Alors que les lettres écrites tombent en désuétude, que les courriers, même quand ils sont imprimés, ne cessent de s’automatiser, les sms, mails ou autres formes de messages transmis par smartphones, internet ou les réseaux sociaux offrent une vigueur inattendue à l’écriture. Quel paradoxe de constater que les smartphones qui, au départ, étaient une simple évolution des portables destinés à véhiculer des éléments complémentaires à la voix, sont devenus les fers de lance de l’écriture moderne et de sa digitalisation !
A la vitesse de l’éclair, que ce soit par la magie d’un doigt sur un écran, d’un clavier, ou encore d’un stylet, les caractères s’unissent, s’enregistrent et s’impriment automatiquement dans ce nouvel espace. Dans ce royaume de l’éphémère, où le monde cherche à perdurer, les lettres ont une longueur d’avance face à la voix et à l’image. Ces milliards de signes qui s’échangent chaque jour sont les instruments des bases de données qui ne cessent d’indexer les contenus pour mieux les décrypter.
Caractères et symboles
Depuis l’aube de l’humanité, l’écriture a toujours été protéiforme. Des premières gravures des époques Homo erectus, retrouvées en Indonésie, à celles d’Homo sapiens en Afrique, jusqu’à ces alphabets numériques composés de mélanges binaires de 0 et de 1, les associations de symboles et de lettres coexistent. Avec l’internet moderne, les combinaisons de pictogrammes et de caractères nous ramènent aux origines des différents systèmes d’écritures. Ernest Hemingway avait écrit que « La seule écriture valable, c’est celle qu’on invente… C’est ça qui rend les choses réelles. » En jouant avec les signes, l’Homme ne cesse de s’inventer de nouveaux langages et codes. Comme depuis la nuit des temps, au gré de leurs évolutions, les lettres et les images n’ont cessé de s’unir pour transmettre l’Histoire et la faire perdurer. Cette Histoire est aujourd’hui à son tour progressivement numérisée et s’intègre totalement à cette (r)évolution des supports de l’écriture.
Sens des mots
Dans le futur, nos lointains descendants auront peut-être besoin, à leur tour, d’une « pierre de Rosette » pour comprendre notre pensée ou alors toutes ces données que nous leur auront livré seront tellement transparentes que n’importe quelle intelligence artificielle pourra décrypter ce savoir et en exploitera tous les mystères. Victor Hugo avait dit que “jusqu’à Gutenberg, l’architecture est l’écriture principale, l’écriture universelle”. Avec l’avènement de l’informatique, l’universalité de l’écriture est devenue totale et plus aucune frontière ne lui résiste. En s’échangeant des messages en temps réel à travers le monde, en traduisant instantanément toutes les formes de dialectes, le langage devient de plus en plus universel. L’écriture se découvre totalement pour devenir compréhensible aux yeux de tous. La lisibilité n’a plus de limite et la (r)évolution du langage universel est à portée de mains.
Bibliothèque universelle
Il ne faut pas oublier que c’est la Renaissance, avec Gutenberg, qui a vu naître l’imprimerie et entraîné la diffusion des livres. Ensuite pendant des siècles, le savoir n’a cessé de se transmettre et de devenir accessible au plus grand nombre. Peut-être que nos nouvelles formes de stockage et d’utilisation de l’écriture seront vues plus tard comme un nouveau siècle des lumières où l’extension de la connaissance sera devenue totale. Avec ces nouveaux moyens de diffusion, l’éducation est aussi devenue universelle. Rivarol pensait que “l’imprimerie est à l’écriture ce que l’écriture avait été aux hiéroglyphes : elle a fait faire un second pas à la pensée.”
En s’ouvrant de nouveaux horizons, en se dotant d’une nouvelle jeunesse, l’écriture montre une nouvelle fois sa capacité d’adaptation aux évolutions technologiques. Dans ce monde qui ne cesse d’évoluer et de changer, toutes les formes d’alphabets sont admises et brisent les chaines qui pouvaient retenir la pensée. Ainsi, l’écriture en suivant l’évolution de l’humanité lui ouvre de nouvelles perspectives. L’espace numérique et son infinité sont de nouveau relais pour son développement et comme Elsa Triolet il est possible de penser que “L’écriture la plus noble conquête de l’homme.”
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