Il existe un monde où les entreprises ne se contentent plus de réduire leurs impacts négatifs sur l’environnement, mais participent activement à la régénération des écosystèmes naturels et des communautés humaines. Un monde où les entreprises créent de la valeur économique sans perturber l’équilibre du système Terre, mais au contraire, contribuent à améliorer toutes les formes de vie qu’elle abrite. Cela paraît utopique ? Et pourtant.
Une contribution de Romain Roy, Co-fondateur et CEO de Greenweez, Christian Jorge, Founder & CEO chez Omie, et Christophe Sempels Co-fondateur, Directeur Général et de la Recherche-Action chez LUMIA.
Les défis environnementaux auxquels nous sommes confrontés sont chaque jour plus préoccupants. Les scientifiques ont identifié neuf limites planétaires qui renvoient aux processus conditionnant l’équilibre du système Terre. Plus il y a de limites dépassées et plus ces dépassements sont importants, plus le système devient instable, avec des risques réels d’emballement. A ce jour, bientôt sept de ces neuf limites auront franchi leur seuil d’alerte, certaines très significativement. En comprendre le sens profond ne peut nous laisser indifférent.
Face à ces défis, les entreprises ont un rôle à jouer. En préférant faire partie de la solution plutôt que du problème, certaines ont choisi la voie de l’entreprise à visée régénérative.
Mais qu’entend-t-on par régénération ?
La régénération est une propriété unique et singulière du vivant qui renvoie à des capacités d’auto-réparation quand les conditions requises sont mises en œuvre. Une entreprise désirant contribuer à la régénération va donc chercher à mettre en œuvre ces conditions. Comment ? En réduisant ses impacts négatifs aux seuils prescrits par la science. Puis en générant des impacts positifs par une reconnexion aux écosystèmes partout où cela est possible, et en y soutenant ces conditions favorables au vivant. Cela peut passer par ses infrastructures, ses modes de production, sa chaîne de valeur et ses approvisionnements, ses parties prenantes et par une réarticulation à son territoire, dans une vision systémique et holistique.
Le modèle pour le futur : une stratégie de pleine conscience
Car nous le savons déjà : continuer à faire comme si de rien n’était n’est plus une option. Il ne s’agit pas d’un compromis entre profits et durabilité, mais d’une véritable réinvention du modèle économique, où l’impact positif devient source de compétitivité et d’innovation. La pérennité de nos entreprises y est conditionnée : d’ici 2030, les coûts économiques liés aux catastrophes climatiques devraient atteindre plus de 300 milliards de dollars par an (Source : Swiss Re Institute), ce qui met en péril des pans entiers de l’économie.
Au-delà de la contrainte, la prise de conscience ouvre des perspectives considérables pour les entreprises. Les consommateurs exigent de plus en plus des produits et services qui respectent des standards environnementaux et sociaux élevés, et les investisseurs tournent leur attention vers les modèles les plus durables. Nous avons donc désormais une occasion unique de construire des entreprises qui intègrent ces défis comme des opportunités.
D’ailleurs, les secteurs alignés sur les Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU représentent déjà une opportunité de marché estimée à 12 000 milliards de dollars par an d’ici 2030 (Source : Business & Sustainable Development Commission).
Le passage à l’action : vers une entreprise régénérative
La réponse à la crise environnementale est complexe, mais la regarder via le prisme des limites planétaires est enthousiasmant et évident. Quel est l’intérêt de continuer à promouvoir des modèles épuisés, saturés, court-termistes, … Nous avons tout à gagner à repenser nos propositions de valeur pour promouvoir un usage sobre des ressources, coopérer avec ses parties prenantes, être en prise directe avec les écosystèmes vivants, créer et partager sa valeur, penser circulaire et local. Car adopter un nouveau modèle d’entreprise régénérative est une solution bien plus souhaitable qu’elle n’est utopique.
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