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Future of Sustainability | COP 29 – Bakou fait de la résistance

COP 29
BAKU, AZERBAIJAN - 2024/11/14: Participants walk in front of the main entrance during the United Nations Climate Change Conference COP29, an event held by United Nations Framework Convention on Climate Change (UNFCCC) in Baku Olympic Stadium. COP29, running from November 11-22 focuses on carbon markets and sustainability and mitigation funding. (Photo by Dominika Zarzycka/SOPA Images/LightRocket via Getty Images)

La COP 29 s’est achevée avec deux jours de retard, et comme l’ont noté de nombreux observateurs, ses résultats sont pour le moins décevants. Pour paraphraser un personnage télévisuel bien connu : « Je ne m’attendais à rien et je suis quand même déçu. » L’élan donné par les Accords de Paris de 2015 semble bel et bien retombé, et l’opposition Nord-Sud a atteint son paroxysme. D’un côté, des pays développés englués dans un cynisme froid. De l’autre, des nations vulnérables, désabusées, dont certaines ont brièvement quitté la table des négociations – ou n’ont même pas daigné s’y asseoir, à l’image de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui a qualifié la conférence de « perte de temps ».

Pour comprendre l’ampleur du fiasco, rappelons l’enjeu principal de cette COP : fixer un « quantum » pour le New Collective Quantified Goal (NCQG), un fonds destiné à financer les politiques d’atténuation et d’adaptation des pays en développement face à la crise climatique. En d’autres termes, concrétiser le principe du pollueur-payeur dans un monde où les inégalités climatiques sont de plus en plus criantes.

Rappelons les faits : les pays riches, champions historiques des émissions de gaz à effet de serre, ont longtemps assuré leur développement au détriment des autres. États-Unis, Europe, et consorts ont émis, pollué et accumulé, tout en déplaçant les coûts du désastre sur des nations bien moins armées pour y faire face. Aujourd’hui, la crise climatique frappe durement les pays du Sud global : sécheresses en Afrique subsaharienne, inondations dévastatrices au Pakistan, submersion des petits États insulaires. Ces derniers n’ont pourtant contribué qu’à une fraction infinitésimale des émissions cumulées.

Cette COP 29 aurait pu consacrer la justice climatique en imposant aux pollueurs historiques de financer une transition durable aux pays vulnérables à la hauteur de leur contribution au réchauffement planétaire. 

Projet ô combien ambitieux quand l’on sait que le précédent accord en la matière datant de 2010 (Accords de Cancun) et qui prévoyait une aide de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020, n’a finalement vu ce montant atteint qu’en 2022. Or le réchauffement climatique s’intensifie et ses conséquences sont de plus en plus visibles, les besoins vont donc croissant. A cela s’est également ajoutée l’inflation. Ces 100 milliards de dollars sont donc devenus bien insuffisants.

Mais les pays riches ont préféré jouer la montre et entretenir le flou. La résolution finale de la COP29 prend bien en compte, dans le paragraphe 7, des besoins estimés désormais à 1 300 milliards de dollars par an pour financer les politiques d’atténuation et d’adaptation des pays en développement. Le paragraphe 8 de cette résolution n’inclut cependant qu’une contribution d’un montant minimal de 300 milliards par an d’ici 2035 – et encore, cette somme n’a été atteinte qu’après deux jours d’intenses marchandages. Avant cela, une première offre de 250 milliards, jugée scandaleuse par de nombreux pays en développement, a même été qualifiée par le négociateur du Panama de « crachat au visage des nations vulnérables. ».

Le flou est maximal lorsqu’il s’agit de trouver les sources de ce financement. Il est indiqué que les pays développés doivent “prendre la tête” de ces financements qui proviendront de “sources publiques et privées, bilatérales et multilatérales”, bref, de partout et probablement de nulle part.

Parlons également de l’éléphant dans la pièce. Les pays du Nord ne sont pas les seuls à mériter des critiques. La Chine, aujourd’hui premier émetteur mondial et deuxième contributeur historique aux émissions, 2e économie mondiale, reste hors de la liste des 23 pays « obligés » de financer le NCQG. Protégée par son statut de pays en développement dans le cadre des accords onusiens, elle échappe à toute responsabilité financière. Un paradoxe que de nombreux pays dénoncent. Certes, Pékin a signalé qu’elle contribuerait sur une base volontaire, mais cela reste symbolique face à son rôle majeur dans le réchauffement climatique.

Deux autres éléments marquants de la COP 29 méritent d’être soulignés.

D’abord, la grande absente des discussions : la sortie des énergies fossiles. Alors que la combustion de charbon, de pétrole et de gaz reste la principale cause du réchauffement climatique, la résolution finale n’en fait même pas mention. Ce silence assourdissant illustre l’influence persistante des lobbys fossiles, présents en masse à Bakou.

En revanche, un progrès notable a été réalisé dans la régulation des crédits carbone. Des règles plus strictes pour encadrer ce marché ont été adoptées, visant à limiter les abus et à garantir que chaque crédit représente une véritable réduction d’émissions. Ce pas en avant, bien que modeste, est l’une des rares bonnes nouvelles d’une conférence largement critiquée.

Alors que les projecteurs s’éteignent sur Bakou, le regard se tourne désormais vers Bélem, au Brésil, qui accueillera la COP 30 en 2025. Cette localisation, au cœur de l’Amazonie, symbolise une urgence écologique mondiale : la préservation des forêts tropicales, poumon de la planète et rempart naturel contre le réchauffement climatique.

Mais la COP de Bélem ne pourra réussir qu’à condition de dépasser les divisions géopolitiques et d’adopter une approche véritablement collective. Les petits pas et les demi-mesures ne suffisent plus. Le climat n’attend pas. Désormais, chaque dixième de degré compte, chaque année perdue alourdit considérablement la facture humaine et financière.

À Bakou, les grands émetteurs ont montré qu’ils n’étaient pas prêts à assumer leur responsabilité historique. L’urgence, elle, reste implacable. Espérons que la COP 30 saura éviter les erreurs de ses prédécesseurs et que, cette fois, les promesses se traduiront en actes.


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