Que signifie être à la retraite en pleine récession ? Tout bon capitaine sait manœuvrer en eaux troubles en s’appuyant sur des principes solides, qu’ils soient écrits dans un manuel ou ancrés dans son esprit. Mais une règle prime sur toutes les autres : si une tempête se profile à l’horizon, mieux vaut la contourner.
Cependant, il est parfois impossible d’échapper à une mer agitée. Un refuge sûr serait idéal, mais vous êtes un navigateur chevronné. Vous avez appris à garder le cap, quelles que soient les turbulences. Des années d’expérience vous ont préparé à affronter les tempêtes avec calme et maîtrise. Si vous êtes à la retraite, une question vous traverse sans doute l’esprit : « Suis-je prêt à affronter une récession ? »
Une récession est-elle une menace pour les retraités ?
Que l’économie soit en plein essor ou en ralentissement, la retraite présente un double défi : assurer votre stabilité financière immédiate tout en veillant à la croissance de vos ressources à long terme. Il s’agit d’un équilibre délicat entre « croissance et revenu », un principe longtemps au cœur des fonds communs de placement avant que la classification Morningstar ne devienne la référence incontournable des conseillers financiers.
En réalité, conjuguer ces deux objectifs revient à pratiquer le multitâche financier – une approche qui s’avère particulièrement bénéfique pour les retraités.
D’après la Réserve fédérale, « parmi les retraités sans revenu d’activité, ceux disposant d’une pension ou de revenus issus d’intérêts, de dividendes ou de loyers s’en sortaient mieux financièrement que ceux qui dépendaient uniquement de la sécurité sociale et des aides publiques en espèces, ou qui n’avaient déclaré aucune source de revenus en 2023 ». L’étude souligne ainsi que les retraités bénéficiant de plusieurs sources de revenus sont mieux armés pour faire face à une récession et maintenir une certaine stabilité financière.
Pourtant, malgré cette relative sécurité, de nombreux retraités cherchent des stratégies concrètes pour traverser une période d’incertitude économique. Comme tout bon navigateur face aux remous du marché, il est essentiel de s’appuyer sur des principes solides pour garder le cap. Tout commence par une base financière bien ancrée.
Il peut être intéressant d’examiner cette question de plus près.
Dans quoi éviter d’investir en période de récession ?
Lorsque vous faites construire la maison dans laquelle vous comptez vivre longtemps, vous veillez à ce que le maçon pose des fondations solides. Vous ne voulez pas qu’un coup de vent ou une secousse compromette sa stabilité.
Il en va de même pour votre retraite. Vous pourriez y passer un tiers de votre vie, ce qui exige une base financière robuste et sécurisée. Heureusement, il existe des repères clairs pour y parvenir.
« Il est essentiel de conserver l’équivalent de deux ans de dépenses dans des placements sans risque, comme les fonds monétaires, car ils restent plus stables en période de récession », explique Lisa Greene-Lewis, experte fiscale chez TurboTax à Ladera Ranch, en Californie. « Ces fonds permettent de déplacer facilement son argent tout en protégeant ses gains. »
L’objectif de deux ans d’épargne en liquidités recommandé par Greene-Lewis n’est pas arbitraire. Il correspond au temps moyen nécessaire pour que le marché boursier se redresse après une récession. En puisant dans ces réserves pour couvrir vos dépenses de retraite, vous évitez de vendre des actions à perte lorsque les cours sont bas, préservant ainsi votre potentiel de croissance à long terme.
Constituer un fonds d’urgence solide est une étape clé pour protéger votre portefeuille de retraite des turbulences économiques. Les liquidités sont le socle de la stabilité financière à la retraite. Si elles offrent une sécurité précieuse en période de crise, il est tout aussi essentiel de ne pas négliger la croissance de votre patrimoine sur le long terme.
Quel portefeuille équilibré résiste le mieux à une récession pour la retraite ?
Voici une nouvelle perspective à considérer. Les principes classiques de gestion de portefeuille recommandent depuis longtemps d’allouer les actifs en fonction de grandes classes d’investissement. Par exemple, un portefeuille dynamique peut suivre une répartition « 80/20 », avec 80 % d’actions et 20 % d’obligations, tandis qu’un portefeuille plus prudent peut adopter une approche « 40/60 », avec une part plus importante d’obligations.
Ces dernières années, une autre approche a émergé : au lieu de s’appuyer uniquement sur les catégories d’actifs, certains experts suggèrent d’allouer les investissements en fonction de niveaux de risque spécifiques.
« Aujourd’hui, la plupart des conseillers en retraite recommandent une approche en trois volets, qui consiste à répartir les actifs en fonction de l’horizon de besoin », explique Neal K. Shah, PDG de CareYaya Health Technologies à Research Triangle Park, en Caroline du Nord.
- Besoins immédiats : les liquidités et équivalents de trésorerie couvrent jusqu’à deux ans de dépenses et restent facilement accessibles.
- Moyen terme : des placements à revenu fixe très prudents offrent une croissance modérée avec un risque minimal. Cette catégorie vise à compenser l’inflation et les fluctuations des taux d’intérêt sur un horizon de 2 à 5 ans.
- Croissance à long terme : les actions, sélectionnées pour leur potentiel de forte progression sur 10 à 25 ans, permettent de contrer l’érosion monétaire et les variations de taux sur une période de 5 à 10 ans.
Cette approche vise à équilibrer sécurité, rendement et protection contre l’inflation tout au long de la retraite.
L’historique des marchés démontre que les portefeuilles équilibrés, qu’ils reposent sur une répartition par pourcentage ou une approche basée sur le niveau de risque, ont toujours fini par compenser les pertes subies en période de récession. Cette stratégie offre ainsi un équilibre entre sécurité et potentiel de croissance.
Récession, baisse des taux d’intérêt et retraite
En période de récession, la demande de capitaux diminue, car les entreprises réduisent leurs investissements. Cette baisse de la demande entraîne souvent une diminution des taux d’intérêt, un phénomène dont peuvent tirer parti les retraités.
« Les récessions s’accompagnent généralement d’une baisse des taux d’intérêt pour stimuler l’économie », explique Vince DeCrow, fondateur de RISE Investments à Chicago. « Cela peut offrir des opportunités de refinancement, réduisant ainsi les mensualités liées au logement, ou encore faciliter l’achat d’une résidence secondaire. »
Selon les prévisions, au moins deux baisses de taux sont attendues en 2025. Un ralentissement économique peut ainsi avoir un effet positif sur le pouvoir d’achat des retraités, en limitant l’inflation et en améliorant leur accès à des solutions financières plus avantageuses.
Des opportunités inattendues pour les retraités en période de récession
Chaque récession a ses spécificités, à l’image de chaque tempête qui suit son propre cours. Pourtant, certains principes restent valables pour traverser ces périodes difficiles. Trois éléments clés permettent de mieux gérer l’incertitude : maintenir une réserve de liquidités pour la sécurité, investir dans un portefeuille équilibré pour assurer la résilience et surveiller les baisses de taux et l’inflation afin de saisir des opportunités imprévues.
Il est possible de surmonter une récession et, avec la bonne approche, d’en tirer parti. C’est là qu’intervient la règle du bonus inattendu : oser voir au-delà des évidences. Pour ceux qui savent garder le cap et prendre des décisions éclairées, ces périodes peuvent révéler des occasions uniques d’optimiser leur patrimoine.
D’ailleurs, les retraités disposant de plusieurs sources de revenus sont souvent mieux armés pour faire face aux turbulences économiques. Être à la retraite ne signifie pas qu’il n’existe plus de nouvelles opportunités financières. Parfois, une récession peut même devenir un tremplin vers une nouvelle phase de croissance.
En période de récession, les retraités avisés ne se contentent pas de survivre : ils mettent le cap sur des rivages plus ensoleillés.
Une contribution de Chris Carosa pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
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