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Pourquoi le transport mondial a besoin d’un passage de relai

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Source : GettyImages

Le continuum de crises dans lequel le monde est entré depuis deux ans, conjugué à l’accélération du commerce connecté et à l’évolution des modes de commandes et distribution, est venu heurter de plein fouet les modèles logistiques traditionnels. La capacité à réorganiser très rapidement les flux en fonction des évènements – sans dégrader le service et les coûts, et tout en respectant des engagements environnementaux forts – est devenue un enjeu majeur dont les donneurs d’ordres doivent repenser le mode de gestion.

 

Reprendre la main face à l’incertitude permanente

Pandémie, bouleversements géopolitiques, Brexit, paralysie du trafic maritime dans le canal de Suez, pénuries de composants, inflation alimentaire et énergétique, … le monde semble être entré dans une ère où les crises de toutes natures se succèdent à un rythme de plus en plus rapide et finissent par s’additionner les unes aux autres pour former un état permanent d’instabilité et d’incertitude.

Face à ce défis, les réponses que les entreprises ont déployées au cours des dernières années ont été essentiellement réactives : concentrer les négociations sur l’obtention de capacités auprès des principaux transporteurs à des taux compétitifs ; modifier l’ensemble de la distribution en faveur de modes de transport moins coûteux et de portes d’entrée portuaires alternatives ; constituer des stocks dans les principales lignes de produits et les approvisionnements les plus importants ; déployer au maximum les stocks au plus près des clients ; ou encore reporter massivement la livraison des commandes.
S’ajoutent à cela différents freins qui brident l’optimisation. Tout d’abord, le conflit d’intérêt existant chez les prestataires qui ont l’ambition d’accompagner leurs clients en gestion des budgets de transport, et qui se trouvent finalement toujours à opérer avec les mêmes solutions. En second lieu, la coordination et même la collaboration entre les différents services impactés (finances, achats, logistique, marketing, etc.) restent une difficulté encore très présente. Enfin, les systèmes d’informations sont souvent conçus pour une typologie de flux et d’intervenants. Lorsqu’il faut changer des paramètres rapidement ou intégrer de nouvelles fonctionnalités, cela s’avère souvent complexe.

Aujourd’hui, une approche plus stratégique et plus avancée de la gestion du fret est nécessaire pour recréer de la valeur, favoriser l’excellence opérationnelle et permettre une vraie résilience sur le long terme. Avec la volatilité permanente du marché, il faut passer d’un mode de pilotage réactif et en silo à une approche plus globale, conciliant rentabilité et agilité de la chaîne d’approvisionnement. Cela exige notamment de se concentrer sur la visibilité en temps réel des expéditions, sur la flexibilité pour pivoter rapidement en cas d’exceptions et de points de blocage, et sur la mise en œuvre d’analyses qui surveillent en permanence les réseaux de fret pour anticiper les perturbations potentielles et évaluer les performances.
Cette approche plus stratégique impose aux entreprises d’étudier de près la refonte de leur modèle opérationnel de fret, en fonction de la façon dont l’organisation perçoit sa fonction de fret en interne : en tant que facilitateur, en tant que différenciateur clé ou en tant qu’élément essentiel de l’avantage concurrentiel et de la croissance future.

 

Naissance d’un nouveau marché

Pour répondre à cette nouvelle donne, un nouveau type de prestataires prend son essor. Ils se positionnent au service des donneurs d’ordre, en amont des intervenants actuels et prennent tout ou partie des fonctions d’organisation des transports des industriels et/ou prestataires logistiques.  La finalité de ce positionnement est d’aboutir à un pilotage global, indépendant, maitrisant nécessairement les données et les équipes dédiées à l’expertise transport.

Le « Supply Chain Management » a connu beaucoup plus que des évolutions ces dernières années et l’on peut parler de disruption de certains modes de gestion. La transversalité et la notion de pilotage sont venus modifier considérablement le monde de la logistique. Il ne s’agit plus simplement d’une gestion au meilleur coût, poste par poste, mais d’une visibilité plus globale permettant à tout moment d’agir sur les leviers d’optimisation. La révolution numérique est au cœur de cette évolution, permettant d’agréger les données et d’en faire des informations exploitables en temps réel, en considérant tous les paramètres de la chaîne logistique.
Cela se traduit par l’avènement de nouveaux opérateurs, qui ne sont pas exécutant direct d’un ou plusieurs postes logistiques, mais coordinateur et responsable de tout ou partie de la fonction transport-logistique. Véritables « pilotes pour compte », ces prestataires sont spécialisés dans le « Freight Spend Management ». Déjà bien implantés dans le monde anglo-saxon, ce mode de gestion se développe désormais en Europe et sur les autres continents.
Par exemple, les solutions de « tour de contrôle » ou encore « Transport Business Intelligence » ne sont plus réservées à des expérimentations isolées de groupes en avance de phase sur la logistique, mais peuvent être proposées à grande échelle par ces prestataires qui n’ont ni camions, ni bateaux, ni avions, ni trains ou entrepôts, et qui pourtant les ont tous, gérant déjà des milliards d’euros de flux.

Cette nouvelle tendance forte de l’externalisation, vient apporter de nouvelles possibilités et apporter des réponses concrètes aux enjeux du marché. Leur positionnement indépendant par rapport aux prestataires traditionnels libère des potentiels très significatifs en termes d’optimisation, de réactivité, d’achat, de pilotage fin, de mutualisation et de gestion de crise.

 

Tribune rédigée par Jean-Marie Mascarenhas, Président du groupe Interlog

 

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