Apple TV + Se Lance Dans Le Streaming Avec Jennifer Aniston Et « The Morning Show »

Pour la première de The Morning Show à New York, Jennifer Aniston et Reese Witherspoon, les stars de la série, défilaient sur un tapis qui s’étendait sur toute la longueur du Lincoln Center Plaza, pendant que les photographes saisissaient leur arrivée et que les spectateurs les acclamaient. Un logo Apple TV + géant illuminé signalait que cette première était différente. Il commémorait l’entrée du géant de la technologie dans la « guerre du streaming ».

The Morning Show a commencé vendredi sur Apple TV +. Il s’agit de l’une des huit séries originales qui présentent le nouveau service de streaming. Le drame à gros budget, qui tourne autour du scandale #MeToo de Matt Lauer, impliquant le présentateur masculin d’une émission télévisée du matin, constitue l’offre de choix du service.

C’était l’une des premières séries lancées par les responsables de la télévision très expérimentés, Jamie Erlicht et Zack Van Amburg, qui ont rejoint Apple en 2017.

Lors de la première de The Morning Show, Erlicht a expliqué comment lui et Van Amburg s’étaient entendus sur le lancement de la série lors de leur troisième jour de travail chez Apple.

« Nous savions tout de suite que c’était celle-ci », a déclaré Erlicht, selon un enregistrement de la présentation obtenu par Forbes. « C’était tout ce que nous espérions faire. … C’était un show à multiples couches et chargé en sous-entendu, il s’agissait de quelque chose de réel, et honnêtement, il n’y a pas eu de problème avec le fait que Reese Witherspoon et Jennifer Aniston soient productrices exécutives et actrices de la série ».

Le problème, c’est qu’ils ne savaient pas comment prendre les commandes dans un bureau, encore moins pour une série. Il n’y avait pas d’employés, pas de personnel chargé des affaires commerciales, pas de négociateurs et pas de budget. Selon Erlicht, il aura fallu trois à quatre mois pour conclure l’affaire, avec des coûts par épisode qui s’approchent de ceux de Game of Thrones sur HBO, selon une source proche du financement.

« La négociation n’a pas été facile. En fait, je dirais, à propos de cette série, que rien n’a été vraiment simple », a déclaré Erlicht. « Mais les grands succès ne sont jamais simples. Et c’est ce qu’est The Morning Show. Un grand succès ».

La série représente le retour de Jennifer Aniston à la télévision 15 ans après avoir dit au revoir à son personnage de Rachel Green dans Friends, un rôle primé par un Emmy Award. Que ce soit elle ou ses covedettes Reese Witherspoon et Steve Carell qui attirent les téléspectateurs vers le service de streaming naissant, il s’agira du premier essai pour Apple dans sa décision de créer sa propre liste d’émissions télévisées.

Le service Apple TV + attirera l’attention avec les nouveaux venus Disney +, HBO Max de WarnerMedia et Peacock de NBCUniversal. Tous cherchent à capitaliser sur le phénomène du streaming mis en branle par Netflix, qui compte plus de 60 millions d’abonnés aux États-Unis et plus encore à l’international.

Comme Amazon, Apple positionne son service de streaming comme un élément essentiel de son activité principale. Le fabricant d’iPhone offre un an d’accès gratuit à l’achat d’un nouvel appareil (d’autres peuvent y accéder via l’application Apple TV pour 5 dollars par mois).

« C’est un cadeau pour nos utilisateurs et, d’un point de vue commercial, nous sommes très fiers du contenu », a déclaré le PDG d’Apple, Tim Cook, lors de la conférence avec les investisseurs de mercredi dernier. « Nous aimerions que le plus grand nombre de personnes possible le voie. Cela nous permet de nous concentrer sur l’optimisation des abonnés, en particulier au début. Nous pensons que c’est un geste audacieux ».

Morgan Stanley prévoit que Apple TV + pourrait devenir une entreprise de 9 milliards de dollars d’ici 2025 si seulement un utilisateur d’Apple sur dix souscrit au service de streaming. Cela contribuerait à propulser l’activité de services à forte croissance d’Apple, qui a enregistré un chiffre d’affaires record de 12,5 milliards de dollars pour le trimestre terminé en septembre.

Apple travaille dans ce sens depuis deux ans, en commençant par le recrutement de Erlicht et de Van Amburg, qui, en tant que présidents de Sony Pictures Television, avaient développé une liste de séries à succès comprenant Better Call Saul, Breaking Bad, The Crown et The Shield. La première série originale d’Apple, Planet of the Apps, dans laquelle les entrepreneurs exposent leurs idées aux investisseurs célèbres Jessica Alba, Gwyneth Paltrow, will.i.am et Gary Vaynerchuk, avait pris une grande raclée, qualifiée de « à la fois ennuyeuse et complaisante ».

Erlicht et Van Amburg partent à la recherche d’émissions qui correspondraient à l’image d’Apple redorée par le biais de campagnes publicitaires de marque telles que la promotion « Think Different » de 1997, où elle s’alignait avec « The Crazy Ones » qui ont changé le monde – Albert Einstein, Bob Dylan, Amelia Earhart, Pablo Picasso.

« Nous croyons profondément au pouvoir de la créativité », a déclaré Tim Cook lors d’un événement en mars au cours duquel la société a annoncé Apple TV +. « Nos produits aident les gens à exprimer leur créativité et à raconter leurs histoires, car de belles histoires peuvent changer le monde. Les belles histoires peuvent nous émouvoir et nous inspirer. Elles peuvent contester nos hypothèses ».

Apple a recherché le talent de renommée mondiale, notamment le réalisateur primé aux Oscars, Steven Spielberg, et la célèbre animatrice d’émissions-débats, Oprah Winfrey, qui apporteraient du prestige au service de streaming. Mais Apple s’est méfié des thèmes qui pourraient offenser ses consommateurs, notamment la violence gratuite ou les représentations peu flatteuses de la religion, ont déclaré des initiés d’Hollywood au courant de ces conversations.

Cet automne, le géant de la technologie a abandonné un projet de grande envergure, Bastards, dans lequel Richard Gere devait jouer le rôle de l’un des deux anciens combattants du Vietnam qui se lancent dans une fusillade pour venger la mort d’une femme qu’ils aimaient tous les deux. Des sources ont déclaré au Hollywood Reporter que Apple s’inquiétait de l’exploration de la justice, et a plutôt préconisé un scénario basé sur l’amitié durable des vétérans.

Tim Cook a personnellement pris la décision en 2016 d’arrêter le premier projet scénarisé d’Apple, Vital Signs, un conte semi-autobiographique de sa vedette, Dr. Dre, qui contenait des scènes de consommation de cocaïne, d’une orgie dans un manoir et de personnes brandissant des armes, a rapporté le Wall Street Journal.

Mais c’était avant qu’Erlicht et Van Amburg reprennent les rênes et cherchent à construire des ponts dans un Hollywood sur ses gardes. Il leur faudra surmonter l’appréhension suscitée par un produit dissimulé dans le secret et murmurant la décision du géant de la technologie en 2014 d’imposer une copie gratuite de l’album de U2, Songs of Innocence, à tous ceux qui possèdent un compte iTunes, qu’ils le souhaitent ou non.

Il y a eu des faux pas occasionnels.

Des célébrités, des dirigeants de studios et des négociateurs se sont rendus à Cupertino par une fraîche matinée de mars pour prendre part au lancement très attendu par Apple du service de vidéo par abonnement. Mais, dans un affront, les personnalités majeures d’Hollywood qui ont fait le pèlerinage au nord – y compris les réalisateurs Ron Moore et M. Night Shyamalan – ne se sont jamais rendues sur scène.

Tout le monde dans la salle a été laissé dans le doute, à propos des détails clés du service Apple TV +, comme la date de lancement et les tarifs. En effet, alors qu’Apple s’apprêtait à faire son grand saut à Hollywood, le géant de la technologie s’est encore accroché aux rituels d’un lancement de produit étroitement contrôlé.

Malgré tout, Apple a réussi à surmonter ces obstacles et à attirer de grands noms.

La liste des séries originales comprend For All Mankind, un récit alternatif de la course spatiale de Moore ; Dickinson, une nouvelle histoire mettant en scène Hailee Steinfeld dans le rôle de la jeune poète rebelle Emily Dickinson ; et See, qui se déroule dans un avenir lointain, après qu’un virus ait ravagé la planète et laissé les survivants aveugles, avec Jason Momoa dans le rôle principal.