Il n’est pas faute de le répéter inlassablement : pour les entreprises, le coût de l’inaction climatique sera toujours bien plus élevé que celui de l’adaptation et de la transition. Pourtant, face à cette vérité implacable, nombre d’entre elles, soutenues par des gouvernants frileux, persistent dans le déni. Pire, au lieu d’accélérer la mutation indispensable de notre économie, nos dirigeants semblent s’engager dans un processus de détricotage des avancées environnementales obtenues de haute lutte ces dernières décennies.
Une contribution de Thomas Guyot, CSO de Tennaxia
Une étude récente de S&P Global estime que le coût annuel du changement climatique pour les seules plus grandes entreprises mondiales pourrait atteindre 1 200 milliards de dollars. Ce chiffre vertigineux illustre à quel point l’immobilisme expose nos économies à des risques financiers majeurs. Pourtant, les avertissements des scientifiques et les signaux économiques ne suffisent toujours pas à déclencher une mobilisation à la hauteur des enjeux.
En France, la version finale du troisième Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC) a été publiée en début d’année. Ce plan table sur une augmentation de la température moyenne de 4°C d’ici 2100, une hypothèse qualifiée de “version optimiste d’un scénario réaliste” par le climatologue Christophe Cassou, membre du GIEC. Une telle hausse aurait des conséquences dramatiques sur nos écosystèmes, notre agriculture et nos infrastructures. Mais qu’en est-il des entreprises ? Ont-elles pleinement conscience de l’impact du réchauffement climatique sur leurs activités ?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Une étude du National Bureau of Economic Research révèle qu’une augmentation de la température d’1°C pourrait réduire le PIB mondial de 12 %. Rien qu’en 2023, les catastrophes naturelles ont entraîné plus de 228 milliards d’euros de dommages. Ces événements climatiques extrêmes perturbent les chaînes d’approvisionnement, dégradent les infrastructures et entraînent une volatilisation des actifs. Pourtant, l’urgence d’intégrer ces risques dans la stratégie des entreprises peine encore à s’imposer.
La CSRD, levier essentiel de résilience
Un outil existe déjà en Europe pour aider les entreprises à anticiper ces défis : la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD). Cette directive impose aux entreprises de mieux intégrer les impacts environnementaux et sociaux dans leur gouvernance. Elle vise à renforcer la transparence et à aligner les stratégies d’entreprise sur les objectifs climatiques. Pourtant, elle est actuellement en cours de “simplification” via la directive Omnibus, sous la pression de certains lobbies économiques qui la jugent trop contraignante et coûteuse.
Loin d’être un frein, la CSRD est un levier essentiel de résilience. Elle permet aux entreprises d’identifier leurs vulnérabilités, d’anticiper les mutations de marché et d’attirer des investisseurs de plus en plus sensibles aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Les entreprises qui intègrent la durabilité dans leur stratégie, tant sur le plan financier qu’opérationnel, seront celles qui sécuriseront leur avenir et renforceront leur compétitivité face aux défis à venir.
L’inaction face au changement climatique n’est donc pas une option viable. Le véritable débat budgétaire n’est pas celui du coût des réglementations environnementales, mais celui du coût de l’immobilisme. Agir aujourd’hui, c’est investir dans la pérennité des entreprises et préserver la stabilité économique et sociale de demain.
“Si vis pacem, para bellum” : si nous voulons un avenir stable, nous devons préparer nos économies aux défis climatiques à venir. Répétons-le encore inlassablement, le coût de l’inaction sera toujours plus élevé que celui de l’adaptation. Il est temps que les entreprises et les décideurs cessent de repousser l’inéluctable et saisissent cette opportunité de transformation pour bâtir un modèle économique plus résilient, durable et prospère.
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