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Première dame, premier rôle ? | Valérie Trierweiler (2012 – 2014) : « Il faut sortir de l’hypocrisie et définir un budget pour la First Lady »

Valerie Trierweiler
GettyImages

Sous la Ve République, neuf premières dames ont gravi les marches de l’Élysée. Elles ont, chacune à leur manière, influencé le septennat ou quinquennat de leur mari. Sans statut officiel et sans s’exprimer politiquement, ces femmes se sont engagées dans des œuvres caritatives, ont mis leur notoriété au service de la France et ont accompagné leur conjoint au sommet de l’État. Rencontre avec Valérie Trierweiler qui a dû se composer un rôle sans mode d’emploi. 

 

Vous avez été première dame de 2012 à 2014. Comment avez-vous choisi de remplir votre rôle ?

V.T. : Au départ, j’ignorais comment j’allais remplir ce rôle. Toutefois, j’avais fait le choix de ne pas créer de fondation. Il existe déjà tant d’associations ou de fondations efficaces que je ne voulais pas en ajouter une. Je préférais m’appuyer sur l’une d’entre elles. C’est ce que j’ai fait avec la fondation Danielle Mitterrand qui m’avait sollicitée. Et je ne voulais pas m’enfermer dans un seul type d’action. Je souhaitais également aller vers l’international.

Quels sont, selon vous, les devoirs d’une première dame ? Doit-elle prendre part à la vie diplomatico-politique ?

V.T. : La première dame, d’après ce que j’ai pu expérimenter, a davantage de devoirs que de droits ! On lui demande beaucoup et elle vit dans une injonction paradoxale permanente. Elle doit être au service des Français et du président et tout cela sans exister ! Il n’y a pas de rôle politique ni diplomatique, quoique… J’ai pu, avec la première dame du Mali, débloquer des cas d’adoption. En Afrique du Sud, j’ai rencontré des couples de lesbiennes et des associations LGBT. Ce n’était pas politiquement correct.

Durant les deux années que vous avez passées à l’Élysée, vous avez gardé votre activité professionnelle de journaliste. Selon vous, une première dame devrait pouvoir continuer à travailler ?

V.T. : J’ai été la seule première dame sans fortune personnelle. J’avais mes trois enfants à charge. La question ne se posait donc pas. Cela peut paraître étrange mais, même en étant à l’Élysée, j’étais comme beaucoup de femmes, travailler était une nécessité. Mais au-delà de ça, oui, une première dame doit pouvoir travailler s’il n’y a pas de conflit d’intérêt.

Vous vous êtes investie dans de nombreuses associations caritatives. Est-ce que l’engagement associatif fait forcément partie du rôle de la première dame ?

V.T. : Cela fait partie de ce que l’on attend d’elle, oui. Mais le rôle n’est pas défini.

Comment ce rôle pourrait-il évoluer ?

V.T. : Il faudrait d’abord qu’il soit clarifié. La première chose serait de sortir de l’hypocrisie et qu’un budget soit défini comme aux États-Unis.

Faudrait-il que la première dame ait un statut officiel au sein de la République ?

V.T. : Peut-être mais cela reste difficile.

Quel est votre regard sur la première dame actuelle ?

V.T. : Brigitte Macron, que je connais, fait beaucoup de choses. Mais elle a choisi la discrétion totale vis-à-vis des médias. Alors personne ne sait ce qu’elle fait. C’est dommage. À sa manière, la première dame représente la femme française et le savoir-faire français (notamment à travers ses tenues).

Est-ce un rôle assumé ?

V.T. : Oui. Porter les tenues de créateurs français fait partie des traditions comme assister aux défilés.
La mode française est réputée à travers le monde.

À l’Élysée, vous avez fait de l’égalité des chances l’une de vos priorités. Aujourd’hui, vous préparez un podcast sur la méritocratie. Pouvez-vous nous en parler ?

V.T. : L’égalité des chances est effectivement un sujet qui me tient à cœur. Pourquoi deux enfants ne partiraient-ils pas dans la vie avec les mêmes possibilités ? Parce que l’un ne serait pas né dans le bon quartier ? N’irait pas dans la bonne école ? C’est en arrivant au lycée que j’ai vraiment compris l’impact des différences sociales. Avant, j’étais dans mon quartier et tout le monde était logé à la même enseigne. J’ai eu la chance de pouvoir faire des études et un métier que j’aime. Ce n’est pas le cas de tous ceux qui naissent dans un « quartier ». Je veux aussi que l’espoir demeure, c’est pourquoi j’ai commencé Podcaststory, une série de portraits intitulée « Partis de rien ». On va découvrir des parcours incroyables de personnes nées dans des milieux défavorisés et qui ont atteint des sommets. 

 

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