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Première dame, premier rôle ? | Cécilia Attias (2007) : « Brigitte Macron fait un travail formidable tout en restant discrète. »

Cécila Attias
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Elles ont été professeure des écoles ou attachée parlementaire, elles sont toujours chanteuse, journaliste ou auteure. Sans avoir été élues par le peuple français, elles ont investi l’Élysée. Si outre Atlantique, la first lady a un statut institutionnalisé, les premières dames françaises n’ont, depuis 2017, qu’une phrase les concernant dans nos textes : « Le conjoint du président exerce un rôle de représentation, de patronage et d’accompagnement de son conjoint. »

À l’aube d’un nouveau quinquennat, nous avons demandé à Cécilia Attias (ex-Sarkozy), comment elle a appréhendé cette position singulière, comment elle a, à sa manière, redéfini, et comment elle a exercé les missions qu’elle s’est choisies ou qui lui ont été confiées. Au lendemain de l’élection présidentielle qui a vu la victoire d’Emmanuel Macron, nous l’avons aussi interrogée sur l’épouse du chef de l’État qui lui a donc succédé, Brigitte Macron.

Comment avez-vous choisi de remplir votre rôle ?

CÉCILIA ATTIAS : J’ai travaillé avec Nicolas Sarkozy dès le début de notre rencontre. Pendant 20 ans, j’ai œuvré à ses côtés sans statut particulier puis je suis devenue son attachée parlementaire. Je n’ai jamais cessé de travailler avec lui. De fait, quand il est devenu président, j’ai simplement poursuivi la collaboration que nous avions déjà mise en place des années auparavant. Ce rôle entrait en résonance avec le rôle de représentation qui échoit à la première dame mais aussi avec la volonté de me rendre utile pour les autres, il me semblait que c’était bien la moindre des choses. Je l’ai vécu comme un honneur.

Quels sont les devoirs d’une première dame ?

C.A. : C’est elle qui organise la vie quotidienne de l’Élysée, elle organise les dîners d’État et les réceptions. C’est une dimension peu connue, mais néanmoins importante puisque l’on participe au rayonnement de la France grâce à l’art de recevoir à la française. Outre cet aspect-là, il y a tout ce qu’une
première dame peut faire. À l’Élysée, le téléphone ne cesse de sonner et le courrier ne cesse d’arriver pour demander toutes sortes de services. Pour ma part, j’avais un cabinet de cinq personnes et nous nous occupions des problèmes des Français. Nous apportions toute l’aide que le Président n’a pas le
temps de fournir. En ce sens, à mon avis, la première dame est l’alliée de son époux.

Doit-elle prendre part à la vie diplomaticopolitique ?

C.A. : À mon avis, elle n’a pas de légitimité pour participer à la vie diplomatique ou politique du pays. Ce n’est pas elle qui est élue. En revanche, elle a toute légitimité pour trouver une place dans l’organisation et apporter sa contribution à toutes les questions qui relèvent des aspects caritatifs. Il est normal qu’elle capitalise sur l’infl ence qui lui est accordée en étant aux côtés du chef de l’État pou être une facilitatrice et défendre des causes nobles et utiles. Après, lorsque les portes se referment le soir, il est normal d’avoir des discussions comme dans tous les couples du monde. Il est à noter que la première dame est l’une des seules personnes auprès du président qui peut donner son avis de façon désintéressée, parce qu’elle n’attend rien et ne veut rien, si ce n’est d’être l’alliée de son conjoint dans sa mission de chef de l’État.

Quelques mois après votre arrivée à l’Élysée, vous vous êtes impliquée à travers la libération des infirmières bulgares, devenant ainsi « l’émissaire du président ». Est-ce aussi cela le rôle d’une première dame ?

C.A. : Ce n’était pas de la diplomatie parallèle, c’était un rôle humanitaire que j’ai souhaité
accomplir dans un but totalement désintéressé. J’ai agi parce que je savais que j’avais en moi la force et
l’abnégation nécessaires pour sortir ces infirmières et ce médecin des geôles de Kadhafi. Ils étaient
condamnés à mort et donc ma seule motivation était de sauver ces six vies. Je trouve trop officielle l’appellation « émissaire du président », c’est un nom qui peut empiéter sur des choses qui ne sont pas du ressort d’une première dame. Être l’émissaire du président sur le plan humanitaire, pour aider autant que faire se peut, je suis d’accord. Il faut bien définir ce rôle afin de ne pas empiéter sur les fonctions de son époux.

Comment selon vous ce rôle pourrait-il évoluer ?

C.A. : L’évolution du rôle de première dame est une chose à travailler avec le président et avec son cabinet. Je pense qu’il faut déterminer les devoirs et les limites du rôle d’une première dame. Selon moi,
elle devrait avoir un cabinet qui lui permette d’agir sur le plan humanitaire et social.

Faudrait-il que la première dame ait un statut officiel dans la République ?

C.A. : Je pense effectivement que ça rendrait les choses beaucoup plus simples et claires. Que la première dame ait un statut et un rôle officiel est, à mon sens, essentiel. Lui permettre d’intervenir sur certains sujets sociaux est important, impactant, et de cette façon, les Français comprendraient que les temps ont changé, qu’il n’y a plus de potiche qui se tient à côté de son mari et qui ne s’occupe que de placements de table.

Vous avez accompagné et conseillé Nicolas Sarkozy quand vous étiez à l’Élysée, et même avant. Une première dame a-t-elle une influence sur les choix politiques de son mari ?

C.A. : Elle ne devrait pas. Mais, comme je le disais, il est normal qu’il y ait des discussions de couple, c’est inévitable. À côté de cela, la première dame n’a pas à interférer dans les choix politiques et diplomatiques de son mari. En principe, ce n’est pas le rôle d’une première dame d’influencer la politique française.

Quel est votre regard sur la première dame actuelle ? Remplit-elle, selon vous, son rôle de la bonne façon?

C.A. : Je pense très sincèrement qu’elle est formidable. Elle a réussi à trouver sa place au côté de son mari. Je trouve qu’elle fait un travail remarquable tout en étant discrète. C’est une femme intelligente et son travail est fait de manière efficace. Je l’ai rencontrée une fois ou deux et c’est une personne que j’apprécie beaucoup. Brigitte Macron a succédé à Bernadette Chirac la présidence de la fondation des Hôpitaux.

Elle a bien fait ?

C.A. : Je trouve cela très bien qu’elle ait repris la présidence de cette fondation. L’organisation des pièces jaunes est une idée formidable et je trouvais dommage que personne ne reprenne cette organisation-là. Voir Brigitte Macron à ce poste-là est parfait.

Depuis votre passage à l’Élysée, vous avez créé la fondation Cécilia Attias pour les femmes. Pouvez-vous nous parler de vos engagements caritatifs et de l’importance qu’ils ont pour vous ?

C.A. : Oui, cette fondation existe depuis 15 ans. Son origine est incroyable. Il y a quelques années, un groupe de femmes iraniennes m’a contactée en me disant que pour faire changer les choses en Iran, il fallait agir de l’intérieur. Ces femmes avaient besoin de l’aide d’une représentante. Pour les accompagner, j’ai décidé de créer une fondation à New York. Depuis, nous aidons les fondations et les associations qui ont besoin de nous. 

 

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