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Avion De Ligne Hybride Electrique En 2022 : Mirage Ou Réalité ?

Airbus exhibition stand showing an E-Fan 4.0 at the Farnborough Air Show, England. The Airbus E-Fan is a prototype electric aircraft being developed by Airbus Group. The aircraft uses on-board lithium batteries to power the two electric engines and can carry two passengers. The E-Fan is an all-electric twin-engined low-wing monoplane of composite structure. It has a T-tail and a retractable tandem landing gear with outrigger wheels. The two engines are mounted either side of the rear fuselage. (Photo by In Pictures Ltd./Corbis via Getty Images)

Une start-up américaine, originaire de Seattle, « mère-patrie » du mastodonte Boeing, fait le pari de mettre sur orbite un avion de ligne hybride électrique à l’horizon 2022. Coup de com’ ou coup d’éclat ?

L’avenir appartient aux audacieux, et d’audace la jeune pousse américaine  Zunum Aero n’en est pas dépourvue. Installée confortablement à Seattle, terre d’accueil du plus grand constructeur aéronautique du monde Boeing, la start-up planche actuellement sur un avion de ligne hybride-électrique. Evidemment, cet appareil serait à des années-lumière des standards exigeants et colossaux de son « grand frère », mais le géant de Seattle met toutefois la main à la poche puisque Boeing et JetBlue Arways, via leurs fonds respectifs, soutiennent financièrement la jeune entreprise aux dents longues. Ainsi Zunum Aero esquisse, dans un premier temps, les contours d’un appareil propulsé par deux moteurs électriques permettant de transporter jusqu’à 12 passagers sur des distances de moins de 1 000 miles (1 600 km). Un coup d’essai résolument ambitieux tout de même puisque la société souhaite que ce projet sorte de terre et soit « paré au décollage » à l’horizon 2022, soit dans moins de cinq ans. Une promesse difficilement tenable ? Pas si sûr pour Zunum Aero qui a de sérieux arguments à faire valoir.

Tout d’abord, la start-up, malgré les difficultés inhérentes à ce type de projet, garde tout de même les pieds sur terre et estime qu’elle ne sera pas la première à faire voler un avion hybride électrique autonome… mais elle veut clairement se positionner sur ce marché de proximité (la distance de 1 600 kilomètres étant l’équivalent d’un trajet Paris-Stockholm) délaissé, à ses yeux, par les grandes compagnies. En effet, ces dernières misent clairement sur les long-courriers, plus rentables. « Les compagnies aimeraient pouvoir voler sur des distances plus courtes en gagnant de l’argent », a expliqué Matt Knapp, cofondateur de la firme de Kirkland, dans l’Etat de Washington.  L’occasion aussi de redonner « une seconde jeunesse » aux petits aérodromes en déshérence et complètement délaissés aux profits de « hub » toujours plus gigantesques et fastueux.

Boston-Whasington en 2H30 « porte-à-porte »

En effet, selon des chiffres dévoilés par la start-up, 96% du trafic aérien aux Etats-Unis est concentré sur seulement 1% des aéroports, laissant des milliers de petits aérodromes pratiquement déserts. Autre « plaie » des aéroports dits classiques, les interminables files d’attente, « Safety-Check » et autres pertes de temps propres à ce gigantisme à outrance. Ainsi, un trajet de Silicon Valley (San Francisco pour les non-initiés) à Los Angeles, serait mis à prix pour la modique somme de 120 dollars (soit l’équivalent de 102 euros) l’aller. L’avion ne mettrait que deux heures à parcourir la distance, au lieu de plus de quatre actuellement. Un gain de temps imputable à une utilisation plus efficiente des petits aérodromes susmentionnés. Autre exemple : avec les services de Zunum Aero, un « Boston-Washington D.C » ne mettrait plus que 2H30 (porte-à-porte) contre 4h50 actuellement. Un véritable changement de paradigme.   

Et la jeune pousse ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, elle qui ambitionne, à plus long terme, de poser les jalons d’un appareil plus imposant pouvant accueillir jusqu’à une cinquantaine de passagers, le tout avec un rayon d’action de plus de 1 000 miles. Mais ce projet, encore plus ambitieux que la première mouture, n’est prévu qu’à la fin des années 2020.  Mais la start-up mise également sur l’évolution de la technologie en matière de batterie pour faire « coup double » : réduire le coût du carburant – en même temps que l’émission de C02, ce qui est loin d’être négligeable par les temps qui courent – et, de facto, proposer à ses potentiels passagers des tarifs encore plus attractifs. En outre, la solution choisie par la start-up de recourir à l’hybride-électrique s’impose comme une évidence, tant le tout électrique paraît difficilement accessible à moyen-terme dans l’industrie aéronautique.

Airbus enterre son projet « tout-électrique »

Même le géant européen, Airbus, a annoncé, en mars dernier mettre un terme à son projet de « tout électrique » baptisé  « E-Fan » pour davantage œuvrer à l’émergence d’un appareil hybride-électrique. Réuni le 10 mars, le Conseil technique exécutif a décidé, selon les termes consacrés, de « recentrer les efforts » déployés en faveur de l’E-Fan, un avion-école tout-électrique biplace, « vers l’élaboration d’un projet plus ambitieux », « E-Fan X » qui vise le développement d’un prototype « hybride-électrique », selon un mémorandum de la direction. Une « mise au placard » qui avait suscité la colère des syndicats, ces derniers estimant que les personnels mobilisés sur le programme initial voyaient leur emploi menacé. En attendant, des deux côtés de l’Atlantique, la possibilité de voir voler un tel appareil commence à faire son chemin. Qui de la start-up ou de la multinationale remportera la bataille des airs et de la technologie ? Rendez-vous est pris en 2022.  

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