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Tribune | Pour une Europe de la santé… en bonne santé !

santéShot of a group of medical practitioners using a digital tablet together in a hospital

Dans une tribune pour Forbes, Delphine Aguiléra-Caron, présidente de Janssen France plaide pour une meilleure compétitivité de la filière pharmaceutique européenne. 

 

Le contexte des élections européennes nous invite à replacer la santé au cœur des débats. Selon le dernier Eurobaromètre publié en avril dernier, la santé est le deuxième sujet de préoccupation des citoyens des 27 États membres, avec 32 % des voix, juste derrière la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, et devant le soutien à l’économie et la défense. En France, ce sujet arrive en troisième position (36 %), après la lutte contre la pauvreté et l’action contre le changement climatique. Pourtant, malgré cette priorité affichée par les citoyens, la santé reste étonnamment absente des débats.

 

Compétitivité de la filière « santé » : un enjeu crucial pour l’économie européenne

L’industrie pharmaceutique en Europe représente pourtant 700 000 emplois directs et injecte plus de 194,2 milliards d’euros par an dans l’économie européenne. En France, notre secteur s’appuie sur plus de 106 000 collaborateurs dans près de 150 métiers, de la recherche médicale à la production industrielle et à la distribution des médicaments. Ces chiffres illustrent bien l’importance stratégique de cette industrie innovante pour notre autonomie sanitaire et économique.

Cependant, notre compétitivité dans ce secteur est de plus en plus mise à mal. L’écart d’investissement entre les Etats-Unis et l’Europe est passé en 20 ans de 2 milliards d’euros à 25 milliards d’euros. Ce sous-investissement a conduit à un retournement de situation : aujourd’hui seuls 22 % des nouveaux traitements mondiaux proviennent d’Europe, quand près de 50 % proviennent des États-Unis.

 

Patients européens : les grands perdants ?

La compétitivité de notre secteur ne répond pas uniquement à un enjeu économique. Elle favorise, grâce au maintien de son attractivité, l’espérance de vie de milliers de patients et l’accès précoce à des thérapies et médicaments innovants. En participant activement à des essais cliniques, les patients européens bénéficient d’un accès anticipé à des traitements de pointe. Cependant, le manque d’attractivité de l’Europe en matière de R&D a des conséquences concrètes : moins de possibilités de participer à des essais cliniques, délais plus longs pour accéder aux médicaments innovants, croissance économique ralentie et perte de savoir-faire et de compétitivité industrielle.

L’Europe est au 3ème rang mondial en matière de recherche, accueillant 20% des 1700 essais cliniques ayant lieu dans le monde, quand 50% d’entre eux se déroulent aux USA et 38% en Asie.

 

Rattraper le retard : des défis et des opportunités à saisir

Dans ce contexte de concurrence mondiale exacerbée, l’Europe doit absolument combler son retard vis-à-vis des Etats-Unis et des acteurs asiatiques comme la Chine ou la Corée du Sud pour retrouver sa place de leader de l’innovation. Entre 1990 et 2019, les investissements en R&D ont été multipliés par 4,9 en Europe, alors qu’ils ont été multipliés par plus de 9,5 aux États-Unis. Ce décalage doit nous alerter et nous pousser à agir.

D’autre part, dans un univers aussi complexe que celui du médicament, la souveraineté en matière de production ne peut se penser qu’à l’échelle européenne. L’Europe est un acteur important dans la production de médicaments avec environ 4000 sites recensés et 508 médicaments autorisés entre 2017 et 2022.

Néanmoins, sa part de marché diminue face à l’Asie : premier producteur mondial, la Chine permet aujourd’hui à l’Asie de produire plus de la moitié des médicaments consommés dans le monde.

Cette dépendance accrue de l’Europe vis-à-vis des importations de médicaments venant d’autres continents est croissante, ce qui pose des questions de souveraineté sanitaire et de sécurité d’approvisionnement.

Des milliers de professionnels de santé travaillent chaque jour pour offrir les meilleurs soins possibles à leurs patients. Les efforts des uns comme les attentes des autres méritent d’être reconnus et pris en compte dans les débats politiques. Nous devons encourager les investissements en recherche et développement, faciliter l’accès aux essais cliniques, consolider nos capacités de production à l’échelle européenne pour que notre continent reste à la pointe de l’innovation. Les élections européennes représentent une occasion cruciale de définir cette stratégie.

Engageons-nous pleinement pour construire un écosystème de l’innovation solide, favorisant une Europe souveraine à la pointe de la qualité des soins et de l’innovation thérapeutique.

 

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