physiologiques objectives et observations cliniques.
La troisième brique « prédiction des exacerbations » est un travail en cours de R&D avec le Digital Medical Hub de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), consortium de scientifiques des secteurs privé, institutionnel et public. L’objectif est double : valider dans des essais cliniques la brique « prévention » et, à moyen terme, démontrer la faisabilité de la prédiction des exacerbations (aggravation brutale de l’état respiratoire du malade) au moyen de l’Intelligence Artificielle (IA), plusieurs jours avant le déclenchement d’une crise aiguë, synonyme d’hospitalisation en urgence. Le médecin pourra alors adapter le traitement médicamenteux, éviter la crise et les hospitalisations associées, dont le coût en France avoisine les deux milliards d’euros par an.
Il s’agit bien d’assister de plus en plus la prise en charge clinique par la machine, sous le contrôle du professionnel de santé. Car la notion d’explicabilité n’est pas négociable : l’IA doit être interprétable par les professionnels de santé.
La télésurveillance préserve la santé du malade, et prévient les décompensations (épisodes d’aggravation de l’état de santé). En cela, ce dispositif médical, unique sur le marché par le recueil de constantes en continu, par la mesure de la fréquence respiratoire au poignet et par l’analyse de leur évolution assorti d’une démarche d’essai clinique en lien avec le Digital Medical Hub, peut changer la vie des malades chroniques et patients Covid .
Contrairement aux montres ou autres objets connectés « bien-être » nécessitant l’implication du patient pour monitorer la donnée, Bora Connect est un dispositif médical certifié, avec l’ambition, à court terme, de bénéficier d’une prise en charge par la Sécurité Sociale et les Organismes Complémentaires d’Assurance Maladie. Ceci étant justifié par son apport dans la prise en charge des malades mais également par les coûts – et les souffrances – évités.
« Cela fait déjà deux ans que je parle régulièrement de ce dispositif innovant avec d’autres patients souffrant de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et nous partageons tous le même avis : il s’agit d’une innovation formidable qui nous permettra de se sentir en sécurité, notamment face au risque d’exacerbation ». Commente Christiane POCHULU, patiente-experte et référente auprès de la Haute Autorité de Santé
L’approbation est d’autant plus enthousiaste de la part de patients, qui, comme moi, ont un profil exacerbateur. En effet, Bora Connect apporte l’espoir d’éviter l’aggravation notamment de la BPCO et des fibroses pulmonaires, ainsi que la perte de capacité respiratoire qui s’ensuit.
Côté soignant, plusieurs pneumologues libéraux et hospitaliers m’ont confirmé que ce dispositif médical était le plus avancé dans son domaine et qu’il s’en servait au quotidien pour mettre en place l’oxygénothérapie et la ventilation non invasive chez des patients respiratoires, ou dans les suites d’une hospitalisation où le risque de ré-hospitalisation dépasse les 50 %.
Selon eux, la télésurveillance ainsi conçue est la clé d’une meilleure efficience dans la prise en charge de la santé respiratoire, chez des malades chroniques mais aussi en post-Covid-19. Plusieurs centaines de bracelets sont déjà utilisés par des patients, et près d’une centaine de médecins sont inscrits à Bora Connect.
Les dispositifs médicaux connectés sont aussi la clé pour aborder le « virage ambulatoire », un objectif gouvernemental majeur. Ce changement dans la manière de soigner vise à la fois à délivrer de meilleurs soins et à diminuer leur coût.
Comme l’exprime Yves Palau, maître de conférences en science politique (Université Paris-Est Créteil Val de Marne),
« notre système de santé doit prendre en compte deux évolutions conjointes : celle des besoins des citoyens (allongement de leur espérance de vie, vieillissement de la population, dépendance accrue) et celle de leurs souhaits : prévenir les maladies plutôt que devoir les guérir, être pris en charge en dehors de l’hôpital le plus possible, recevoir une meilleure éducation à la santé. »
Plus qu’une place de choix, les outils numériques et en particulier la télésurveillance sont incontournables dans ces nouvelles organisations de soins.
<<< À lire également : Le Rôle De La Technologie Dans La Crise Sanitaire Selon Microsoft >>>
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits