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Reportage | Guerre en Ukraine : Le quotidien des civils à Kiev entre peur, incertitude, amertume et espoir

Pour Forbes Ukraine, Daryna Antoniuk partage le quotidien d’habitants de Kiev qui ne peuvent pas quitter la ville ou qui ont décidé de rester face à l’avancée de l’invasion russe.


 

Des soldats ukrainiens gardent l’entrée de l’abri anti-bombes
Pour démasquer les éventuels saboteurs, ils demandent parfois aux gens de dire « palyanitsa », un terme qui désigne le pain ukrainien et que les Russes ont du mal à prononcer.

Liza, 23 ans, responsable du markéting sur les réseaux sociaux à Kiev, entend les sirènes signalant un raid aérien une demi-douzaine de fois par jour. Lorsqu’elle les entend, elle prend son chat, ses documents administratifs, des vêtements chauds et de la nourriture qu’elle a préparée à l’avance au cas où elle devrait s’abriter à l’heure du repas, et elle court.

Le bunker souterrain ne dispose pas de connexion internet, si bien que Liza doit constamment sortir pour vérifier les dernières nouvelles. Pour une responsable du markéting sur les réseaux sociaux, c’est le pire endroit où travailler, affirme-t-elle.

 

 

Des millions d’Ukrainiens devraient fuir le pays
Des millions d’autres restent sur place. En plus de la violence des forces russes, des innombrables sirènes signalant un raid aérien et la possibilité d’être bombardé à tout moment, les habitants de la capitale ukrainienne, comme Liza, doivent faire face à de longues files d’attente devant les épiceries, à des limites d’achat et à des pénuries alimentaires. Ils ne peuvent pas aller très loin en voiture à cause des postes de contrôle et doivent supporter leurs familles qui vivent dans les zones contrôlées par la Russie et qui leur affirment ne pas croire à une guerre, car la propagande du Kremlin remplit les ondes, professant une paix qui n’existe pas.

Liza et sa mère vivent à Kiev, tandis que sa grand-mère est à Louhansk, une région majoritairement pro-russe à l’est de l’Ukraine, et que son grand-père se trouve à Sotchi, la station balnéaire russe au bord de la mer Noire. « Ils regardent la propagande de la télévision russe et ne croient pas que nous avons une guerre ici », indique Liza. « Ma grand-mère disait que la Russie était venue nous sauver du gouvernement nazi. » Le président ukrainien est juif et des membres de sa famille ont été massacrés par les nazis durant l’Holocauste.

Louhansk est la ville natale de Liza. Elle se souvient (ou plutôt ne peut pas oublier) les bombardements russes de juin 2014 qui ont touché le bâtiment de l’administration d’État de la ville. Huit personnes ont été tuées et plus de 20 gravement blessées. « J’avais 15 ans à l’époque et je ne comprenais pas pourquoi il y avait des cadavres dans le parc », raconte-t-elle.

 

Aujourd’hui, Kiev est la cible principale de la Russie
Liza reste quand même. Elle vit sur la rive gauche de la ville avec cinq amis, deux chats et un lapin. Elle dit avoir pensé à fuir vers l’ouest de l’Ukraine ou vers un autre pays, mais cela serait trop compliqué avec ses animaux. « Je ne laisserai jamais mon chat », dit-elle. De plus, il est impossible d’accéder à la gare de Kiev en voiture. Le pont qui relie les rives gauche et droite de la ville est bloqué par les militaires.

Le pire dans le quotidien à Kiev en ce moment, c’est l’anxiété, indique Liza. L’anxiété et l’incertitude. « Nous ne dormons que quelques heures par jour, et l’un d’entre nous est toujours éveillé pour prévenir les autres des raids aériens », déclare la jeune ukrainienne.

Avec ses amis, ils sont tout le temps dans la cuisine, à faire bouillir des pâtes, à préparer de la soupe, à faire du thé. De cette façon, ils auront toujours de la nourriture pour se ravitailler dans l’abri.

Les pénuries alimentaires sont courantes
« Nous pouvons faire la queue pendant des heures juste pour nous rendre compte qu’il n’y a pas de produits de première nécessité dans le magasin : pain, farine, sucre, eau, pâtes ou sarrasin », explique Liza. Le groupe d’amis rationne leurs provisions, car ils ont peur que la nourriture vienne à manquer.

 

« Nous sommes très épuisés », indique Liza. « Nous avons de la famille dans différentes villes et nous nous inquiétons pour elles. Mais nous savons que nous allons gagner, car nous avons une armée forte. Je n’avais même pas réalisé à quel point elle était forte jusqu’à maintenant. »

 

Article traduit de Forbes US – Auteure : Daryna Antoniuk pour Forbes Ukraine

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