L’histoire des chaînes d’approvisionnement est rythmée par les progrès technologiques, les bouleversements économiques et les transformations sociétales. Les grandes compétitions sportives au début du XXème siècle s’appuyaient sur des chaînes d’approvisionnement locales, limitées par les capacités de l’époque. Les marchandises et services nécessaires provenaient principalement des environs immédiats, illustrant une logistique rudimentaire.
Une contribution de Fabienne Cetre, Senior Vice President EMEA chez Kinaxis.
Aujourd’hui, et alors que les Jeux Olympiques de Paris viennent de s’achever, les chaînes d’approvisionnement sont mondialisées, offrant une fluidité et une efficacité inégalées grâce à des technologies avancées comme l’intelligence artificielle et l’Internet des objets. Cependant, l’importance croissante des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) incite un retour aux approvisionnements locaux pour réduire l’empreinte carbone et soutenir les économies locales. Retour sur les tendances qui ont animé la supply chain pendant près d’un siècle.
1. De la simplicité locale à la complexité mondiale
Au début du XXème siècle, les chaînes d’approvisionnement étaient principalement locales et régionales, limitées par les capacités de transport et de communication. Les approvisionnements en nourriture, équipements sportifs et autres nécessités provenaient de sources locales, et la gestion se faisait manuellement via des documents papier. Cette approche, bien qu’adaptée à l’époque, reposait fortement sur les relations communautaires et les réseaux informels, mais souffrait d’une grande dépendance aux conditions climatiques et aux aléas locaux.
Avec l’urbanisation croissante et le développement des infrastructures de transport, les échanges ont commencé à s’étendre au-delà des frontières locales. Les petites entreprises locales ont dû s’adapter à une concurrence accrue et intégrer des réseaux logistiques plus vastes pour survivre. Ce passage de la simplicité locale à la complexité mondiale a marqué un tournant crucial, où l’efficacité et la rapidité sont devenues des critères déterminants dans la gestion des chaînes d’approvisionnement.
Les avancées technologiques de la Seconde Guerre mondiale ont initié une nouvelle ère. Les innovations en matière de transport et de logistique, stimulées par les besoins militaires, ont transformé les chaînes d’approvisionnement. L’introduction des premiers ordinateurs dans les années 1960 a révolutionné la gestion des stocks et des flux de marchandises, permettant une plus grande efficacité et une meilleure coordination.
2. L’ère de la mondialisation et de l’automatisation
Les décennies suivantes ont vu une expansion rapide des chaînes d’approvisionnement à l’échelle mondiale. Les années 1980 et 1990 ont été marquées par l’introduction des technologies de communication standardisées comme l’EDI et les codes-barres, qui ont amélioré la traçabilité et la gestion des produits.
L’externalisation de la production vers des pays à faible coût de main-d’œuvre, principalement en Asie, est devenue courante, transformant les chaînes d’approvisionnement en réseaux mondiaux complexes et intégrés.
L’avènement de l’Internet a révolutionné le partage d’informations, tandis que les méthodes de production « juste-à-temps » ont permis de réduire les stocks et d’améliorer l’efficacité. Les systèmes de planification des ressources d’entreprise (ERP) et l’automatisation des processus, introduits dans les années 2000, ont encore rationalisé les opérations logistiques, rendant les chaînes d’approvisionnement plus rapides, précises et connectées. Cette intégration mondiale a permis des niveaux de coordination et de réactivité sans précédent, mais a aussi introduit des vulnérabilités, nécessitant des stratégies de gestion des risques plus sophistiquées.
Des événements sportifs majeurs, tels que les Jeux Olympiques de Séoul en 1988, la Coupe du Monde de la FIFA en 1998 en France, et les Jeux Olympiques de Pékin en 2008, ont illustré ces transformations. Ces compétitions internationales ont mis en lumière la complexité des supply chain modernes, où des équipements et produits alimentaires en provenance du monde entier ont convergé pour répondre aux besoins des athlètes et des spectateurs.
3. Vers une chaîne d’approvisionnement durable et résiliente
Aujourd’hui, la complexité des chaînes d’approvisionnement mondiales est à son apogée, mais cette complexité est accompagnée de défis majeurs. La pandémie de COVID-19 a mis en lumière la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement mondiales, incitant les entreprises à redécouvrir les avantages des approvisionnements locaux et régionaux pour garantir la résilience face aux perturbations globales.
Les JO 2024 qui se sont déroulés à Paris ont incarné cette transformation. Cet événement a nécessité une coordination logistique sophistiquée, intégrant les dernières technologies pour assurer une expérience fluide et durable. Les systèmes IoT ont permis une surveillance en temps réel des stocks et des équipements, tandis que les produits alimentaires étaient majoritairement sourcés localement pour réduire l’empreinte carbone, il s’agissait d’ailleurs d’une ambition affichée par les organisateurs de l’évènement. Les stades ont utilisé des matériaux écologiques et des pratiques durables, reflétant une tendance croissante vers des chaînes d’approvisionnement plus vertes et responsables.
L’évolution des chaînes d’approvisionnement, de la simplicité locale du début du XXème siècle à la sophistication technologique des JO 2024, illustre une transformation profonde. Chaque étape de cette évolution a été marquée par des innovations et des défis mondiaux, façonnant la manière dont les biens sont produits, déplacés et consommés. Les JO de Paris ont symbolisé l’apogée de cette transformation, intégrant technologie, durabilité et résilience pour offrir une expérience exceptionnelle à tous les participant
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