L'hôpital israélien utilise la reconnaissance faciale pour identifier les morts et les blessés de la guerre du Hamas

Lorsque les familles envoient des photos de leurs proches disparus, la technologie de Corsight AI vérifie les correspondances avec les images des patients. Le bilan de l’attaque du Hamas contre les villes israéliennes proches de la frontière de Gaza s’élève désormais à plus de 1 000 morts et au moins 2 700 Israéliens ont été blessés, ce qui a entraîné un afflux de victimes dans les hôpitaux locaux.

Le centre médical Soroka, situé à Beer-Sheva, à l’est de Gaza, utilise désormais la reconnaissance faciale pour aider les familles à retrouver leurs proches disparus.

Le logiciel est capable de prendre l’image d’une personne, y compris de celles dont les traits ont été marqués par un traumatisme physique, et de trouver une correspondance parmi les photos envoyées par les membres de la famille concernés, selon Ofer Ronen, vice-président exécutif du développement mondial de Corsight AI, qui fournit gratuitement la technologie à l’hôpital.

Selon M. Ronen, l’entreprise a contacté un médecin de Soroka qui avait publié un message sur Facebook indiquant que l’hôpital avait été inondé d’appels de parents essayant de retrouver des membres de leur famille disparus. L’hôpital a ensuite ouvert un compte de messagerie dédié aux familles pour qu’elles envoient volontairement les photos de leurs proches disparus afin qu’elles puissent être comparées aux images des patients, a expliqué M. Ronen à Forbes. « En un temps relativement court, nous avons pu rassurer les familles », a-t-il ajouté.

Bien que l’hôpital Soroka n’ait pas répondu à une demande de commentaire au moment de la publication, Forbes a confirmé auprès d’un employé de l’hôpital que la technologie était en service.

Ce n’est pas la première fois que la reconnaissance faciale est utilisée pour identifier des personnes blessées ou tuées en temps de guerre. L’année dernière, Forbes a rapporté que l’Ukraine utilisait un logiciel de la société new-yorkaise controversée Clearview AI pour identifier les soldats russes décédés. L’objectif était toutefois de montrer aux proches en Russie ce que l’invasion de Poutine avait provoqué, dans le cadre de la guerre de l’information menée par l’Ukraine.

Corsight AI affirme que sa technologie est capable de déterminer l’identité d’une personne à partir d’une vue partielle de son visage. Au moment même où le Covid-19 éclatait, en 2020, Corsight AI a annoncé un financement de démarrage de 5 millions de dollars (4,7 millions d’euros), affirmant pouvoir identifier une personne derrière un masque ou des lunettes de protection. La société prétend également travailler sur une technologie capable de prendre l’ADN d’une personne et de créer une image numérique de son visage pour la faire passer dans une base de données de reconnaissance faciale, bien que des experts aient affirmé que cela serait scientifiquement indéfendable, comme l’a rapporté la MIT Technology Review l’année dernière.

Corsight AI avait déjà proposé le même système au gouvernement turc après le tremblement de terre qui a fait 50 000 morts au début de l’année, bien qu’une solution différente ait été choisie dans ce cas. Après cette catastrophe, les médias locaux ont rapporté que la reconnaissance faciale avait permis de réunir les enfants qui n’étaient pas accompagnés au moment du tremblement de terre avec leurs parents.

Fondée en 2019, Corsight AI est une filiale du groupe Cortica, une entreprise d’intelligence artificielle fondée en 2007. Corsight AI est soutenue par AWZ Ventures, une société basée à Toronto, au Canada, qui a investi dans un certain nombre d’entreprises de surveillance et dont les partenaires et les conseillers comprennent d’anciens agents de renseignement et des politiciens. Parmi eux figurent l’ancien premier ministre canadien Stephen Harper, partenaire d’AWZ, et l’ancien directeur de la CIA James Woolsey, conseiller stratégique de la société.

La direction de Corsight AI compte également d’anciens responsables du renseignement et de la sécurité. Son directeur de la protection de la vie privée a été pendant sept ans commissaire aux caméras de surveillance pour le ministère de l’intérieur du Royaume-Uni. Son vice-président chargé de la recherche a été officier de guerre cybernétique pour l’armée de l’air israélienne.

Article traduit de Forbes US – Auteur : Thomas Brewster