Le 8 mars dernier, Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’industrie, a annoncé la relance du collectif IndustriElles, créé en 2019. Frédérique Le Grevès, présidente de STMicroelectronics France, est la marraine de ce collectif à impact dont l’objectif ambitieux est de mobiliser les hommes et les femmes de l’industrie afin d’agir en faveur de la mixité dans le secteur.
Si la mixité dans l’industrie est un travail de longue haleine, et très fastidieux, de plus en plus d’actions sont mises en place et le changement commence à se faire sentir. Le 23 mai dernier, Roland Lescure et Frédérique Le Grevès ont réuni à Bercy les associations engagées sur le sujet, des dirigeants et dirigeantes d’entreprises, des jeunes étudiantes et étudiants, ainsi que des parlementaires, pour présenter les objectifs du collectif IndustriElles et échanger autour des enjeux de la féminisation des métiers de l’industrie. Ce lancement intervient dans le contexte de la présentation du projet de loi sur l’industrie verte, par Bruno Le Maire et Roland Lescure, dont le quatrième axe, « Former », a vocation à améliorer la formation aux métiers industriels, avec un accent particulier mis sur la féminisation de ces métiers. Selon Roland Lescure, il y a « trop de barrières qui existent encore pour les femmes dans l’industrie. La représentation des femmes dans des rôles de modèles est essentielle pour montrer à tous que l’industrie n’est pas un univers réservé aux hommes. Le collectif IndustriElles a vocation à fédérer toutes les initiatives existantes dont je salue l’action quotidienne pour devenir le véritable moteur de la féminisation de l’industrie. »
Devenir porte-parole des femmes
Le groupe veut mobiliser 30 femmes ambassadrices, atteindre 5 000 membres sur son réseau LinkedIn, rencontrer 5 000 classes scolaires et former 100 duos de femmes mentors et jeunes filles mentorées. Le collectif IndustriElles veut changer l’image de l’industrie auprès « des jeunes filles et des femmes » pour les attirer vers ce secteur. Pour cela, il s’est fixé trois nouveaux objectifs. Il souhaite recruter, dès à présent, « de nouveaux profils », femmes et hommes, techniciens ou cadres supérieurs, sur tout le territoire national, afin de « devenir porte-parole dans les médias ou sur les réseaux sociaux, de devenir mentors auprès de jeunes filles, et de contribuer au partage de bonnes pratiques en matière de mixité femme-homme », comme le précise Roland Lescure.
Pour féminiser l’industrie, le chemin n’en reste pas moins long : les femmes représentent moins de 30 % des salariés dans les usines, un chiffre qui stagne depuis dix ans. Ajouter à cela, un autre constat, celui des postes occupés, car les femmes exercent souvent des fonctions support et ne sont que 10 à 15 % dans les métiers de la conception et de la production. Enfin, les femmes restent peu présentes dans les fonctions de direction, à hauteur d’environ 15 % dans les comités exécutifs. Dans le projet de loi sur l’industrie verte, qui sera débattu cet été au parlement, il y a bien, dans le volet formation, une volonté de féminiser les métiers de l’industrie, où les écoles des Mines- Télécom s’engageront « à ce que 28 % de leurs étudiants(es) soient des femmes d’ici 2030 », contre 20 % actuellement. D’autres chantiers devront être menés pour encourager l’émergence de profils techniques féminins et viser la parité. Pour briser ce fameux plafond de verre, le collectif IndustriElles compte s’appuyer sur quatre piliers.
La renaissance du collectif
Afin d’assurer la relance du collectif mis en place par le gouvernement, l’idée est de constituer un vivier de « modèles » : des duos féminins, entre femmes mentors et jeunes filles mentorées qui pourront intervenir à l’occasion de demi-journées de découverte des métiers, table rondes, conférences, événements publics, et dans les médias afin de « faire découvrir et promouvoir » les métiers de l’industrie. Il faudra aussi devenir « la marque ombrelle » de toutes les organisations et initiatives qui œuvrent déjà à la promotion de l’industrie au féminin, telles que Elles bougent, Femmes ingénieures, Worldskills, My Job Glasses, et plus récemment Les meufs de l’industrie (LMDI). Le collectif IndustriElles, lancé en 2019 sous l’impulsion d’Agnès Pannier- Runacher, alors ministre chargée de l’industrie, s’était vite essoufflé, notamment du fait de la crise du Covid. Après avoir ravivé, le 8 mars, ce collectif lors du salon Global Industrie de Lyon, le ministre de l’Industrie Roland Lescure a souhaité lui donner un nouveau coup de projecteur lors de cette rencontre à Bercy, avec l’arrivée d’une grande cheffe d’entreprise comme marraine, Frédérique Le Grevès. « Je suis honorée de présider le collectif IndustriElles. Toute ma carrière s’est construite dans l’industrie, par choix et avant tout par passion », explique la CEO de STMicroelectronics France. « Je suis convaincue que la diversité est une richesse et un levier de performance, donc je m’engage à partager ma passion à travers ce collectif. L’industrie offre aux femmes de formidables opportunités de carrière. Je souhaite donner envie aux femmes de nous rejoindre pour construire ensemble l’industrie de demain qui apporte des solutions aux grands défis sociétaux tels que la transition énergétique et la transformation digitale. »
Grâce à son rôle capital dans l’industrie à la tête de STMicroelectronics France, entreprise parmi les premiers acteurs mondiaux du secteur économique de la production de semi-conducteurs, elle entend bien mener le secteur de l’industrie vers la diversité et la mixité. « Nous n’avons plus le temps de nous demander ce qu’on peut faire, maintenant, il faut agir. Travailler dans l’industrie, c’est exercer un métier à impact. L’industrie est un pilier essentiel de notre économie, qui a besoin de talents et de diversité. Cette initiative, on veut l’étendre sur tout le territoire. »
Plus de mixité pour plus de performance
Et pour cela, les ambassadrices nommées par le collectif tiendront un rôle qui ira donc au-delà de la capitale. Sur les 7 000 collèges en France, Frédérique le Grevès a un objectif bien précis : toucher 5 000 classes en 2023. « Pourquoi choisir les collèges ? Une étude démontre les impacts significatifs des modèles dès le collège. Il est important pour nous de toucher ces jeunes filles et de leur donner envie. » Au mois d’octobre, 100 duos entre femmes de l’industrie et jeunes filles seront rassemblés dans ce but pour créer un véritable échange et enrichir l’industrie. Pour Aline Aubertin, DG de l’Isep et présidente de l’association Femmes ingénieures, très engagée dans le collectif IndustriElles, le mentorat est un facteur clé pour favoriser la mixité dans l’industrie. « Même au sein des écoles d’ingénieurs, les jeunes filles sont découragées à poursuivre un parcours dans l’industrie. C’est là que l’option du mentorat prend tout son sens. » Pour la directrice de l’école d’électronique de renom, il ne suffit pas d’intervenir dans les classes, mais de créer un accompagnement pour encourager les jeunes lycéennes et étudiantes à tracer leur chemin dans l’industrie.
L’amélioration de la place des femmes dans l’industrie, et plus largement dans tous les secteurs de l’économie, est un enjeu majeur pour la compétitivité et la croissance de la France. L’ambition d’une industrie française toujours plus dynamique et solide ne peut se réaliser en se passant de la moitié de la population et donc des talents. Les études le prouvent : plus de mixité au sein d’une entreprise, c’est plus de performance économique.
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